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4 août 2012

Chapitre 22






- Pardon de vous avoir tant fait attendre Votre Majesté dis-je comme Will me l'avait enseigné.

- Tu es toute pardonnée. Tu viens d'arriver et je sais qu'il y a beaucoup de choses à découvrir ici pour toi. Je suis ravie que tu aies passé une tenue plus locale.

- Toutes ces robes sont vraiment superbes.

- Elles sont cousues par notre équipe de couturières particulières.

- Elles sont vraiment douées, je ne suis même pas capable de recoudre un bouton sans demander de l'aide à ma mère...désolée, dis-je aussitôt, très confuse.

- Oui ce sont des confectionneuses exceptionnelles. Et ne soit pas désolée, car Sarah a toujours été comme une mère pour toi, je lui serai toujours reconnaissante d'avoir fait de toi la jeune femme charmante que tu es.

Je lui souris, ne sachant quoi dire.

- J'ai l'impression que tu n'es pas très à l'aise.

- Pour être franche, quelque chose me tracasse.

- Veux-tu m'en parler ?

- Je...je ne sais pas si je peux.

- Tu peux tout me dire mais je comprends que tu sois réticente. Tu le feras quand tu seras prête ce n'est pas grave.

- Malheureusement le temps n'est pas de mon côté.

- Je te vois bien attristée par ce qui te ronge. Raconte-moi.

- En fait, c'est au sujet de Len.

- Len ?

- Pardon, de Lewën.

- Je vois. Qu'est ce qui te tracasse vraiment au sujet de ce jeune protecteur ?

- Je pense que vous le savez déjà.

- Effectivement, je ne vais pas te cacher que deux ou trois choses m'ont été dites mais j'aimerais t'entendre toi.

- Jamais je n'ai rencontré quelqu'un comme lui. Je l'aime vraiment vous comprenez ?

- Je comprends mais tu es bien jeune, comment peux-tu en être aussi certaine ? Qu'est-ce qui te fait dire que ton protecteur est celui à qui tu dois t'unir ?

- Je le sens au fond de moi. Sa voix me réconforte, son contact m'apaise, son absence m'angoisse. J'ai continuellement peur qu'on me le prenne. Je ne survivrai pas à une telle séparation. J'ai bien failli mourir après la mort de mon père, enfin, quand nous le croyons mort. Mes sentiments pour Lewën sont cent fois plus forts encore. Le perdre serait comme me perdre moi-même.

- Je vois. Et lui, que ressent-il ? Le sais-tu ?

- Je suis certaine qu'il m'aime.

- Te l'a-t-il dit ? Prouvé ?

- Oui, il me l'a dit, il m'a juré un amour éternel et il me le prouve chaque jour en risquant tout pour être avec moi. Il m'a sauvé à deux reprises, sans lui je ne serais pas là mais unie à un lutin.

- Je dois dire que ce jeune protecteur prend son rôle très à cœur.

- Je ne souhaite qu'une chose ; que vous nous autorisiez à nous unir. Laissez-nous une chance de vous prouver que nous sommes faits l'un pour l'autre.

- J'entends ce que tu me demandes mais tu comprendras qu'il me faut y réfléchir. Ce n'est pas une décision à prendre à la légère. T'unir sera mon dernier rôle en tant que reine. Je vous lèguerai le royaume, ce sera à toi et à ton roi de veiller sur vos sujets. T'unir à un protecteur n'est vraiment pas le scénario le plus simple. Connais-tu l'histoire de la princesse Aloïse et d'Edwin, son protecteur ?

Je hochai la tête.

- Will me l'a racontée.

- Il a bien fait. Il faut vraiment que tu comprennes comment ces jeune gens deviennent protecteurs. Dès leur plus jeune âge, ils ressentent le besoin de rejoindre la formation. Tu comprends, c'est un gêne qui est au fond d'eux, devenir protecteur est instinctif.

- Je comprends.

- Tu comprendras aussi que même s'il t'aime sincèrement, et je n'en doute pas, il ressentira le besoin d'accomplir sa mission, de faire ce pour quoi il est né, de partir avec les autres pour protéger le royaume.

- Je comprends mais je vous assure qu'il m'aime. Il m'a juré que jamais il ne m'abandonnerait. Et puis il n'y a plus de guerre, il ne risque pas d'être tué lors d'une mission. Il pourrait partir de temps à autre, juste de temps en temps et pas à chaque fois.

- La paix entre notre peuple et celui des lutins est comme un fil très fin, il menace de se rompre à tout moment.

- Lewën resterait avec moi, j'en suis certaine.

- Tu es bien sûre de son amour, je trouve ça touchant.

- Mais ?

- Il n'y a pas de mais...pas pour le moment. Je vais réfléchir et je vous ferai part de ma décision ensuite. En attendant, je compte sur vous pour ne pas aggraver la situation.

- Comment ça ?

- Et bien, vous pouvez vous voir, vous balader, votre lien étant déjà créé, je vous autorise à vous embrasser, mais pas plus, vous ne devez pas avoir de relation plus poussée ensemble pour le moment. Je tiens à la tradition. Et si votre union est refusée, je ne voudrais pas que ce soit plus dur que ce le sera déjà avec votre lien.

