–
Non, non. Gémis-je.
–
Johanna,
je suis là. Me rassura Lewën en me serrant davantage
contre lui.
J'ouvris
de grands
yeux, soulagée et heureuse d'avoir son doux visage face à moi,
qu'il ne soit pas parti pendant mon sommeil. Je lui souris, me
forçant à mettre de côté
mon cauchemar.
–
Ça va ? Me demanda-t-il dans un
murmure.
–
Oui, lui répondis-je tout aussi
doucement.
–
Un mauvais rêve ?
Je
hochai
affirmativement la tête.
–
Tu
veux m'en parler ?
–
Tu...,
Je..., Tu étais parti, tu m'avais abandonnée
et Marin...
Je
fondis en larmes.
–
Chuttt...Viens là ma belle.
Dit-il en me blottissant contre lui.
Il
me fallut de longues minutes et une tonne de tendresse et de mots
apaisants
avant de parvenir à calmer mes sanglots.
–
Ne
me laisse plus. Lui lançai-je
le regard implorant. Plus jamais, ajoutai-je.
–
Plus jamais répéta-t-il avant
de m'embrasser doucement. Il faudra me tuer pour m'obliger à
m'éloigner de toi.
–
Ne dis pas ça, je ne
supporterais pas qu'il t'arrive quelque chose. De te perdre serait
insoutenable.
–
Tu ne me perdras pas.
–
Que va-t-on faire au sujet de mon
union ?
–
Toi
et moi, on est déjà unis
par un lien, et nos sentiments sont bien plus puissants qu'une simple
union. Nous avons le temps de réfléchir et de préparer tous nos
arguments avant que ton anniversaire n'arrive.
–
C'est bientôt.
–
Oui.
Ne t'en fais
pas, je trouverai
un moyen.
Je
hochai
la tête en lui souriant. J'étais prête à croire tout ce que Lewën
me disait du moment que nous étions ensemble.
–
Bon, mademoiselle, ce n'est pas
tout ça, mais il y a cours.
–
Pas
envie. Râlai-je.
–
Que voudrais-tu faire alors ?
–
J'aurais bien une idée mais...
–
Mais
quoi ? Dis-moi,
et j'exaucerai
ton vœu.
–
Vraiment ? Je peux tout te
demander ?
–
Tout.
Je suis bien trop heureux de t'avoir retrouvée.
–
Ok.
Je
remontai
un peu plus dans le lit et l'embrassai
tendrement, déposant une multitude de petits baisers sur ses lèvres,
son cou. Je laissai
remonter ma main sous son tee-shirt tout en le lui remontant pour lui
ôter.
–
À
quoi tu joues ? Me demanda-t-il dans un râle.
–
Tu
as dit
que je pouvais avoir tout ce que je voulais...
–
Mais...
–
Mais
quoi dis-je ? Tu me l'as dit
oui ou non ?
–
Oui mais...
–
Chuttt.
Je
le fis basculer sur le dos et me plaçai
à califourchon sur ses hanches avant d'achever de lui enlever son
tee-shirt. Alors que je m'étais réveillée en sursaut au cour de la
nuit, Lewën m'avait expliqué que ma mère dormirait pendant un bon
moment et qu'à son réveil, il lui ferait oublier toute cette
histoire. C'était d'ailleurs grâce à lui que je n'avais pas eu de
crise en rentrant. J'étais donc tranquille, et ne craignais
nullement qu'elle entre dans ma chambre pendant que je profitais du
corps sculptural
de
mon petit ami. Je jetai
son tee-shirt au pied du lit et ôtai
également celui que j'avais passé lors de mon réveil, me
retrouvant en culotte sous son regard espiègle. Lewën fit courir
ses mains le long de mes bras ce qui provoqua des milliers de
frissons sur ma peau nue. Je
me penchai
sur lui et l'embrassai
de plus bel. Il me rendait mes baisers, me comblant totalement.
J'avais gagné, il avait mis de côté ses réticences. Mes mains
découvraient avec douceur chaque parcelle de son torse parfaitement
musclé. Sa peau était si halée qu'on le croirait revenu d'un
séjour sous le soleil des tropiques. Sa peau était si douce, si
chaude. Il n'y avait pas une seule partie de lui que je ne désirais
pas. Alors
que je me redressais sous son regard plein de désir, mes mains se
dirigèrent avec tendresse vers sa ceinture. Mais alors qu'elles
allaient s'attaquer aux premiers boutons de son jeans, Lewën me fit
basculer se retrouvant par-
dessus moi, Un sourire charmeur sur les lèvres. Sa position
m'angoissa, me rappelant celle de Marin quelques heures plus tôt.
