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9 juin 2012

Chapitre 14




Je n'étais jamais allée dans la chambre de Lewën, je n'étais même allée nulle part chez lui hormis le salon, la cuisine et la salle de bain. J'ouvris la porte qu'il m'avait indiquée. Il faisait très sombre à l'intérieur, impossible d'y voir quoi que ce soit. De la main, je tâtonnai le mur de l'entrée pour trouver interrupteur. Il me fallut dix bonnes minutes avant de parvenir à allumer la lumière et durant tout ce temps, j'entendais les garçons se disputer. J'ouvris de grands yeux en apercevant la grande bibliothèque qui occupait tout le mur du fond. Comment pouvait-il remplir la totalité du meuble alors qu'il avait déjà toute une collection en bas ? Je parcourus du doigt l'ensemble des livres. Leurs couvertures en cuir et leurs pages brunies par le temps me faisaient penser qu'ils étaient très anciens. J'en pris un avec délicatesse et l'ouvris en plein milieu, une fois assise sur le rebord de son lit. La calligraphie était raffinée et les caractères petits. Cependant, j'eus envie de découvrir cet écrit et le repris au début.

- Johanna. Me murmura doucement Lewën au creux de mon oreille.

J'ouvris doucement les yeux sur lui. Je me redressai lentement, encore sous l'effet du sommeil. Le bruit du livre tombant sur le plancher me fit sursauter de peur. Lewën m'enveloppa de ses bras.

- Désolée pour le livre.
- Pas grave. Dit-il en se penchant pour le ramasser et le poser sur sa table de nuit.

Lewën s'assit le dos contre sa tête de lit et m'attira contre lui. Il passa ensuite son bras sur mon épaule. Son geste sonnait comme un nouvel adieu. Je blottis ma tête contre son torse et profitai des battements de son cœur pour m'apaiser. Il me caressa les cheveux d'un geste tendre. Je me redressai, mon visage face au sien, mon regard planté dans le sien. C'était le moment idéal pour l'embrasser. Je me penchai doucement pour que mes lèvres goûtent enfin aux siennes mais au moment où elles allaient se toucher il déposa son doigt sur mes lèvres. La magie de l'instant s'envola en une seconde.



- Non, Johanna. Ils refusent notre union.
- Je me fiche de ce qu'ils disent.
- Mais pas moi. Je ne veux pas gâcher ton passage sur le trône, je n'en ai pas le droit.
- Pour une fois, laisse-moi faire ce que je veux.
- Je...



Je ne lui laissai pas le temps de finir sa phrase, déposai mes lèvres sur les siennes et l'embrassai une première fois, puis une seconde. Ses lèvres étaient très douces et leur chaleur m'envahissait. Il fallut que je l'embrasse une troisième fois avant qu'il n'ose rendre vraiment mon baiser. Un frisson électrique me parcourut de la tête aux pieds. Ce n'était pas une sensation, non, j'avais réellement était parcourue par ce courant. Stupéfaite, j'ouvris les yeux et regardai Lewën. Il me sourit, les yeux pétillants de bonheur.



- Tu as senti ça ?
- Ce doit être le lien qui s'est créé.



Je me sentais merveilleusement bien, euphorique, en harmonie avec moi-même.



- Tu regrettes ? Me demanda-t-il doucement comme s'il avait peur d'entendre ma réponse.
- Non, je suis certaine de mon choix et toi, tu as des regrets ?
- Elles ont le goût de fraise et la douceur d'une plume.
- Hein ?
- Je parle de tes lèvres.
- Tu n'as pas répondu à ma question.
- Inutile de te répondre, tu es capable de le ressentir toi même. Ce baiser n'était pas qu'une promesse. Un lien nous uni maintenant et même si c'est très faiblement pour le moment, nous sommes capables de ressentir les émotions l'un de l'autre. Si l'union est accomplie, nous le ressentiront avec bien plus d'intensité, nous ne ferons plus qu'un.
- Si ?
- La reine ne va pas apprécier et elle peut...elle peut toujours s'opposer à nous même si elle ne pourra jamais rompre notre lien.
- Rien ni personne ne nous séparera plus.
- Je ferai tout ce que je peux pour ça.



Sur ces mots, il se serra tout contre moi, m'enveloppa de ses bras et m'embrassa à nouveau mais cette fois avec beaucoup plus d'ardeur, sa retenue s'était enfin envolée nous étions l'un à l'autre. Plus rien ne pourrait nous séparer, j'entrevoyais enfin une lueur d'espoir dans cet avenir incroyable qui m'attendait, qui nous attendait.



