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16 juin 2012

Chapitre 15




- Un thé, un jus de fruits ?
- Non, merci.

Nous nous assîmes sur le sofa. Je rabattis mes jambes sous moi, déposai ma tête sur le coussin du dossier et écoutai ce que Will avait à me dire.

- Len t''a-t-il expliqué pourquoi la reine s'oppose à votre union?
- Non. Il m'a juste dit qu'en tant que protecteur il ne pouvait prétendre à être uni à moi.
- Mais ça ne t'a pas empêchée de créer le lien.
- Non, parce que je l'aime et que je sais qu'il m'aime.
- Il ne t'a pas parlé de nos lois ?
- De quelques unes seulement.
- lesquelles ?
- Il a dit qu'une loi indiquait que les protecteurs devaient veiller à la sécurité de la famille royale au péril de leur vie.
- Ok. Une autre ?
- Que la princesse devait s'unir à quelqu'un de son rang.
- Autre chose ?
- Pas que je me souvienne.
- Ok. J'ai du boulot alors. Quand nous sommes en âge, nous suivons une formation poussée à l'issue de laquelle, nous signons un pacte, le pacte des protecteurs. Nous nous engageons à suivre chacune des règles régissant notre royaume et à veiller à ce qu'elles soient appliquées par les sujets de la reine. Nous nous engageons également, comme Len te l'a dit à veiller sur la famille royale. Il y a beaucoup de lois qui nous permettent de maintenir le royaume en sécurité, et les premières nous concernent. Comment veux-tu que le royaume tourne rond si les protecteurs n'en font qu'à leur tête ? Les règles suivantes, veillent à ce que l'entente entre les différentes espèces se passe pour le mieux. Depuis très longtemps, les fées vivent en harmonie avec les êtres des forêts, que ce soit les esprits des bois ou ceux des eaux, qui soit dit en passant sont vraiment charmants. Il n'y a qu'avec les lutins que nous avons des soucis. Avant que les traités de paix ne soient signés, la guerre régnait entre chaque peuple, faisant des dizaines de morts au sein de chaque groupe. Et puis un jour, le roi des fées a eu l'idée d'instaurer la paix en mariant sa fille au fils d'un des groupes qui acceptait de signer le traité. Elle avait le choix entre choisir une fée, un esprit des bois, un esprit des eaux ou un lutin. Tous les autres rois étaient d'accord pour dire que seule la princesse pouvait choisir. Quand elle fut en âge, elle fut enfermée dans une résidence avec un jeune prince de chaque royaume ayant signé le traité. La jeune Éléonora, eut bien du mal à choisir ; le côté courageux et le physique rassurant des esprits des bois la rassuraient, le côté magique de son peuple l'hypnotisait, la féérie et le physique parfait des esprits des eaux l'attiraient beaucoup également. Seul le représentant des lutins ne lui plaisait pas. Il faut dire que leur physique est plutôt ingrat. Il lui faisait peur avec ses membres crochus. Éléonora décida donc de leur faire passer plusieurs épreuves pour trouver celui qui serait le meilleur roi pour veiller sur elle et son royaume.

- Quel genre d'épreuve ?

- Patience, j'y viens.

Pour Éléonora, son roi devait savoir jouer avec les mots, elle leur demanda donc de lui écrire un poème ou une ode. Les yeux fermés, elle les écouta les uns après les autres et décida que l'esprit des eaux était celui qui maniait le mieux les mots. Le roi d'Éléonora, devait être fort aussi de façon à la protéger. La seconde épreuve consistait donc à un combat à l'épée. Le lutin gagna cette épreuve. L'épreuve suivante, celle qui demandait au futur époux de faire preuve de bonté fut gagnée par le représentant des fées. Chacun gagna une épreuve, la dernière, fut remportée par l'esprit des bois. Les princes avaient dû expliquer comment ils voyaient leur avenir auprès de leur future reine. La jeune princesse se laissa alors captiver par les promesses de l'esprit des forêts qui lui promettait une vie joyeuse, pleine d'amour, de beauté, d'enfants dans un royaume prospère et sécurisé. Éléonora qui devait quand même faire un choix, organisa donc une ultime épreuve, celui qui la remporterait serait celui à qui elle s'unirait.
Elle leur demanda alors de lui trouver un cadeau qui la représentait à leurs yeux.
Ils durent alors s'élancer dans toute la maison afin de trouver ce qui pourrait plaire à leur future reine. Les objets furent déposés sur une table sans que la princesse ne sache qui avait ramené quoi. Elle y trouva, une boule de magie qui étincelait dans toute la pièce. Un chiot au pelage blanc couché dans un petit panier. Le troisième prétendant lui avait apporté une rose rouge et le dernier, une pièce d'or. Elle regarda avec attention tout ce qui était censé la définir. La brillance de la magie lui plaisait, mais cela la rendrait vaniteuse de vouloir encore plus de magie qu'elle n'en avait déjà. Le chiot lui semblait tout mignon, son prétendant attendait-il d'elle qu'elle lui obéisse ? La pièce d'or la montrerait avare, la rose l'interpela, à la fois douce, belle et forte. Elle demanda à celui qui l’avait choisie de faire un pas vers elle pour recevoir son baiser et créer le lien. Mais quand Éléonora vit le lutin avancer, elle ne put s'empêcher de changer d'avis, se refusant à épouser un tel monstre. Qui la blâmerait pour cela ? Elle finit par prendre son second choix sous l'indignation du lutin.



