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22 juillet 2012

Chapitre 20




Alors que nous approchions tous les trois plus soudés que jamais, un homme sortit de la voiture, côté conducteur, et vint à notre rencontre.

- Soyez la bienvenue princesse. Dit-il en s'inclinant.

- Euh...merci.

- Dis lui de se relever sinon nous y sommes encore demain. Me chuchota à l'oreille Lewën dont la main n'avait pas quitté la mienne.

- Relevez-vous. Dis-je simplement, ignorant de quelle manière je devais m'adresser à lui.

- Suivez-moi. Dit-il après s'être redressé.

Nous le suivîmes jusqu'à la voiture. Il m'ouvrit la portière et attendit que nous montions tous avant de la refermer et de s'installer derrière le volant.
L'intérieur de la voiture était vraiment très luxueux, tout en cuir noir et chrome. Les vitres étaient teintées mais nous permettaient de voir tout de même au travers. Will me briffa rapidement sur la conduite que j'allais devoir tenir face à mes sujets. « Mes sujets » je croyais rêver. Il m'apprit que je devais inviter les gens à se relever après qu'ils se soient inclinés pour me prouver leur respect en utilisant une formule plus digne telle que : Vous pouvez vous relever. J'appris aussi que tout le monde était à mes ordres à l'exception de la reine qui se trouvait au-dessus de moi et à qui je devais respect et obéissance. Même mon père se trouvait un rang en-dessous de moi. Will m'expliqua que c'était parce que dans notre royaume, les femmes étaient au pouvoir et que c'étaient elles qui prenaient pour l'union l'homme de leur choix.

- Pas n'importe lequel. S'empressa-t-il d'ajouter devant mon sourire intéressé.

- Lewën n'est pas n'importe qui ! M'exclamai-je aussitôt. Et crois-moi qu'ils vont devoir accepter notre union ou bien il va leur falloir se trouver une autre princesse.

La voiture fit une embardée. J'avais dû choquer le chauffeur. Pauvre homme pensai-je, il n'a pas fini d'être pris au dépourvu avec moi, ni les autres d'ailleurs.

- S'ils me veulent comme princesse, ceci sera ma condition et elle sera non négociable, ajoutai-je.

Lewën resserra l'étreinte de ses doigts. Je lui souris et me concentrai sur le protocole qu'essayait de m'enseigner son frère.
Me tenir droite, souriante, utiliser le vouvoiement, Votre Majesté ou encore mère pour m'adresser à la reine. Là il pouvait toujours rêver, il était hors de question que j'appelle cette femme mère même si je savais à présent qu'elle était ma génitrice.

- Oui ben elle aura droit à Votre Majesté et rien de mieux ! Pour moi, elle n'est pas ma mère.

Nouvelle embardée. Il serait préférable qu'il conduise au lieu d'écouter notre conversation ce conducteur. Lewën esquissa un petit sourire en coin en m'entendant souffler contre la conduite de notre chauffeur. Je ferais peut-être mieux de me taire si je souhaitais qu'on arrive entiers.

- Pourtant, tu es de son sang. Me lança Will.

Voulait-il vraiment m'énerver avant qu'on arrive ?

- Si tu le dis. Et comment dois-je appeler mon père ? Le traître ?

- Père serait bien m'informa Will secoué par la conduite de notre conducteur un peu trop curieux.

- Je ferai un effort dis-je un grand sourire forcé sur les lèvres.


- Vous apprenez vite princesse railla-t-il en s'apercevant de la supercherie. Un tout petit peu plus réaliste et ce sera parfait.

- Il plaisante ? Demandai-je à Lewën qui malgré sa proximité me semblait à des kilomètres de moi.

- Pardon ? Tu disais quoi ? Me demanda-t-il de retour parmi nous.

- Qu'y a-t-il ?

- Rien, tout va bien. Me répondit-il sans enthousiasme.

- Len, ne recommence pas. Lui dis-je avec tendresse.

- Je m'inquiète des ennuis que je pourrais t'apporter si tu t'entêtes à vouloir me garder près de toi.

- Ne t'en fais pas pour ça, que veux-tu qu'ils me fassent ? Je suis l'héritière non ?

- Oui mais...

- Tu ne me feras pas changer d'avis, le coupai-je.

Je déposai ensuite mes lèvres sur les siennes et l'embrassai avec passion. Le chauffeur donna un coup de volant qui nous sépara brutalement. C'en était trop.

- Pourriez-vous vous concentrer sur la route plutôt que sur notre conversation ou c'est trop demander ? Lançai-je froidement en direction du chauffard qui devait nous conduire jusqu'à l'entrée du royaume.

- Pardon princesse bredouilla-t-il.