- Bravo s'exclama Will amère.
- Will. M'écriai-je surprise, comme une petite fille prise la main dans le sac en train de faire une grosse bêtise.
- Tu n'avais pas assez d'ennuis avec la reine Len, il fallait que tu t'en crées de nouveaux !
- De quoi parle-t-il ? Demandai-je à Lewën inquiète.
- De rien, ne t'en fais pas.
- Je parle des risques qu'il prend pour un baiser interdit.
- Quels risques ? Demandai-je à Lewën.



Je lui avais presque crié cette question. Notre lien le mettait-il en danger ? Que risquait-il ? Pourquoi ne l'avais-je pas écouté ?



- Quels risques ? Demandai-je à nouveau à Will cette fois.
- Il risque d'être banni à jamais du royaume, de se voir retirer ses pouvoirs ou pire...
- Tais-toi Will.
- Pire ? Demandai-je en fixant mon regard sur Will.
- Il...
- Ne t'en fais pas, tout va bien se passer.
- Will ? L'interrogeai-je tout de même.
- La reine peut lui infliger la peine de...
- Will ! Le coupa son frère. Laisse-nous.



Will repartit sans plus rien dire, mais il avait été suffisamment explicite pour que je comprenne ce que ce baiser pouvait nous coûter.



- Ne fais pas attention à lui.
- Risques-tu de ....



Je ne pus terminer, prise par une vague de sanglots. Je me mis à pleurer sans pouvoir contrôler le flot de mes larmes. Malgré la douceur des paroles de Lewën, je ne pouvais m'en empêcher. Comment ce moment si merveilleux pouvait-il se terminer en cauchemar ? Ce fut finalement l'épuisement qui eu raison de moi.
Je fus surprise, au petit matin, de me retrouver dans mon lit. Je me redressai subitement et regardai tout autour de moi, cherchant mon ami, mon amour. Je compris très vite que j'étais seule. Il était parti. Avais-je rêvé ? Une enveloppe scotchée à ma fenêtre attira mon attention, je me levai et la saisis d'une main tremblante. Mon prénom était écrit sur le devant. Je l'ouvris et la lus.



Ma princesse,



Pardonne-moi d'être partit de la sorte, je n'ai pas eu le cœur de te réveiller. Ne m'en veux pas et ne crois surtout pas que j'ai un quelconque regret. Si on m'avait dit qu'en acceptant cette mission, je trouverais l'amour jamais je ne l'aurais cru et pourtant. Cependant, tu connais la situation. Nous avons créé ce lien entre nous alors que notre union est refusée. Si tu te concentres, tu peux ressentir mes émotions et sentir tout l'amour que j'ai pour toi.
Tu dois beaucoup m'en vouloir en ce moment même d'avoir filé en douce mais j'espère que ta colère sera passée à mon retour. Je ne sais pas quand je pourrai revenir mais je te promets que je ferai en sorte que cela arrive très bientôt.
Le parfum de tes lèvres me manque déjà ainsi que la douceur de ta peau.
Ne t'inquiètes pas pour moi, tout va bien se passer, je ferai en sorte que tout se passe pour le mieux. Ton anniversaire approche et avec lui ton sacre, j'ai donc peu de temps pour convaincre la reine de consentir à notre union. Je me battrai jusqu'au bout pour notre amour, je leur prouverai que je suis digne de la confiance que tu as en moi et que je serai toujours dévoué à notre royaume.
Vie à fond les semaines qui te séparent de ta couronne. Nous nous reverrons bientôt.



Je t'aime...



Len.



Ps: Je n'ai pas eu le temps de te le dire hier soir, mais tu étais merveilleuse dans ta robe à paillettes. Une vraie princesse de conte de fées.



Une larme coula le long de ma joue avant de tomber sur le papier. Lewën était donc vraiment parti et même s'il disait le contraire, je sentais au fond de moi qu'il y avait un risque que je ne le revois plus jamais.
Je me laissai alors tomber sur le tapis de ma chambre et serrant contre moi le papier me laissai aller à une nouvelle crise de larmes.



- Johanna ? Est-ce que tout va bien chérie ? Me demanda ma mère du couloir.
- Oui, oui reniflai-je.
- Tu es sûre ? Tu ne veux pas m'en parler ? Insista-t-elle en ouvrant la porte.



Je tournai la tête vers elle et l'implorai du regard de venir me réconforter. J'avais besoin de la sentir, réconfortante et aimante comme seule une mère sait l'être.
Elle s'agenouilla près de moi et me serra dans ses bras en me disant combien elle m'aimait et combien elle était certaine que tout allait s'arranger. Elle me caressa le dos jusqu'à ce que je n'ai plus aucune larme à verser et que je puisse lui expliquer ce qui se passait. Ce que je fis sans trop rentrer dans les détails.



