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5 mai 2012

Chapitre 9




Dimanche fut vite arrivé. Depuis les événements avec Lewën quelques jours auparavant, je ne l’avais pas revu, pas même en cours. Il avait même refusé de m'ouvrir lorsque j'étais passée pour lui apporter les devoirs faisant mine de ne pas être là. Je n'avais toujours pas eu d'explication sur ce qu'il s'était passé et ce qu'il y avait dans cette forêt.
Ce matin, j'avais rendez-vous avec Stella, nous devions nous rendre chez Méloé. Je mis mon manteau, fixai mon bonnet sur ma tête et entourai mon cou de mon écharpe. Les béquilles à la main, je me rendis d'abord chez Lewën avant de retrouver mon amie. Ma mère travaillait aujourd'hui, elle ne verrait pas que je me rendais une fois de plus jusqu'à sa porte, ainsi personne ne se poserait de question sur mon insistance.
Je frappai à plusieurs reprises.

- Lewën ! Lewën. Répétai-je. Je sais que tu es là. Ouvre ! On doit parler !

En effet, j'avais beaucoup de questions à lui poser. Il était le seul à entendre les voix de la forêt. De plus, il s'était battu et avait été blessé. Qui lui avait fait ça ? Et pourquoi vouloir me garder dans les bois à tous prix ? Je devais aussi m'excuser d'avoir tenté de l'embrasser, visiblement, il ne partageait pas les même sentiments que moi et avait été gêné par mon attitude.
Une fois de plus, je n'eus aucune réponse. Inutile d'insister. Ce garçon était vraiment têtu, mais tôt ou tard il faudrait bien qu'il me réponde.
Une voiture klaxonna.



- Mon père nous conduit chez mélo finalement. Me cria Stella de la voiture.
- J'arrive.
- Doucement. Ne va pas glisser.



Une fois au chaud dans la berline, je pus me découvrir un peu.



- Tu essayais encore d'aller voir Lewën !
- Je voulais lui laisser les cours mais il ...
- Il n'a pas ouvert !
- Exact.
- Ce garçon est vraiment bizarre.



J'avais raconté le minimum à Stella. J'avais besoin de me confier. Je lui avais raconté que j'étais allée dans les bois et qu'un animal m'avait attaquée. Je lui avais expliqué que pour me laisser le temps de me mettre en sécurité Lewën était intervenu et qu'à son retour, il était dans un sale état. Mais tout cela, elle l'avait aussitôt oublié lorsque je lui avais révélé que j'avais essayé de l'embrasser et qu'il s'était écarté. Tout ce que Stella voyait, c'était que j'étais de nouveau amoureuse. L'étais-je vraiment ? Où avais-je simplement besoin d'un peu de tendresse ?



- Voilà les filles. Je viens vous reprendre dans deux heures comme convenu.
- Merci monsieur. Dis-je avant de descendre.
- Merci pa'.



Nous ne passâmes pas par le magasin et montâmes directement dans l'appartement de notre amie en passant par la porte côté rue. Au premier coup de sonnette, Méloé nous ouvrit la porte et nous serra dans ses bras.



- Oh les filles. Je suis tellement contente de vous voir. Mais...Que t'est-il arrivé ? Me demanda-t-elle en désignant mes béquilles.



- Elle est tombée en voyant à la piscine le beau Lewën en maillot. Se moque Stella.



Elle n'a pas tort, c'est effectivement parce que j'avais la tête perdue sur ses superbes muscles que j'avais omis de regarder où je marchais. Mais ça, il était hors de question que je le lui avoue.



- N'importe quoi ! Me défendis-je. Il y avait de l'eau et j'ai glissé sur le rebord de la piscine voilà tout.
- Je te taquinais. Ronchonna Stella.
- Tu n'as pas trop eu mal ?
- Si beaucoup sur le coup mais ça va déjà beaucoup mieux.



Nous nous installâmes sur le lit de notre amie et Stella entreprit de lui raconter les derniers ragots du lycée. Ce n'est qu'en entendant le nom de Marin au bout d'un long moment perdue dans mes rêveries que je reconnectai mon cerveau à la conversation.