- Et bien, Len, tu vois ce qui t'attend ! Elle apprend très vite notre future reine. Lui lança Will en souriant.

Lui aussi voulait que son frère refasse surface et se décontracte un peu.
Lewën le regarda un court moment avec sérieux puis finit par lui sourire.

- Elle pourrait devenir autoritaire ou même exiger tout ce qu'elle voudrait que je ne l'en aimerais pas moins.

Je lui souris avec amour et me blottis tout contre lui.

- Y a-t-il autre chose que je dois savoir avant qu'on arrive ? Demandai-je à Will.

- Non, le reste vous l'apprendrez en temps voulu.

- Tu ne pourrais pas me tutoyer sérieusement ? Je serais bientôt ta belle-sœur ajoutai-je en jetant un regard sombre vers l'avant. Mais la voiture ne s'écarta pas de la route cette fois. Visiblement, je n'étais pas la seule à apprendre vite. J'enfouis ma tête dans le creux du cou de Lewën et tentai de me reposer un peu tout en inspirant son parfum et en me laissant bercer par les mouvements de sa respiration.
Ce n'est qu'en sentant les lèvres chaudes de Lewën sur mon front que je m'aperçus que je m'étais endormie et que nous étions arrivés.
Je regardai par la fenêtre et fus surprise, le paysage ressemblait beaucoup à celui de chez moi. Nous étions garés sur un petit parking en lisière de forêt. Le paysage n'avait rien de féérique comme je me l'étais imaginé.

- On est arrivé ?

- Pas tout à fait, il nous faut marcher un peu maintenant. Veux-tu que je te porte ?

- Non, ne t'en fais pas je vais marcher.

Nous descendîmes, le chauffeur prit ma valise avant de fermer la voiture et nous nous dirigeâmes vers les bois. Alors qu'ils passaient tous la première rangée d'arbres, je restai figée devant. Lewën s'en aperçus et vint vers moi. Il me tendit la main. J'hésitai à la prendre.

- Ne t'en fais pas, tu ne risques rien ici.

- Comment sais-tu que j'ai peur ?

- Le lien Johanna, il est plus fort, ne le sens-tu pas ?

Je secouai la tête. J'étais tellement inquiète de la tournure qu'allaient prendre les choses que je n'avais pas fait attention. Je pris le temps de respirer un bon coup et effectivement, je pus constater que les émotions de Lewën me parvenaient.

- Je te ressens dis-je émue par ce qui me parvenait.

- Et moi je te ressens.

- Tu as peur toi aussi !

- Ce n'est pas vraiment de la peur, plutôt de l'appréhension et j'aurais préférer la garder pour moi. Dit-il.

- Ce sera toujours comme ça à présent ?

- Non, ce sera de plus en plus fort.

- Je trouve ça génial.

- Et moi je suis partagé.

- Pourquoi ?

- Parce que d'un côté je vais pouvoir savoir quand tu as peur, quand tu es en danger ou quand tu es bien, heureuse mais de l'autre côté, je vais partager avec toi mes angoisses.

- Et je pourrai te soutenir. Nous sommes deux, rappelle-toi de ça.

Il me sourit. Je pris la main qu'il me tendait toujours et nous nous avançâmes ensemble à travers les bois. Nous dûmes marcher pendant environ une demi-heure, peut-être un peu plus dans une forêt sombre où le soleil avait du mal à percer quand nous nous arrêtâmes.
Je lançai un regard tout autour de moi, interdite, me demandant pourquoi nous nous arrêtions ici, en plein milieu des arbres. Le chauffeur posa ma valise et me salua en s'inclinant.



-Vous pouvez vous relever dis-je en appliquant les conseils de Will.



L'homme obéit et tourna les talons avant de s'enfoncer à nouveaux à travers les arbres.



- Prête ? Lança Will



- Non mais ai-je le choix ?

- Pas vraiment.

- Tu nous laisses un moment Will lui demanda son frère.

- Pas de soucis. Tu pourras la faire traverser seul ?

- Oui, je pense.

- Ok. Je vous attends de l'autre côté.

Will prit mes affaires, avança confiant de quelques pas et disparut en une fraction de seconde. Je regardai Lewën prise d'une angoisse.

- Il va bien ! Il est passé.

- Il a disparu.

- C'est normal, l'entrée du royaume est juste là. Elle est dissimulée par un sort qui évite aux intrus d'y passer.

- Est-ce douloureux de passer ?

- Non, sourit-il. Ne t'inquiète pas, tu vas voir comme ton royaume est merveilleux. Une fois là-bas, tu ne voudras plus en repartir.

- Pourtant tu en repars toi !

- Quand j'en ai l'ordre ou...

- Ou ?

- Ou pour te retrouver.

- On y va alors !

- Une dernière chose.