- Il est parti Maman, Lewën est parti.
- Il va sûrement bientôt revenir.
- C'est ce qu'il dit dans sa lettre mais au fond de moi quelque chose me crie que ce ne sera pas le cas.
- C'est un garçon débrouillard, s'il t'a dit qu'il reviendrait alors il reviendra.
- Je l'espère.
- Tu l'aimes pas vrai ?
- Oui. Avouai-je en rougissant.
- Et lui, connais-tu ses sentiments ?
- Oui. Il m'aime aussi.
- Alors, il en sera de même à son retour.
- Mais Maman, je n'ai pas peur qu'il ne m'aime plus, de ça j'en suis certaine, j'ai peur qu'il ne revienne pas ou qu'il lui arrive quelque chose.
- S'il t'a dit qu'il reviendrait, il reviendra.
- Et si on l'en empêche ?
- Lewën a-t-il des ennuis ? Me demanda-t-elle soudain inquiète.



Je ne répondis pas, ne sachant pas trop ce que je pouvais lui dire ou non.



- Je crois que oui, et c'est de ma faute.
- Comment ça ?
- Il n'avait pas le droit d'être avec moi et...et disons que le fait qu'on s'embrasse n'est pas bien vu.
- Ce n'était qu'un baiser, il n'y a rien de bien grave à ça. Du moins rien qui puisse mériter qu'il ait de grave ennuis. Vous n'avez fait que vous embrasser pas vrai ?
- Maman. M'offensai-je.
- Réponds à ma question s'il te plaît.
- Oui, oui maman, nous n'avons fait qu'échanger un baiser.
- Et bien, il n'y a rien de bien grave. S'il a désobéi, il va sûrement être réprimandé rien de bien méchant. Ce n'est qu'une amourette d'adolescents.
- Non. Tu ne comprends rien. On s'aime vraiment?
- Je ne doute pas de la force de vos sentiments actuels, je dis seulement qu'ils peuvent changer avec le temps.
- Pas pour nous.
- Très bien, je vous le souhaite. En attendant, tu es une jeune femme forte, et tu vas poursuivre ta vie comme n'importe quelle adolescente de ton âge. Vas vite prendre une bonne douche, tu devais être épuisée hier soir, tu es encore en robe du soir.
- Euh...oui...très. Bégayai-je.



Ma mère se leva.



- Je vais nous préparer un bon petit déjeuner. Ça te dit des gaufres ?
- Je n'ai pas très faim.
- T'en mangeras bien une ou deux quand même. Aller file sous la douche, ça va te faire le plus grand bien.



Sur ces derniers mots, elle quitta ma chambre.
Rassurée, je pris un pantalon de sport, un tee-shirt et des sous vêtements et allai dans la salle de bain.
Une fois sous l'eau, je me laissai aller et me vidai l'esprit. Will avait dit que les protecteurs étaient des guerriers, je devais faire confiance à Lewën. Son courage et son savoir seront renforcés par notre amour. Notre lien sera pour lui un atout, une force supplémentaire et non un inconvénient et il en sera de même pour moi.
Je sortis ensuite de l'eau, forte de cette nouvelle conviction, forte de ma confiance en Lewën, forte de notre amour et de notre lien naissant.
Une fois en bas, j'avalai une gaufre sous les menaces de ma mère et bus mon thé aux fruits rouges qu'elle m'avait préparé.



- Je sors courir maman, à toute à l'heure.
- Couvre-toi bien !
- Ne t'en fais pas.



Aussitôt dehors, j'allai frapper chez Lewën pour voir si Will pouvait m'en dire un peu plus sur les intentions de son frère.



- Salut.
- Bonjour princesse. Me lança-t-il froidement.



Nous restâmes ainsi un long moment à nous toiser sans nous parler. Will finit par rompre le silence.



- Que voulez-vous ? Len n'est pas là.
- Je...je sais, il m'a laissé une lettre. Will, tu dois me dire ce que Lewën risque à cause de notre lien et ce que je peux faire.
- Le sort de mon frère est entre les mains de notre reine, cela dépendra de son humeur. Il a enchaîné les erreurs avec vous, cela pourrait bien lui être fatal.
- Que pouvons-nous faire ?
- Nous ? Moi je ne peux rien faire, votre relation lui avait valu d'être retiré de sa mission mais votre lien...Mieux vaut que je m'en tienne aux ordres.
- C'est ton frère, tu ne peux pas le laisser !
- Lewën en a toujours fait qu'à sa tête. Il n'a jamais voulu m'écouter. Je lui avais dit de se tenir à distance de vous, de prouver qu'il était capable de respecter nos lois à la lettre et au lieu de ça, il vous a embrassée.
- Ce n'est pas lui. C'est moi qui l'ai embrassé.
- Peu importe, le lien est créé.
- Pourquoi la reine s'oppose-t-elle à notre union ? En tant que protecteur, Lewën connaît vos lois, il sait se défendre, il serait un bon roi non ?
- Il pourrait effectivement. Seulement...Entrez, je vais vous raconter une histoire.









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