–
Ça ne va pas ? S'inquiéta-t-il.
–
Si, si mentis-je.
–
Tu es sûre ?
–
Certaine
dis-je redressant mon buste pour l'embrasser.
Il
reposa alors son corps contre le mien et m'embrassa dans le cou avec
avidité. Ses mains remontèrent de mes hanches, à ma taille, puis
le long de mes côtes
avant de s'arrêter sur mon épaule. Son regard passa du mien à ses
doigts qui exploraient ma peau frissonnante. Il fixa à nouveau ses
magnifiques
yeux aux
miens
et répondit à mon sourire. J'étais
bien, je me sentais en phase avec moi-même et avec Lewën. Comment
mon père et la reine pourraient-ils nous séparer ? Nous étions
vraiment faits l'un pour l'autre. Alors que nos baisers
s'intensifiaient, que nos caresses se faisaient plus audacieuses, le
portable de Lewën se mit à sonner. Il émit un petit grognement
mais n'interrompit pas ses baisers. Mais c'était sans compter sur
l'insistance de la personne qui cherchait à le joindre. Il se
tortilla et attrapa son téléphone dans sa poche de jeans avant de
se blottir à nouveau contre moi.
–
J'espère que tu as une bonne
raison de m'appeler. Cracha-t-il.
Je
ne pus entendre avec qui Lewën parlait mais il enchaîna ensuite
avec colère.
–
Quoi
! Mais ils ne peuvent pas faire ça ! Comment comptent-ils s'y
prendre pour la faire passer, ses pouvoirs ne sont même pas encore
actifs.
Lewën
me regardait, inquiet tout en continuant sa conversation. Il me
serrait si fort contre lui que je sentais
la tension qui s'emparait de lui. Quand il eut enfin raccroché, je
vis à son regard que l'heure n'était plus à nos ébats et que nous
allions devoir remettre nos projets à une prochaine fois.
–
Que
s'passe-t-il
? Lui demandai-je,
voyant qu'il ne desserrait pas les dents.
–
Une petite complication.
–
Laquelle
? Dis-moi.
–
La reine et ton père ont décidé
d'avancer ton retour au royaume.
–
Comment ça ?
–
Ils ont demandé à ce qu'on te
ramène dès aujourd'hui.
–
Mais ma mère ? Mes amis ?
–
Ils veulent que je m'en occupe.
–
Ils savent que tu es là !
–
Oui.
J'ai dû leur avouer que j'étais venu chez toi et que ta mère était
totalement paniquée
car tu étais sortie
et que tu n'avais pas donné de nouvelles
depuis plusieurs heures.
–
Qu'ont-ils
dit ?
–
Ils
ont dit qu'on
réglerait
ça plus tard, et m'ont averti qu'ils envoyaient des combattants afin
de te retrouver et de te mettre en sécurité.
–
Tu ne peux pas effacer la mémoire
de ma mère, je t'en supplie. Je ne veux pas qu'elle m'oublie.
–
Tu
préfères qu'elle te croit
disparue
et qu'elle s'inquiète ?
Johanna, c'est mieux pour elle.
Je
le fixais, les yeux remplis
de
larmes. Je savais que ce qu'il me disait était la meilleure
chose à faire. Mais comment m'y résigner ?
–
Laisse-moi
au moins lui dire adieu.
–
Pas de problème. Veux-tu que
l'on aille voir tes amis avant ?
–
Oui,
s'il te plaît.
Il
me sourit. Finalement, cette journée n'allait pas être si
merveilleuse que ça. Nous pensions avoir le temps de nous préparer
mais finalement nous allions être pris de cours. Je laissai
Lewën prendre sa douche dans ma salle de bain en premier pendant que
je descendais préparer le petit déjeuner. Nous avions raté la
première heure de cours et le temps que nous nous préparions tous
les deux, la seconde serait finie.
Une
fois qu'il fut à table avec moi, il me demanda à qui je voulais
faire mes adieux avant de partir.
–
Simplement
Méloé, Stella et maman.
–
D'accord.
Monte te doucher, et nous irons au lycée voir tes amies. Ta mère va
dormir toute la matinée, nous serons de retour avant qu'elle ne soit
debout.
Je
montai
les larmes aux yeux jusqu'à ma chambre où je pris un jeans, un
débardeur noir et un pull tunique de couleur rouge avant de
m'enfermer dans la cabine de douche. L'eau ruisselante, se mêlait à
mes pleurs masquant le bruit de mes sanglots. Je restai
longuement ainsi, à pleurer sans que personne ne puisse s'en rendre
compte. J'allais devoir dire adieu à celles que j'aimais le plus et
cela me brisait le cœur. Une
fois redescendue, nous marchâmes main dans la main jusqu'au centre
ville.
