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30 juin 2012

Chapitre 17






Je me retournai immédiatement afin de découvrir celui qui osait se dresser au beau milieu de cette foule de lutins pour me venir en aide. Je ne le vis pas tout de suite mais Will apparut furtivement dans toute cette cohue. Des cris retentirent et la foule s'agita. Je tentai de me défaire de l'étreinte de leur prince mais il serrait ma main bien trop fort même en portant son attention sur l'affolement général.

- Suivez-moi princesse. Me lança-t-il tout en tentant de m'entraîner.
- Non. Résistai-je de toutes mes forces.

Alors qu'il me faisait traverser la foule, je sentis une main se refermer autour de mon autre poignet et me tirer en arrière. Je ne pus retenir un cri de surprise. Cela eut au moins l'effet de stopper le prince dans sa course. Je me retournai et fixai mes yeux sur celui qui venait d'intervenir. Lewën était là. Je lui souris alors qu'il me tirait d'un coup à lui, surprenant le prince qui me lâcha mais se retourna aussitôt. Lewën me tira derrière lui, mit sa main dans la mienne et me maintint dans son dos.

- Reste derrière moi.

Je ne lui répondis que par un hochement de tête, qu'il ne put voir puisqu'il maintenait toute son attention sur son ennemi. Il le tenait à distance d'une épée. Je ne pouvais pas voir son visage, mais blottie contre son dos, je pouvais sentir la tension de ses muscles. Un vrai chaos régnait tout autour de nous, sans que jamais, personne ne me touche ou même ne me frôle. Lewën me fit tourner, puis reculer doucement. Il me dirigea sans prêter attention aux différentes bagarres qui éclataient ça et là, le seul ayant son attention était le prince lutin. Nous fûmes vite dans les bois mais le prince ne nous avait toujours pas quittés, il avançait à mesure que nous reculions. Ni l'un ni l'autre, ne parlait mais une tension terrible nous enveloppait.
Nous finîmes par nous arrêter.

- Johanna, je veux que tu cours droit devant, ne dévies pour rien de ton chemin, toujours tout droit et tu arriveras en ville.

- Et toi ? Demandai-je affolée.

- J'ai une dernière chose à faire.

- Je refuse de te laisser.

- S'il te plaît. Cours. Je te rejoins dès que je peux.

Prise entre deux émotions, je décidai finalement de l'écouter. Mais avant de partir, je déposai mes lèvres sur les siennes.

- Vous avez créé le lien. Cracha le lutin.

- C'est lui que j'aime. Je ne refusais pas de m'unir à vous pour ce que vous êtes mais parce que j'en aime un autre.

- Foutaise. Même s'il n'existait pas, mon apparence vous aurez rebutée de toute manière.

- Cours, mon amour, cours maintenant.

- Je t'aime.

- Je t'aimerai toujours.

Sur ces dernières paroles, je me mis à courir tout en tenant ma robe de chaque côté pour qu'elle ne me gêne pas dans ma fuite.
J'en avais le cœur brisé de devoir abandonner derrière moi Lewën. Nous ne faisions que ça, nous retrouver pour nous séparer. Quand cela allait-il enfin finir ? Quand allions-nous enfin pouvoir vivre en paix ? Je courus en suivant les instructions de Lewën, personne ne me poursuivait et pas une voix ne se faisait entendre. J'entendais juste les bruits d'une bataille qui s'éloignaient de plus en plus mais je n'y prêtai pas plus d'attention et je courus le plus vite possible dans la direction que Lewën m'avait demandé de suivre. À plusieurs reprises, je faillis tomber, ma robe s'accrocha à plusieurs branches mais je ne déviai pas et poursuivis droit devant. Mon pied se prit dans une racine, me faisant tomber. Je dus me cogner et perdre connaissance. Quand j'ouvris les yeux, un silence pesant régnait dans la forêt. Ne sachant pas si cela était bon signe ou non, je repris ma course.
Lorsque je fus enfin sortie de là, un grand soulagement s'empara de moi. Je reconnus immédiatement l'endroit où je me trouvais et me dirigeai directement vers chez moi pour trouver refuge dans ma chambre et rassurer ma mère. Qu'allais-je bien pourvoir lui dire ? Elle avait du s'inquiéter comme une folle et ameuter tout le monde. Comment allais-je me sortir de ce mauvais pas ? Je voulus sortir mes clefs mais je m'aperçus très vite que ces dernières étaient restées dans ma poche. Je dus alors frapper et attendre que les foudres de ma mère s'abattent sur moi lorsqu'elle me verrait devant la porte.