- Qui a-t-elle choisi ?



- Je me doutais bien que tu voudrais savoir.



- Évidemment.



- Elle a choisi l'esprit des forêts. Beau, fort et courageux. Il aurait fait un bon roi pour notre peuple.



- Aurait ?



- Il est mort peu de temps après la consommation de leur union. Tué par le lutin qui jugeait avoir mérité le trône. La guerre commença ainsi entre les lutins, les esprits de la forêt et nous.



- Elle s'est unie à un autre ensuite ?



- Non. Une seule union est possible mais comme il avait eu le temps de consommer leur union, une charmante princesse naquit quelques mois après.



- Que serait-il arrivé sinon ?



- Je n'en sais rien. Certains disent que cela aurait été la fin de notre espèce.



- Chaque princesse est soumise à ce choix ?



- Oui. Mais ne t'en fais pas, elles ne sont plus enfermées avec leurs prétendants. L'évolution a eu lieu dans ce domaine également. La princesse rencontre chacun des prétendants seule à seul et décide à la fin de celui qu'elle choisit pour s'unir. Elle a beaucoup plus de temps et ils ne consomment leur union que lorsqu'ils le souhaitent, un héritier ou une héritière n'est vraiment attendu que quelques années plus tard.



- Et pour moi ?



- C'est là que ça se complique. Vous vous êtes unis toi et Len, enfin vous avez créé le lien et j'ignore ce qui va se passer.



- Jamais une princesse ne s'est unie à un protecteur ?



- Une fois, mais il y a bien longtemps.



- Que s'est-il passé ?



- C'est l'une de nos légendes les plus floues.



- Te connaissant, tu as bien une ou deux infos.



- Une ou deux effectivement. Rigola-t-il.



- Je t'écoute.



- Si je te raconte tout ça, c'est pour que tu comprennes dans quoi vous vous êtes jetés tous les deux. D'abord il faut que tu saches que ça remonte à il y a très très longtemps, peut-être la troisième ou quatrième génération après le traité. Près de six prétendants s'étaient proposés à la princesse Aloïse. Elle les rencontra tous, un à un sans en omettre un seul excepté celui du peuple des lutins avec qui nous étions déjà en guerre. Aucun ne trouva grâce auprès de la belle princesse. Elle était depuis longtemps amoureuse de son jeune protecteur Edwin mais jamais elle n'avait osé en parler. Depuis toute petite on lui avait expliqué qu'elle épouserait un prince et elle savait que les protecteurs n'étaient pas de sang royal.



- Qu'a-t-elle fait ?



- Elle s'est enfuie. Edwin s'est lancé à sa recherche, il l'a trouvée et pris par le bonheur de se retrouver, ils se sont embrassés sans réfléchir et ont créé leur lien.



- Leur union a été acceptée ?



- Oui. Le traité a bien failli être rompu mais les esprits avaient évolué et chaque royaume trouvait son intérêt à maintenir la paix.



- C'est donc possible.



- Laisse-moi finir.



- Leur union a dons eu lieu. Bien des années plus tard, il y a eu une terrible guerre contre les lutins, tous les protecteurs ont été envoyés pour protéger le royaume, le roi, protecteur dans l'âme, a combattu mais malheureusement, il a péri. La reine en est morte de chagrin. Le royaume aurait tout perdu si un enfant n'était pas né de leur union.



- Mais Lewën pourrait renoncer à être protecteur.



- Tu ne comprends pas. C'est gravé en nous, c'est ce qui nous fait vivre, être protecteur n'est pas un emploi, c'est ce que nous sommes au plus profond de notre être.



- Mais il m'aime, il resterait avec moi, jamais il ne m'abandonnerait.



- Tu n'as pas écouté ce que je viens de te dire. Ce sera plus fort que lui. Il tiendra peut-être quelques années mais au fond il ne sera pas bien, il aura besoin d'être celui qu'il est au fond, de laisser vivre le protecteur qui est en lui.



- En créant ce lien, je l'ai emprisonné et condamné. Dis-je tristement.



Will ne me répondit pas mais il me prit dans ses bras.



- Will ?



- Oui ?



- Qu'allons-nous faire maintenant ?



- Tout, nous allons tout faire pour que ça se passe au mieux.



- Tu crois que Len et moi on a une chance de pouvoir s'unir ?



- Pour tout te dire, je n'en sais rien. D'un côté, le lien est déjà créé et il ne peut y en avoir qu'un. La question est : est-ce que la reine s'arrangera pour te trouver une union digne de ce nom sans lien au quel cas Len risque gros ou choisira-t-elle de vous unir...malgré les risques ? Là est la question.