–
Pouvons-nous
passer au café des parents de Méloé avant de rejoindre les
filles ?
–
Oui.
Nous irons voir tous
ceux pour qui tu éprouves le besoin
d'un adieu.
La
clochette se fit entendre lorsque nous passâmes la porte d'entrée.
Il y avait peu de clients,
et ce n'était pas plus mal.
–
Johanna s'exclama la mère de
Méloé en nous voyant nous approcher de son bar. Tu n'es pas en
cours ?
–
Euh, non. Je ne me sentais pas
très bien ce matin.
–
Rien de grave j'espère.
–
Non, non.
–
Je vous sers quelque chose ?
–
Deux
cappuccinos
s'il te plaît.
–
Très bien, installez-vous à une
table.
Elle
nous servit nos deux tasses, qu'elle avait accompagnées
de deux petits
moelleux au
chocolat. Lewën et moi restâmes silencieux un long moment. Il
tenait ma main dans la sienne et m'apportait ainsi tout le courage
dont j'allais avoir besoin pour faire mes premiers adieux.
–
Nous devrions y aller. M'informa
doucement mon ami.
Nous
allâmes régler Ania au bar.
–
Bill
n'est pas là ?
–
Si, il prépare une commande. Tu
avais besoin de lui parler ?
–
Je..., euh...
–
Je
te l'appelle.
Ania
revint presque aussitôt, Bill sur les talons.
–
Hey, bonjour Jo. Tu sèches les
cours !
–
Non, je..., je n'étais pas bien
ce matin.
–
Tu voulais me parler ?
–
Je..., oui... C'est sans
importance dis-je finalement.
Je
me levai,
contournai
le bar et me jetai
dans leurs bras.
–
Ça ne va pas ma belle ?
S'inquiéta Bill.
–
Si,
si. Lui répondis-je avec un sourire forcé. On doit y aller. Prenez
soin de vous. Leur lançai-je
en faisant signe à Lewën que c'était
bon.
Il
me prit la main et nous sortîmes sous les regards surpris d'Ania et
Bill. Nous nous arrêtâmes juste devant la vitrine de leur café et
j'entendis Lewën dire quelques mots dans une langue qui m'était
inconnue.
Nous repartîmes aussitôt et prîmes la direction du lycée.
–
Alors ça y est ?
Il
me fit oui de la tête.
–
Ils
m'ont oubliée
à jamais.
–
Je suis désolé Johanna.
Je
réprimai
de
nouveaux pleurs et poursuivis
mon chemin accrochée
à son bras. Une fois devant la grille du lycée, nous attendîmes
qu'elle s'ouvre pour la fin des cours et entrâmes retrouver les
filles au réfectoire. Toutes
deux se jetèrent sur moi en nous voyant approcher de la table où
elles s'étaient installées avec leurs plateaux.
–
On
s'est inquiétées,
où étais-tu passée
?
–
Oui, Stella à raison, tu aurais
pu prévenir que tu ne viendrais pas en cours.
–
Désolée les filles, vraiment.
–
Ne pleure pas, ce n'est pas si
grave.
Je
n'avais même pas senti que mes yeux déversaient un torrent de
larmes sur mes joues. Nous restâmes à parler de tout et de rien
durant l'heure de déjeuner. Je voulais profiter une dernière fois
de la simplicité de notre amitié avant qu’elles aussi ne
m’oublient. Quand la cloche sonna la reprise des cours, Stella se
leva et me lança avec un sourire éclatant :
–
Dépêche-toi, on va être en
retard.
–
Je ne vais pas en cours.
–
Où
vas-tu ?
me
demanda-t-elle alors sous le regard inquiet de notre amie.
–
Je dois m'en aller quelques
jours.
–
Où ça ?
–
Je ne peux rien vous dire les
filles. Leur dis-je en les regardant chacune leur tour. Mais ne vous
en faites pas pour moi.
–
Ta mère est au courant ? Me
demanda Méloé.
–
Tu
ne t'enfuis pas avec lui quand même ! Se serait
romantique
mais stupide...
–
Ma mère est au courant et non,
je ne m'enfuis pas.
Je
les serrai
toutes les deux dans mes bras avant de leur dire au revoir.
–
Filez, vous allez être en
retard.
–
Bye,
à bientôt me répondirent-elles en chœur.
–
À
bientôt, je vous adore. Leur criai-je
alors qu'elles s'éloignaient tout en jetant un coup d'œil dans ma
direction.