- Johanna ? Tu n'as pas tes clefs que tu sonnes ?

- Je...eux...j'ai dû les perdre dis-je me sentant bête.

- Tu en es certaine ?

- J'en ai bien peur oui.

Je pensais qu'elle serait folle d'angoisse mais au lieu de ça, ce qui l'inquiétait était la perte de mes clefs.

- Et bien rentre, qu'attends-tu ?

- Rien, rien.

J'entrai et me dirigeai directement vers les escaliers pour prendre une bonne douche et ôter cette robe qui me rappelait tellement de mauvais souvenirs.

- Johanna. M'interpela ma mère.

- Oui ? Dis-je sans redescendre pour autant.

- Qu'as-tu donc fait pour mettre cette robe dans un tel état ?

- Je...j'ai...tu sais combien je suis maladroite, j'ai glissé pile dans une flaque de boue.

- C'est bien toi !

- Je monte me doucher.

Je me dirigeai directement dans ma chambre et sautai dans ma baignoire pour me plonger dans l'eau. J'espérais que ça m'apaiserait mais non, je ne pouvais m'empêcher de penser à Lewën et Will. Ils n'étaient pas rentrés et j'espérais que tous les deux allaient bien. J'espérais aussi que rien ne soit arrivé à Marin et ce même après ce qu'il avait fait. Il faudrait aussi que je vois avec Lewën pourquoi ma mère ne semblait pas s'être aperçue de mon absence. Toutes ces choses qui me trottaient dans la tête me donnaient la migraine. Je m'immergeai entièrement sous l'eau et tentai de me vider l'esprit. Le manque d'air me fit remonter. J'achevai de me nettoyer et après ce que j'avais vécu dans ces bois j'en avais vraiment besoin. Je me lavai ensuite les cheveux et sortis de l'eau. Une serviette enroulée autour de moi et une autre entre les mains, me frottant activement les cheveux, je me rendis dans ma chambre.

- Tu es vraiment magnifique !

En entendant cette voix, je relevai directement la tête dans sa direction.

- Humm quel regard !

- Que fais-tu ici ? Comment es-tu entré ?

- Je suis venu voir comment tu allais ou devrais-je dire comment vous allez princesse. Et c'est ta mère qui m'a ouvert.

Je soufflai bruyamment et restai à distance, sur la défensive. Il n'oserait quand même pas me kidnapper à nouveau et dans ma propre maison quand même. J'observai tout autour de moi afin de voir ce qui pourrait m'aider à me défendre. Hormis ma brosse à cheveux, ma paire de chaussures et quelques bricoles inutiles, je ne vis rien qui puisse m’être d'une quelconque utilité. Marin avança vers moi, je fis un pas en arrière avant que mon dos ne soit stoppé par ma commode. J'étais coincée. Prise au piège dans ma propre chambre. Marin approcha d'un pas de plus, un sourire espiègle sur les lèvres et le regard sombre.

- Tu as peur de moi ?

- Non dis-je la voix peu assurée.

- Tu mens, ça se voit à ta tête.

Il avança à nouveau. Il ne restait que deux ou trois pas avant qu'il ne soit collé à moi. J'attrapai maladroitement mon flacon de parfum et le lui lancai, en vain, il se jeta sur moi, menaçant. M'attrapant par la taille, il se colla à moi m'appuyant contre le bois dur de ma commode. Il s'apprêtait à m'embrasser, mais je tournai la tête. Ses lèvres atterrirent sur ma joue.

- Laisse-toi faire, on pourrait être heureux ensemble. Me murmura-t-il à l'oreille, ses mains toujours sur mes hanches.

Je tentai de toutes mes forces de le repousser, de l'éloigner de moi. Je voulais qu'il retire ses mains de mon corps, qu'il cesse de faire courir ses lèvres dans mon cou. Marin finit par se reculer et plongea son regard dans le mien.

- Tu es si belle.

- Laisse-moi tranquille.

- Je t'aime toujours Johanna.

- Je ne t'aime pas !

Il me fit tourner et me bascula sur mon lit, pressant son corps sur le mien. Il maintint mes bras au-dessus de ma tête d'une main alors que la seconde me caressait la joue. Je détestais la tournure des choses. Ma pudeur n'était protégée que par une simple serviette dont le bas avait été légèrement remonté le long de ma cuisse par la pression de Marin. Il fit descendre sa main le long de mon cou, sur mon épaule dénudée, le long de mon bras.

- Marin, laisse-moi, je t'en supplie.

- Tu es magnifique...

Il m'embrassa. Je ne pus détourner la tête et ses lèvres rencontrèrent les miennes malgré moi. Je sentis sa main libre remonter le long de ma cuisse, jusqu'à ma taille. Elle entraînait avec elle le tissu éponge qui me protégeait. J'avais beau remuer dans tous les sens, cherchant à lui faire perdre l'emprise qu'il avait sur moi, rien n'y faisait.

- Ne fait pas ça, le suppliai-je les larmes coulant sur mes joues.

- Je ne vais pas te faire de mal.

- Laisse-moi partir alors, hoquetai-je.

- Pas maintenant.

Sa main se posa sur le nœud que j'avais fait pour maintenir la serviette.

- Et si je...Me lança-t-il les yeux pleins de défi.

- Non dis-je en pleurs, non...

De ses doigts, il tira sur le bout du tissu, je fermai les yeux, abandonnant tout combat, il était bien trop fort pour moi. Alors que j'attendais impuissante que ses mains rencontre ma peau je le sentis s'éloigner dans un mouvement brusque. J'ouvris les yeux et vis Lewën le maintenir contre le mur opposé.

- Johanna ?

J'attrapai frénétiquement ma serviette et la serrai contre moi, me recroquevillant sur moi-même contre la tête de mon lit, la tête cachée dans mes bras.



- Vas t'occuper d'elle Len, je m'occupe de lui.



Une main se pausa sur mon épaule, me faisant sursauter. Il retira aussitôt sa main.



- Johanna, c'est moi, c'est Lewën.

Je le sentis poser à nouveau sa main sur moi, provoquant un nouveau sursaut, mais il ne la retira pas et m'attira contre lui.
Ce ne fut qu'en sentant son odeur et la chaleur de son corps contre le mien que je me sentis en sécurité. J'entendis des pas puis nous nous retrouvâmes dans le silence.

- Johanna, regarde-moi s'il te plaît.

Je levai sur lui mon regard rempli de larmes.

- Tu ne risques plus rien, je suis là et je ne te laisserai plus.

- J'ai eu si peur, j'ai bien cru qu'il...

- C'est fini. Will l'a emmené.

- Où ?

- Il doit être libéré de l'enchantement. Ensuite, nous lui effacerons la mémoire et il retournera chez lui et reprendra sa vie.

- Il n'était pas lui. Dis-je en réprimant de nouveaux sanglots à la pensée de son comportement.

- Ça n'enlèvera pas ce qu'il a fait, mais non, il n'était pas lui-même.

Je blottis à nouveau ma tête contre son torse. Lewën s'allongea à moitié sur le lit le dos appuyé sur la tête de lit et d'une caresse dans le dos, m'attira vers lui. Je me laissai faire, calai ma tête contre lui, étendis mes jambes, mon corps épousant parfaitement le sien et lui lançai un regard plein de gratitude.

- Ferme les yeux et dors.

Je secouai la tête. Je ne voulais pas dormir, j'avais bien trop peur qu'il disparaisse à nouveau pendant mon sommeil.

- Johanna, tu as eu plus que ton quota d’émotions fortes. Repose-toi.

Je fis de nouveau non de la tête.

- Je serai là à ton réveil.

- Promis ?

- Je t'en fais le serment, tu me trouveras auprès de toi à ton réveil.

Il déposa un tendre baiser sur mon front.

- Maintenant, dors.

Je me grandis et déposai avec douceur mes lèvres sur les siennes avant de lui faire un grand sourire et de me caler pour céder au sommeil.


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