- Nous aideras-tu ?



- Je ferai tout pour vous protéger princesse et Len est mon frère. Peu importe ses choix, il me trouvera en cas de besoin.



- Merci.



- C'est normal.



- Je pourrais peut-être parler à la reine.



- Impossible



- Pourquoi ? Je lui expliquerai que j'aime Lewën et que je sais qu'il est fait pour moi. Que nous ferons tout pour que la paix règne ainsi il n'aura pas besoin de partir se battre.



- Tu ne peux pas entrer dans le royaume avant que tes pouvoirs ne se réveillent. C'est une protection contre les humains qui pourrait au hasard d'une balade se retrouver dans notre monde.



- Mais je ne suis pas humaine !



- Pour le moment si. Tes pouvoirs se réveilleront d'eux même quand le temps sera venu pour toi de devenir reine. Il en a été convenu ainsi lorsque la décision de te faire vivre dans le monde des humains a été prise.



- Quand ce moment sera venu, j'espère qu'il ne sera pas trop tard pour...



Je ne finis pas ma phrase, incapable de penser que je pourrais perdre Lewën à jamais.
Nous discutâmes longuement Will et moi et il était presque treize heures quand je rentrai chez moi sans même avoir couru. Je décidai alors d'y aller après manger. Je passaai prendre Will qui accepta et nous courûmes alors un long moment.
La nuit tombait lorsque nous revînmes. Nous nous arrêtâmes devant chez lui. Il me serra dans ses bras.



- Ne t'en fais pas, Lew à un don pour se sortir des situations les plus périlleuses.
Will attendit que je sois rentrée chez moi. Je refermais la porte derrière moi lorsque la sonnette retentit.



- J'y vais maman. Criai-je en direction du salon où ma mère regardait la télévision.



J'ouvris la porte et fus surprise de découvrir Will en face de moi. Nous venions de nous quitter.



- Oui ? Dis-je étonnée.
- Len a appelé, il te fait dire qu'il passera te voir.



Je ne pus réprimer un sourire. Will me fit aussitôt comprendre qu'il ne partageait pas cette joie.



- À chaque fois qu'il vient, il se met en danger. Ne va-t-il donc jamais grandir.
- Il sait que j'ai besoin de lui auprès de moi.
- Il sait aussi que si la reine le prend la main dans le sac, il risque gros.



Il avait gagné, mon sourire avait disparu.



- Bon je te laisse. Tâche de le résonner un peu ce soir, moi, il ne m'écoute jamais.



Je lui souris, mais j'étais bien incapable de demander à Lewën de ne plus revenir.
Je claquai la porte derrière moi et me dirigeais vers le salon pour retrouver ma mère mais la sonnette retentit à nouveau.



- J'y vais. Râlai-je.



Je fus surprise de découvrir Marin en face de moi, tout sourire, alors que nous nous étions quittés sur des mots très durs lors de notre dispute et que depuis nous n'avions pas même échangé un bonjour.



- Bonsoir, je ne te dérange pas ?
- Euh...non. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
- Je suis venu m'excuser, j'ai été idiot la dernière fois. Tu avais raison, on était pas faits l'un pour l'autre.
- Je suis contente de te l'entendre dire.
- Jo, si je suis là, c'est aussi parce que j'aurais besoin de tes conseils.
- Oui, qu’y a-t-il ?
- On peut aller marcher ? Je vais t'expliquer.
- Oui. Maman, je reviens.
- Pas trop longtemps chérie.
- Non, non.



Je refermai la porte derrière moi et suivis Marin dans mon allée. Nous longeâmes les barrières des maisons du voisinage. Nous avions déjà fait plusieurs mètres sans qu'il n'ouvre la bouche.



- Que voulais-tu me demander Marin ? Je ne dois pas trop trainer.
- Euh, oui désolé. En fait, je voulais...nous devrions faire demi-tour.
- Ok. Dis-je hésitante.



Il était vraiment étrange.



- Nous pourrions passer par les bois. Lança-t-il en me fixant du regard.
- Non, je préfère marcher sur le trottoir.
- Oh allez Jo. M'implora-t-il en m'attrapant par le bras. Tu ne vas quand même pas refuser une petite balade en forêt avec un ami.
- Je t'assure, je n'aime pas trop aller dans les bois et puis la nuit tombe.
- Et bien moi j'en ai envie. Insista-t-il.



Je me débattais pour qu'il me lâche le bras, mais au lieu de ça il commença à m'entrainer vers la forêt.

- Lâche-moi Marin, Je t'en prie. Je ne veux pas aller là-bas.
- Pourquoi ça ? Me demanda-t-il avec un grand sourire. Tu as peur des petits lutins ?
Son sourire se changea en petit rictus espiègle et malsain.



- Lâche-moi je te dis ou je hurle.
- Tu as raison, je ne voudrais pas que tu ameutes le voisinage.



Il plaqua alors sa main contre mon visage. Je sentis une drôle d'odeur et me sentis perdre connaissance.






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