Lewën
récita les mêmes mots que devant le café et les filles tournèrent
dans le couloir sans même m'adresser un dernier coucou de la main.
Ma gorge s'en serra de tristesse et je ne pus m'empêcher de me jeter
dans les bras de mon petit ami. C'était bien trop dur. Et le pire
restait à venir, je devais aller faire mes adieux
à une mère qui m'aurait totalement oubliée
aussitôt que Lewën aurait prononcé les mots.
–
J'ai remarqué que tu prononçais
quelques mots dans une autre langue.
–
Oui,
c'est une formule d'oubli et je la prononce dans notre langue natale.
–
Que
dit-elle ?
–
Elle dit que par ces mots, la
mémoire se modifie et...
–
Et quoi ?
–
Elle
demande que ton souvenir soit modifié à jamais. Pour les gens, tu
seras partie
explorer le monde.
–
Ils ne m'oublieront pas alors !
–
Non,
j'ai vu que cela te blessait énormément alors j'ai un peu modifié
la formule pour qu'ils ne t'oublient pas mais ils ne chercheront
pas non plus à te contacter.
–
C'est
tellement difficile de leur faire mes adieux, de me dire que je ne
les verrai
plus jamais.
–
Je sais. Je... Si tu veux, je
peux te les faire oublier.
–
Non.
M'écriai-je
plus violemment que je ne le voulais vraiment. Je ne veux pas les
oublier, repris-je plus doucement.
–
Je voulais juste que tu saches
que c'était possible.
En
arrivant chez moi, nous montâmes dans ma chambre afin que je prenne
ce qui me tenait à cœur. Je mis dans un sac de voyage, mon cadre
avec la photo de moi et mes parents, ma boîte
à souvenirs
où j'avais accumulé tout un tas de petites
choses
au cours de mes voyages, sorties, soirées.
Je mis aussi mon coffret à bijoux, quelques romans, CD et deux ou
trois autres choses auxquelles je tenais énormément. Il est
difficile d'essayer de réunir sa vie dans un seul sac. J'attrapai
plusieurs cintres
et les enfouissais dans le sac lorsque Lewën prit la parole.
–
Tu
n'as pas besoin de tout ça ! Tu auras suffisamment de vêtements
là-bas.
–
Je
ne pourrai
pas porter les miens ?
–
Si, si tu en as envie.
Je
fis alors le tri
et
glissai
simplement mes vêtements favoris.
Mon sac ne fermait plus une fois que j'y avais ajouté cela. Je
réunis alors mon parfum, et ma trousse de toilette dans mon vanity
et courrai prendre le chemisier en satin rose de ma mère ainsi que
son parfum et les y glissais également. Je revins
dans ma chambre afin de retrouver Lewën.
–
Tu
crois que je peux prendre mon
dessus de lit ?
–
Prends tout ce que tu veux !
Je
le pris et le pliai
avant de le poser sur mon sac de voyage.
–
Je pense que j'ai tout, dis-je
tristement.
–
Ok, allons voir ta mère alors.
–
Une
minute. Pour elle je serai
partie
à
travers le monde aussi ?
–
Oui.
Veux-tu que je modifie
d'autres choses ?
–
Non...
c'est mieux comme ça et puis qui sait,
je pourrai
peut-être revenir un jour.
–
On
ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve.
Lewën
me laissa un moment avec ma mère. Elle s'aperçut que quelque chose
n'allait pas mais ne me posa pas de question, elle se contenta de me
serrer contre elle. Je humai
longuement son odeur afin de l'imprimer dans mon esprit et m'éloignai
un peu de ses bras.
–
Tout va bien chérie.
–
Oui.
–
J'ai un rendez-vous, ça te dit
que je ramène des plats du traiteur pour ce soir ?
–
Pourquoi
pas. Dis-je, me retenant de pleurer.
Elle
prit son sac et ouvrit la porte.
–
Maman !
–
Oui ?
–
Je t'aime.
–
Moi aussi chérie, moi aussi.
Elle
referma et je m'écroulai sur place. Sachant que dehors, Lewën
l'attendait pour lui modifier mon souvenir. Lorsqu'il entra, il se
hâta de me rejoindre et de me prendre dans ses bras.
–
Ça
va aller mon amour, je te promets
que tout va bien se passer.
Il
me laissa évacuer toutes mes larmes sur son épaule, trempant son
tee-shirt. Et une fois que je fus redressée, il prit ma main,
entrelaça ses doigts aux miens et nous sortîmes de ce qui avait été
ma maison durant presque dix-huit ans.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire