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9 juillet 2012

Chapitre 18




Non, non. Gémis-je.
Johanna, je suis là. Me rassura Lewën en me serrant davantage contre lui.


J'ouvris de grands yeux, soulagée et heureuse d'avoir son doux visage face à moi, qu'il ne soit pas parti pendant mon sommeil. Je lui souris, me forçant à mettre de côté mon cauchemar.


Ça va ? Me demanda-t-il dans un murmure.
Oui, lui répondis-je tout aussi doucement.
Un mauvais rêve ?


Je hochai affirmativement la tête.


Tu veux m'en parler ?
Tu..., Je..., Tu étais parti, tu m'avais abandonnée et Marin...


Je fondis en larmes.


Chuttt...Viens là ma belle. Dit-il en me blottissant contre lui.


Il me fallut de longues minutes et une tonne de tendresse et de mots apaisants avant de parvenir à calmer mes sanglots.


Ne me laisse plus. Lui lançai-je le regard implorant. Plus jamais, ajoutai-je.
Plus jamais répéta-t-il avant de m'embrasser doucement. Il faudra me tuer pour m'obliger à m'éloigner de toi.
Ne dis pas ça, je ne supporterais pas qu'il t'arrive quelque chose. De te perdre serait insoutenable.
Tu ne me perdras pas.
Que va-t-on faire au sujet de mon union ?
Toi et moi, on est déjà unis par un lien, et nos sentiments sont bien plus puissants qu'une simple union. Nous avons le temps de réfléchir et de préparer tous nos arguments avant que ton anniversaire n'arrive.
C'est bientôt.
Oui. Ne t'en fais pas, je trouverai un moyen.


Je hochai la tête en lui souriant. J'étais prête à croire tout ce que Lewën me disait du moment que nous étions ensemble.


Bon, mademoiselle, ce n'est pas tout ça, mais il y a cours.
Pas envie. Râlai-je.
Que voudrais-tu faire alors ?
J'aurais bien une idée mais...
Mais quoi ? Dis-moi, et j'exaucerai ton vœu.
Vraiment ? Je peux tout te demander ?
Tout. Je suis bien trop heureux de t'avoir retrouvée.
Ok.


Je remontai un peu plus dans le lit et l'embrassai tendrement, déposant une multitude de petits baisers sur ses lèvres, son cou. Je laissai remonter ma main sous son tee-shirt tout en le lui remontant pour lui ôter.


À quoi tu joues ? Me demanda-t-il dans un râle.
Tu as dit que je pouvais avoir tout ce que je voulais...
Mais...
Mais quoi dis-je ? Tu me l'as dit oui ou non ?
Oui mais...
Chuttt.


Je le fis basculer sur le dos et me plaçai à califourchon sur ses hanches avant d'achever de lui enlever son tee-shirt. Alors que je m'étais réveillée en sursaut au cour de la nuit, Lewën m'avait expliqué que ma mère dormirait pendant un bon moment et qu'à son réveil, il lui ferait oublier toute cette histoire. C'était d'ailleurs grâce à lui que je n'avais pas eu de crise en rentrant. J'étais donc tranquille, et ne craignais nullement qu'elle entre dans ma chambre pendant que je profitais du corps sculptural de mon petit ami. Je jetai son tee-shirt au pied du lit et ôtai également celui que j'avais passé lors de mon réveil, me retrouvant en culotte sous son regard espiègle. Lewën fit courir ses mains le long de mes bras ce qui provoqua des milliers de frissons sur ma peau nue. Je me penchai sur lui et l'embrassai de plus bel. Il me rendait mes baisers, me comblant totalement. J'avais gagné, il avait mis de côté ses réticences. Mes mains découvraient avec douceur chaque parcelle de son torse parfaitement musclé. Sa peau était si halée qu'on le croirait revenu d'un séjour sous le soleil des tropiques. Sa peau était si douce, si chaude. Il n'y avait pas une seule partie de lui que je ne désirais pas. Alors que je me redressais sous son regard plein de désir, mes mains se dirigèrent avec tendresse vers sa ceinture. Mais alors qu'elles allaient s'attaquer aux premiers boutons de son jeans, Lewën me fit basculer se retrouvant par- dessus moi, Un sourire charmeur sur les lèvres. Sa position m'angoissa, me rappelant celle de Marin quelques heures plus tôt.


Ça ne va pas ? S'inquiéta-t-il.
Si, si mentis-je.
Tu es sûre ?
Certaine dis-je redressant mon buste pour l'embrasser.


Il reposa alors son corps contre le mien et m'embrassa dans le cou avec avidité. Ses mains remontèrent de mes hanches, à ma taille, puis le long de mes côtes avant de s'arrêter sur mon épaule. Son regard passa du mien à ses doigts qui exploraient ma peau frissonnante. Il fixa à nouveau ses magnifiques yeux aux miens et répondit à mon sourire. J'étais bien, je me sentais en phase avec moi-même et avec Lewën. Comment mon père et la reine pourraient-ils nous séparer ? Nous étions vraiment faits l'un pour l'autre. Alors que nos baisers s'intensifiaient, que nos caresses se faisaient plus audacieuses, le portable de Lewën se mit à sonner. Il émit un petit grognement mais n'interrompit pas ses baisers. Mais c'était sans compter sur l'insistance de la personne qui cherchait à le joindre. Il se tortilla et attrapa son téléphone dans sa poche de jeans avant de se blottir à nouveau contre moi.


J'espère que tu as une bonne raison de m'appeler. Cracha-t-il.


Je ne pus entendre avec qui Lewën parlait mais il enchaîna ensuite avec colère.


Quoi ! Mais ils ne peuvent pas faire ça ! Comment comptent-ils s'y prendre pour la faire passer, ses pouvoirs ne sont même pas encore actifs.


Lewën me regardait, inquiet tout en continuant sa conversation. Il me serrait si fort contre lui que je sentais la tension qui s'emparait de lui. Quand il eut enfin raccroché, je vis à son regard que l'heure n'était plus à nos ébats et que nous allions devoir remettre nos projets à une prochaine fois. 


Que s'passe-t-il ? Lui demandai-je, voyant qu'il ne desserrait pas les dents.
Une petite complication.
Laquelle ? Dis-moi.
La reine et ton père ont décidé d'avancer ton retour au royaume.
Comment ça ?
Ils ont demandé à ce qu'on te ramène dès aujourd'hui.
Mais ma mère ? Mes amis ?
Ils veulent que je m'en occupe.
Ils savent que tu es là !
Oui. J'ai dû leur avouer que j'étais venu chez toi et que ta mère était totalement paniquée car tu étais sortie et que tu n'avais pas donné de nouvelles depuis plusieurs heures.
Qu'ont-ils dit ?
Ils ont dit qu'on réglerait ça plus tard, et m'ont averti qu'ils envoyaient des combattants afin de te retrouver et de te mettre en sécurité.
Tu ne peux pas effacer la mémoire de ma mère, je t'en supplie. Je ne veux pas qu'elle m'oublie.
Tu préfères qu'elle te croit disparue et qu'elle s'inquiète ? Johanna, c'est mieux pour elle.


Je le fixais, les yeux remplis de larmes. Je savais que ce qu'il me disait était la meilleure chose à faire. Mais comment m'y résigner ?


Laisse-moi au moins lui dire adieu.
Pas de problème. Veux-tu que l'on aille voir tes amis avant ?
Oui, s'il te plaît.


Il me sourit. Finalement, cette journée n'allait pas être si merveilleuse que ça. Nous pensions avoir le temps de nous préparer mais finalement nous allions être pris de cours. Je laissai Lewën prendre sa douche dans ma salle de bain en premier pendant que je descendais préparer le petit déjeuner. Nous avions raté la première heure de cours et le temps que nous nous préparions tous les deux, la seconde serait finie. Une fois qu'il fut à table avec moi, il me demanda à qui je voulais faire mes adieux avant de partir.


Simplement Méloé, Stella et maman.
D'accord. Monte te doucher, et nous irons au lycée voir tes amies. Ta mère va dormir toute la matinée, nous serons de retour avant qu'elle ne soit debout.


Je montai les larmes aux yeux jusqu'à ma chambre où je pris un jeans, un débardeur noir et un pull tunique de couleur rouge avant de m'enfermer dans la cabine de douche. L'eau ruisselante, se mêlait à mes pleurs masquant le bruit de mes sanglots. Je restai longuement ainsi, à pleurer sans que personne ne puisse s'en rendre compte. J'allais devoir dire adieu à celles que j'aimais le plus et cela me brisait le cœur. Une fois redescendue, nous marchâmes main dans la main jusqu'au centre ville.