Je ressentis immédiatement le malaise que ressentait Lewën.

- Qui y a-t-il ?

- Je veux que tu me promettes que peu importe ce qu'il se passe une fois de l'autre côté, tu n'abandonneras pas ton peuple. Ne fais rien qui puisse te mettre en danger non plus.

- La seule promesse que je peux te faire, c'est que peu importe ce qui va se passer une fois là-bas je ne t'abandonnerai pas.

- Jo...

- Je ne veux rien entendre de plus. Jamais je n'accepterai d'être séparée de toi, tu m'entends ? Peu importe ce qu'il peut m'arriver tu es ce que j'ai maintenant.

- Johanna.

- Non Len. Même si tu baisses les bras, je me battrai pour nous. Je serai assez forte pour deux.

- Je ne t'abandonnerai jamais mon amour.

- Alors allons-y et montrons leur combien notre lien est puissant.

- Ok.

Il fit un pas mais je le rattrapai pour l'embrasser et unir mes doigts aux siens. Nous marchâmes d'un même pas et passâmes ensemble de l'autre côté.
Je fus d'abord stupéfaite par la luminosité les lieux. Il y avait toujours quelques arbres, mais plus autant que dans la forêt. Face à nous, un lac qui étincelait par les rayons que le soleil projetait dessus. Mon extase fut vite interrompue lorsque deux hommes m'arrachèrent Lewën. Ils avaient chacun une main sur le manche d'une épée et le maintenaient alors qu'il se débattait. Deux autres tenaient Will qui hurlait qu'on lâche son frère.



- Lâchez-les ! Hurlai-je.



- Nous avons des ordres princesse.



- Et moi je vous en donne un autre. Lâchez-les immédiatement vous m'entendez !



- Nous ne pouvons pas.



- Lâchez-les où je repars.



Les hommes se lancèrent des regards interrogatifs ne sachant pas vraiment quoi faire.



- Ils ne vont pas s'enfuir, lâchez-les insistai-je.



Les hommes finirent par obéir et je me jetai aussitôt dans les bras de Lewën qui m'enveloppa aussitôt.



- Tu es folle. Me chuchota-t-il à l'oreille.



- Oui, de toi. Je t'ai fait une promesse, je la tiendrai.



- Que se passe-t-il ici ? s'écria une voix que je connaissais que trop bien, venant de derrière nous.



Je me retournai sans pour autant détacher ma main de celle de Len et me retrouvai face à face avec cet homme, grand, aux mêmes yeux que moi et aux cheveux grisonnants, mon père.



- La princesse...Commença l'un des gardes.



- Silence ! Le coupa-t-il froidement.



J'en eus des frissons dans le dos. Avait-il pu tellement changer entre le jour où il nous avait quittées et celui de nos retrouvailles ? Comment un homme si gentil, attentionné, câlin avait-il pu devenir si froid, si distant ? Avait-il changé ou m'avait-il menti toute ma vie ?



- Johanna, chérie je suis si content de...



Il s’interrompit tout seul devant ma réticence.



- Johanna, c'est moi, c'est papa.



- Tu...commençai-je avant de me raviser.



Mon but était de protéger Lewën alors autant ne pas me mettre mon père à dos.



- Bonjour lui dis-je simplement.



- Bonjour chérie. Bonjour Will, bonjour...



Il hésita.



- Lewën, il s'appelle Lewën.



- Je sais. C'est juste qu'il devrait déjà être enfermé dans sa chambre en attendant son audience. Me dit-il. Pourquoi cela n'est-il pas fait ? demanda-t-il ensuite aux gardes.



- La princesse...commença l'un d'eux.



- C'est moi ! Je refuse que Lewën et moi soyons séparés.



- Johanna, tu ne connais rien de nos lois, s'il te plaît, n'aggraves pas la situation.



- C'est là que tu te trompes. Lui lançai-je aussi sèchement que je le pus. Mais toi tu ignores quelque chose, je l'ai choisi, je l'aime dis-je en le regardant droit dans les yeux alors que Len me serrait les doigts tellement fort qu'il m'en faisait presque mal.



Je le sentais très stressé mais une part de fierté se battait avec son stress.



- Très bien, je te reconnais bien là ma petite fille, têtue comme pas possible. Et bien suivez-moi tous les trois, la reine t'attendait avec impatience, elle aura une entrevue groupée puisque tel est ton choix.



Nous le suivîmes à distance de quelques pas. Les garçons se tenaient de chaque côté de moi, droits comme des piquets, le visage fermé. Ma découverte des lieux ne se faisait pas vraiment comme je l'avais souhaité. J'aurais tellement voulu pouvoir visiter les alentours, qui me semblaient si beaux au bras de mon bien-aimé.



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