-
Pardon de vous avoir tant fait attendre Votre
Majesté
dis-je comme Will me l'avait enseigné.
-
Tu es toute pardonnée. Tu viens d'arriver et je sais qu'il y a
beaucoup de choses
à découvrir ici pour toi. Je suis ravie
que tu aies
passé une tenue plus locale.
-
Toutes ces robes sont vraiment superbes.
-
Elles sont cousues
par notre équipe de couturières particulières.
-
Elles sont vraiment douées, je ne suis même pas capable de recoudre
un bouton sans demander de l'aide à ma mère...désolée, dis-je
aussitôt, très confuse.
-
Oui ce
sont des confectionneuses exceptionnelles. Et ne soit pas désolée,
car Sarah a toujours été comme une mère pour toi, je lui serai
toujours reconnaissante d'avoir fait de toi la jeune femme charmante
que tu es.
-
J'ai l'impression que tu n'es pas très à l'aise.
-
Pour être franche, quelque chose me tracasse.
-
Veux-tu m'en parler ?
-
Je...je ne sais pas si je peux.
-
Tu peux tout me dire mais je comprends
que tu sois réticente. Tu le feras quand tu seras prête ce n'est
pas grave.
-
Malheureusement le temps n'est pas de mon côté.
-
Je te vois bien attristée par ce qui te ronge. Raconte-moi.
-
En fait, c'est au sujet de Len.
-
Len ?
-
Pardon, de Lewën.
-
Je vois. Qu'est ce qui te tracasse vraiment au sujet de ce jeune
protecteur ?
-
Je pense que vous le savez déjà.
-
Effectivement, je ne vais pas te cacher que deux ou trois choses
m'ont été dites mais j'aimerais t'entendre toi.
-
Jamais je n'ai rencontré quelqu'un comme lui. Je l'aime vraiment
vous comprenez ?
-
Je comprends
mais tu es bien jeune, comment peux-tu en être aussi certaine ?
Qu'est-ce qui te fait dire que ton protecteur est celui à qui tu
dois t'unir ?
-
Je le sens au fond de moi. Sa voix me réconforte, son contact
m'apaise, son absence m'angoisse. J'ai continuellement peur qu'on me
le prenne. Je ne survivrai
pas à une telle séparation. J'ai bien failli
mourir après la mort de mon père, enfin, quand nous le croyons
mort. Mes sentiments pour Lewën sont cent fois plus forts encore.
Le perdre serait comme me perdre moi-même.
-
Je vois. Et lui, que ressent-il ? Le sais-tu ?
-
Je suis certaine qu'il m'aime.
-
Te l'a-t-il dit ? Prouvé ?
-
Oui, il me l'a dit, il m'a juré un amour éternel et il me le prouve
chaque jour en risquant tout pour être avec moi. Il m'a sauvé à
deux reprises, sans lui je ne serais pas là mais unie
à un lutin.
-
Je dois dire que ce jeune protecteur prend son rôle très à cœur.
-
Je ne souhaite qu'une chose ;
que
vous nous autorisiez à nous unir. Laissez-nous
une chance de vous prouver que nous sommes faits
l'un pour l'autre.
-
J'entends ce que tu me demandes
mais tu comprendras qu'il me faut y réfléchir. Ce n'est pas une
décision à prendre à la légère. T'unir sera mon dernier rôle en
tant que reine. Je vous lèguerai
le royaume, ce sera à toi et à ton roi de veiller sur vos sujets.
T'unir à un protecteur n'est vraiment pas le scénario le plus
simple. Connais-tu l'histoire de la princesse Aloïse et d'Edwin,
son protecteur ?
-
Will me l'a racontée.
-
Il a bien fait. Il faut vraiment que tu comprennes comment ces jeune
gens deviennent protecteurs.
Dès leur plus jeune âge,
ils
ressentent
le besoin de rejoindre la formation. Tu comprends, c'est un gêne qui
est au fond d'eux, devenir protecteur est instinctif.
-
Je comprends.
-
Tu comprendras aussi que même s'il t'aime sincèrement, et je n'en
doute pas, il ressentira le besoin d'accomplir sa mission, de faire
ce pour
quoi
il est né,
de partir avec les autres pour protéger le royaume.
-
Je comprends
mais je vous assure qu'il m'aime. Il m'a juré que jamais il ne
m'abandonnerait. Et puis il n'y a plus de guerre, il ne risque pas
d'être tué lors d'une mission. Il pourrait partir de temps à
autre, juste de temps en temps et pas à chaque fois.
-
La paix entre notre peuple et celui des lutins est comme un fil très
fin, il menace de se rompre à tout moment.
-
Lewën resterait avec moi, j'en suis certaine.
-
Tu es bien sûre
de son amour, je trouve ça touchant.
-
Mais ?
-
Il n'y a pas de mais...pas pour le moment. Je vais réfléchir et je
vous ferai
part
de ma décision ensuite. En attendant, je compte sur vous pour ne pas
aggraver la situation.