Pouvons-nous passer au café des parents de Méloé avant de rejoindre les filles ?
Oui. Nous irons voir tous ceux pour qui tu éprouves le besoin d'un adieu.


La clochette se fit entendre lorsque nous passâmes la porte d'entrée. Il y avait peu de clients, et ce n'était pas plus mal.


Johanna s'exclama la mère de Méloé en nous voyant nous approcher de son bar. Tu n'es pas en cours ?
Euh, non. Je ne me sentais pas très bien ce matin.
Rien de grave j'espère.
Non, non.
Je vous sers quelque chose ?
Deux cappuccinos s'il te plaît.
Très bien, installez-vous à une table.


Elle nous servit nos deux tasses, qu'elle avait accompagnées de deux petits moelleux au chocolat. Lewën et moi restâmes silencieux un long moment. Il tenait ma main dans la sienne et m'apportait ainsi tout le courage dont j'allais avoir besoin pour faire mes premiers adieux.


Nous devrions y aller. M'informa doucement mon ami.


Nous allâmes régler Ania au bar.


Bill n'est pas là ?
Si, il prépare une commande. Tu avais besoin de lui parler ?
Je..., euh...
Je te l'appelle.


Ania revint presque aussitôt, Bill sur les talons.


Hey, bonjour Jo. Tu sèches les cours !
Non, je..., je n'étais pas bien ce matin.
Tu voulais me parler ?
Je..., oui... C'est sans importance dis-je finalement.


Je me levai, contournai le bar et me jetai dans leurs bras.


Ça ne va pas ma belle ? S'inquiéta Bill.
Si, si. Lui répondis-je avec un sourire forcé. On doit y aller. Prenez soin de vous. Leur lançai-je en faisant signe à Lewën que c'était bon.


Il me prit la main et nous sortîmes sous les regards surpris d'Ania et Bill. Nous nous arrêtâmes juste devant la vitrine de leur café et j'entendis Lewën dire quelques mots dans une langue qui m'était inconnue. Nous repartîmes aussitôt et prîmes la direction du lycée.


Alors ça y est ?


Il me fit oui de la tête.


Ils m'ont oubliée à jamais.
Je suis désolé Johanna.


Je réprimai de nouveaux pleurs et poursuivis mon chemin accrochée à son bras. Une fois devant la grille du lycée, nous attendîmes qu'elle s'ouvre pour la fin des cours et entrâmes retrouver les filles au réfectoire. Toutes deux se jetèrent sur moi en nous voyant approcher de la table où elles s'étaient installées avec leurs plateaux.


On s'est inquiétées, où étais-tu passée ?
Oui, Stella à raison, tu aurais pu prévenir que tu ne viendrais pas en cours.
Désolée les filles, vraiment.
Ne pleure pas, ce n'est pas si grave.


Je n'avais même pas senti que mes yeux déversaient un torrent de larmes sur mes joues. Nous restâmes à parler de tout et de rien durant l'heure de déjeuner. Je voulais profiter une dernière fois de la simplicité de notre amitié avant qu’elles aussi ne m’oublient. Quand la cloche sonna la reprise des cours, Stella se leva et me lança avec un sourire éclatant :


Dépêche-toi, on va être en retard.
Je ne vais pas en cours.
Où vas-tu ? me demanda-t-elle alors sous le regard inquiet de notre amie.
Je dois m'en aller quelques jours.
Où ça ?
Je ne peux rien vous dire les filles. Leur dis-je en les regardant chacune leur tour. Mais ne vous en faites pas pour moi.
Ta mère est au courant ? Me demanda Méloé.
Tu ne t'enfuis pas avec lui quand même ! Se serait romantique mais stupide...
Ma mère est au courant et non, je ne m'enfuis pas.


Je les serrai toutes les deux dans mes bras avant de leur dire au revoir.


Filez, vous allez être en retard.
Bye, à bientôt me répondirent-elles en chœur.
À bientôt, je vous adore. Leur criai-je alors qu'elles s'éloignaient tout en jetant un coup d'œil dans ma direction.