- D'accord. Je vous en fais la promesse.

- Tu sais que la promesse royale doit être tenue à tout prix ?

- Oui et je la tiendrai.

- Je te fais confiance.

- Je peux vous demander autre chose ?

- Évidement.

- Si...dans le cas où vous refuseriez notre union, et croyez-moi je prie pour que ce ne soit pas le cas, je voudrais que Lewën puisse poursuivre sa vie comme s'il ne s'était rien passé entre nous.

- Que me demandes-tu exactement ?

- Je voudrais qu'il garde votre respect, votre confiance. Je souhaite qu'il ne soit pas puni.

- Très bien.

- C'est une promesse ?

- Je te promets de réfléchir sérieusement à votre union et que, dans le cas où celle-ci serait refusée, Lewën, ton protecteur sera libre de ses choix et ne sera pas puni.

- Merci, lui dis-je en me jetant dans ses bras.

Elle m'enveloppa et me serra contre elle. Je ne savais pas ce qui m'avait poussée à tant de familiarité avec cette femme mais je me sentais inexplicablement bien contre elle. Elle déposa un baiser sur mon front et m'écarta doucement d'elle.

- Ma petite fille...murmura-t-elle doucement.

Nous restâmes un long moment à nous regarder sans rien dire. Un homme vêtu de rouge arriva.

- Que Vos Majestés me pardonnent, mais on vous demande ma reine.

- Très bien, j'arrive. Johanna, je te retrouve tout à l'heure pour le dîner. Je te remercie de ta franchise et te promets de réfléchir sincèrement à ta demande.

Elle déposa un dernier baiser sur le sommet de ma tête et s'éloigna avec grâce, ses longues boucles rebondissant dans son dos.
Je restai un instant de plus à regarder tout autour de moi en m'asseyant sur le banc de pierre. Des papillons de toutes les couleurs virevoltaient dans tous les sens, passant de fleur en fleur. L'un d'eux se posa sur mon genou, ouvrant et refermant ses ailes. J'avais l'impression qu'il me faisait des clins d'œil de par les dessins de ses ailes. De grands ronds noirs et bleus formaient comme de grands yeux sur ses ailes rouges et blanches. Il était vraiment magnifique.

- Paon du jour, me dit une voix.

Je levais les yeux et vis Lewën s'approchant de moi.



- Qu'as-tu dis ?



- Ce papillon, c'est un paon du jour, un papillon de la famille des Nymphalidae.



- Je ne savais pas que tu t'y connaissais en papillon.



- Je connais quelques noms, rit-il. Je peux m'asseoir ?



- Oui.



Le mouvement de Len fit s'envoler l'insecte.



- Désolé me dit-il dans un murmure dans le creux de mon oreille avant de déposer un baiser sur ma joue.



- Ne le sois pas. Je suis heureuse que tu sois là.



Il me sourit.



- Comment s'est passée ta rencontre avec notre reine ?



- Je dirais plutôt bien. Nous avons discuté de toi et moi.



- Oh.



- La reine m'a promis de réfléchir à notre union. Tu crois qu'elle le fera vraiment ?



- Si elle t'en a fait la promesse, oui, elle le fera.



- Elle m'en a fait la promesse oui.



- C'est donc une bonne chose. Enfin, je pense.



- Elle n'exige qu'une chose de nous en attendant qu'elle prenne sa décision.



- Laquelle ?



- Que nous n'allions pas plus loin que ça dis-je en déposant mes lèvres sur les siennes avec douceur.



Il m'attira sur ses genoux.



- Tu as eu l'autorisation que je fasse ça ? Demanda-t-il en m'embrassant plus fougueusement. Et ai-je le droit de faire ceci ? Demanda-t-il encore en m'embrassant dans le cou, provoquant des milliers de fourmillements dans tout mon corps.



Je hochai la tête, incapable de parler.



- Tu es incroyable Johanna.



- C'est toi qui es incroyable.



- Ce n'est pas moi qui ai obtenu le droit de te fréquenter jusqu'à décision finale.



- Tu crois qu'elle peut approuver notre union ?



- Je crois que tu as fait tout ce qu’il était possible, alors ne te tortures pas et attendons.



Lewën se leva sans me déposer et me porta comme une mariée jusqu'à ma chambre. Nous ne croisâmes personne. Une fois dans mes appartements, il me déposa sur mon lit et s'allongea près de moi. Je me blottis contre lui et enfouis mon visage dans son cou alors que de sa main il me caressait les cheveux s'attardant parfois sur ma joue.



- Lewën ?



- Chut, repose-toi.



- Juste une chose avant.



- Je t'écoute.



- Je t'aime, lui dis-je en l'embrassant dans le cou.



- Je t'aime aussi.



- Tu ne me quitteras jamais, n'est-ce pas ?



- Je serai toujours là pour toi.



Il déposa son menton sur ma tête et me serra. Bercée par le rythme régulier de sa respiration, je m'endormis un peu plus sereine d'avoir exposé mon point de vue à la reine.

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