-
Comment ça ?
-
Et bien, vous pouvez vous voir, vous balader, votre lien étant déjà
créé, je vous autorise à vous embrasser, mais pas plus, vous ne
devez pas avoir de relation plus poussée
ensemble pour le moment. Je tiens à la tradition. Et si votre union
est refusée, je ne voudrais pas que ce soit plus dur que ce le sera
déjà avec votre lien.
-
D'accord. Je vous en fais la promesse.
-
Tu sais que la promesse royale doit être tenue
à tout prix ?
-
Oui et je la tiendrai.
-
Je te fais confiance.
-
Je peux vous demander autre chose ?
-
Évidement.
-
Si...dans le cas où vous refuseriez notre union, et croyez-moi
je prie
pour que ce ne soit pas le cas, je voudrais que Lewën puisse
poursuivre sa vie comme s'il ne s'était rien passé entre nous.
-
Que me demandes-tu exactement ?
-
Je voudrais qu'il garde votre respect, votre confiance. Je souhaite
qu'il ne soit pas puni.
-
Très bien.
-
C'est une promesse ?
-
Je te promets
de réfléchir
sérieusement à votre union et que,
dans le cas où celle-ci serait refusée,
Lewën, ton protecteur sera libre de ses choix et ne sera pas puni.
-
Merci, lui dis-je en me jetant dans ses bras.
-
Ma petite fille...murmura-t-elle doucement.
-
Que Vos
Majestés
me pardonnent,
mais on vous demande ma reine.
-
Très bien, j'arrive. Johanna, je te retrouve tout à l'heure pour le
dîner.
Je te remercie de ta franchise et te promets
de réfléchir sincèrement à ta demande.
Je restai un instant de plus à regarder tout autour de moi en m'asseyant sur le banc de pierre. Des papillons de toutes les couleurs virevoltaient dans tous les sens, passant de fleur en fleur. L'un d'eux se posa sur mon genou, ouvrant et refermant ses ailes. J'avais l'impression qu'il me faisait des clins d'œil de par les dessins de ses ailes. De grands ronds noirs et bleus formaient comme de grands yeux sur ses ailes rouges et blanches. Il était vraiment magnifique.
-
Paon du jour, me dit une voix.
- Qu'as-tu dis ?
- Ce papillon, c'est un paon du jour, un papillon de la famille des Nymphalidae.
- Je ne savais pas que tu t'y connaissais en papillon.
- Je connais quelques noms, rit-il. Je peux m'asseoir ?
- Oui.
Le mouvement de Len fit s'envoler l'insecte.
- Désolé me dit-il dans un murmure dans le creux de mon oreille avant de déposer un baiser sur ma joue.
- Ne le sois pas. Je suis heureuse que tu sois là.
Il me sourit.
- Comment s'est passée ta rencontre avec notre reine ?
- Je dirais plutôt bien. Nous avons discuté de toi et moi.
- Oh.
- La reine m'a promis de réfléchir à notre union. Tu crois qu'elle le fera vraiment ?
- Si elle t'en a fait la promesse, oui, elle le fera.
- Elle m'en a fait la promesse oui.
- C'est donc une bonne chose. Enfin, je pense.
- Elle n'exige qu'une chose de nous en attendant qu'elle prenne sa décision.
- Laquelle ?
- Que nous n'allions pas plus loin que ça dis-je en déposant mes lèvres sur les siennes avec douceur.
Il m'attira sur ses genoux.
- Tu as eu l'autorisation que je fasse ça ? Demanda-t-il en m'embrassant plus fougueusement. Et ai-je le droit de faire ceci ? Demanda-t-il encore en m'embrassant dans le cou, provoquant des milliers de fourmillements dans tout mon corps.
Je hochai la tête, incapable de parler.
- Tu es incroyable Johanna.
- C'est toi qui es incroyable.
- Ce n'est pas moi qui ai obtenu le droit de te fréquenter jusqu'à décision finale.
- Tu crois qu'elle peut approuver notre union ?
- Je crois que tu as fait tout ce qu’il était possible, alors ne te tortures pas et attendons.
Lewën se leva sans me déposer et me porta comme une mariée jusqu'à ma chambre. Nous ne croisâmes personne. Une fois dans mes appartements, il me déposa sur mon lit et s'allongea près de moi. Je me blottis contre lui et enfouis mon visage dans son cou alors que de sa main il me caressait les cheveux s'attardant parfois sur ma joue.
- Lewën ?
- Chut, repose-toi.
- Juste une chose avant.
- Je t'écoute.
- Je t'aime, lui dis-je en l'embrassant dans le cou.
- Je t'aime aussi.
- Tu ne me quitteras jamais, n'est-ce pas ?
- Je serai toujours là pour toi.
Il déposa son menton sur ma tête et me serra. Bercée par le rythme régulier de sa respiration, je m'endormis un peu plus sereine d'avoir exposé mon point de vue à la reine.
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