Lewën récita les mêmes mots que devant le café et les filles tournèrent dans le couloir sans même m'adresser un dernier coucou de la main. Ma gorge s'en serra de tristesse et je ne pus m'empêcher de me jeter dans les bras de mon petit ami. C'était bien trop dur. Et le pire restait à venir, je devais aller faire mes adieux à une mère qui m'aurait totalement oubliée aussitôt que Lewën aurait prononcé les mots.


J'ai remarqué que tu prononçais quelques mots dans une autre langue.
Oui, c'est une formule d'oubli et je la prononce dans notre langue natale.
Que dit-elle ?
Elle dit que par ces mots, la mémoire se modifie et...
Et quoi ?
Elle demande que ton souvenir soit modifié à jamais. Pour les gens, tu seras partie explorer le monde.
Ils ne m'oublieront pas alors !
Non, j'ai vu que cela te blessait énormément alors j'ai un peu modifié la formule pour qu'ils ne t'oublient pas mais ils ne chercheront pas non plus à te contacter.
C'est tellement difficile de leur faire mes adieux, de me dire que je ne les verrai plus jamais.
Je sais. Je... Si tu veux, je peux te les faire oublier.
Non. M'écriai-je plus violemment que je ne le voulais vraiment. Je ne veux pas les oublier, repris-je plus doucement.
Je voulais juste que tu saches que c'était possible.


En arrivant chez moi, nous montâmes dans ma chambre afin que je prenne ce qui me tenait à cœur. Je mis dans un sac de voyage, mon cadre avec la photo de moi et mes parents, ma boîte à souvenirs où j'avais accumulé tout un tas de petites choses au cours de mes voyages, sorties, soirées. Je mis aussi mon coffret à bijoux, quelques romans, CD et deux ou trois autres choses auxquelles je tenais énormément. Il est difficile d'essayer de réunir sa vie dans un seul sac. J'attrapai plusieurs cintres et les enfouissais dans le sac lorsque Lewën prit la parole.


Tu n'as pas besoin de tout ça ! Tu auras suffisamment de vêtements là-bas.
Je ne pourrai pas porter les miens ?
Si, si tu en as envie.


Je fis alors le tri et glissai simplement mes vêtements favoris. Mon sac ne fermait plus une fois que j'y avais ajouté cela. Je réunis alors mon parfum, et ma trousse de toilette dans mon vanity et courrai prendre le chemisier en satin rose de ma mère ainsi que son parfum et les y glissais également. Je revins dans ma chambre afin de retrouver Lewën.


Tu crois que je peux prendre mon dessus de lit ?
Prends tout ce que tu veux !


Je le pris et le pliai avant de le poser sur mon sac de voyage.


Je pense que j'ai tout, dis-je tristement.
Ok, allons voir ta mère alors.
Une minute. Pour elle je serai partie à travers le monde aussi ?
Oui. Veux-tu que je modifie d'autres choses ?
Non... c'est mieux comme ça et puis qui sait, je pourrai peut-être revenir un jour.
On ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve.


Lewën me laissa un moment avec ma mère. Elle s'aperçut que quelque chose n'allait pas mais ne me posa pas de question, elle se contenta de me serrer contre elle. Je humai longuement son odeur afin de l'imprimer dans mon esprit et m'éloignai un peu de ses bras.


Tout va bien chérie.
Oui.
J'ai un rendez-vous, ça te dit que je ramène des plats du traiteur pour ce soir ?
Pourquoi pas. Dis-je, me retenant de pleurer.


Elle prit son sac et ouvrit la porte.


Maman !
Oui ?
Je t'aime.
Moi aussi chérie, moi aussi.


Elle referma et je m'écroulai sur place. Sachant que dehors, Lewën l'attendait pour lui modifier mon souvenir. Lorsqu'il entra, il se hâta de me rejoindre et de me prendre dans ses bras.


Ça va aller mon amour, je te promets que tout va bien se passer.


Il me laissa évacuer toutes mes larmes sur son épaule, trempant son tee-shirt. Et une fois que je fus redressée, il prit ma main, entrelaça ses doigts aux miens et nous sortîmes de ce qui avait été ma maison durant presque dix-huit ans.


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