- Quoi ? Qu'as-tu dis sur Marin ?
- Oh, pas grand chose. Juste qu'il était fou amoureux de toi !
- Stella. M'agaçai-je. J'aimerais bien que tu t'abstiennes de dire n'importe quoi. Je vois pas ce qui te fait dire ça ? Te l'a-t-il dit ?
- Tu es bien susceptible aujourd'hui Jo. Que t'arrive-t-il ? Me demanda Méloé.
- Rien. C'est juste que ça m'agace qu'on me prête des amourettes alors qu'il ne se passe rien. J'ai rompu il y a peu de temps avec Erwan, ça ne serait vraiment pas cool.
- Je ne fais que dire ce qu'on m'a raconté. Se défend aussi notre amie.
- Qui t'a dit ça ?
- Je ne révèle jamais mes sources, mais elle a dit qu'elle vous avez vus dans un couloir et que vous étiez proches, très très proches. Comme si vous alliez vous embrasser.



Le jour de la dispute me rappelai-je aussitôt. Ce jour là, Marin et moi étions effectivement sur le point de nous embrasser mais ça ne signifiait rien, au final nous ne l'avions pas fait.



- On t'a mentit. Dis-je pour me défendre et m'éviter toutes sortes d'explications.
- Et si je dis que Lewën a refusé de t'embrasser ! Je mens là aussi ?
- Stella ! M'énervai-je.



Je n'avais vraiment pas imaginé ma journée ainsi. Alors que je pensais que j'allais bien m'amuser, ma tête était prise par Lewën et mes amies se révélaient mes secrets.



- Vous voulez bien m'expliquer ce qu’il se passe entre vous aujourd'hui ? Et puis qu'est-ce que c'est que cette histoire de baiser avec Lewën ?



Je restais muette alors Stella prit la parole.



- Alors là, il faut le demander à Johanna.
- Je n'ai rien d'accord ! On peut parler d'autre chose que de mes supposés amours ou des vestes que je me suis prise.
- Visiblement, tu sembles contrariée par Lewën.
- Oui. Mais je n'ai pas très envie d'en parler. J'ai essayé de l'embrasser, je pensais qu'il en avait envie lui aussi mais finalement, il s'est écarté et m’a demandé de partir.
- Comme tu veux mais si tu changes d'avis.
- Je sais, vous êtes là.



Devant ma gêne, les filles changèrent enfin de sujet. Pour le peu que j'en compris, elles parlaient des cours. On ne peut pas dire que j’étais vraiment avec elles, mon esprit oscillait plutôt entre Marin et Lewën. Pourquoi avais-je voulu les embrasser tous les deux? Ils étaient tellement différents. Un début difficile avec Marin m'avais finalement conduite dans ce fameux couloir à la limite de lui céder et Lewën partageait avec moi les voix de la forêt, il m'avait protégée au risque d'être blessé et pourtant au moment de m'embrasser, il s'était éloigné.



- Jo, tu es avec nous ?
- Oui, désolée, j'ai la tête ailleurs aujourd'hui.
- Pas grave.
- Les filles ! Appela la mère de Méloé. Luc est arrivé.



Luc était le père de Stella, et je dois dire que j’étais ravie qu'il soit déjà là, car je n'avais qu'une hâte, parler à Lewën, enfin s'il acceptait de m'ouvrir.
- Déjà ! S'exclamèrent mes deux amies en chœur.






****



À peine la voiture repartie, je me dirigeai vers chez Lewën, bien décidée à avoir des réponses, même si je devais y passer le reste de la journée. Je frappai à nouveau comme une acharnée.
- Lewën! Je ne bougerai pas d'ici tant que tu ...
- Tant que je quoi ? Me demanda-t-il derrière moi.

Je me retournai vers lui. Lewën était planté à deux pas et me regardait, un grand sourire étirant ses lèvres.

- Oh, tu es là ! Je te croyais à l'intérieur.
- Ça fait longtemps que tu attends ?
- Qu'est-ce que ça peut faire ? De toute façon tu aurais refusé de m'ouvrir comme hier et avant hier. Non ?
- Attends Johanna, je ne comprends pas tout.
- Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? Que tu m'aies laissé devant la porte attendre pour rien faisant semblant de ne pas être là ou que tu n'aies donné aucune nouvelle depuis...depuis que tu m'as jetée dehors !
- Tu ne voudrais pas qu'on rentre se mettre au chaud pour parler?
- Non. Dis-je. Surprise moi-même par ma colère.
- Très bien. Comme tu voudras. Tu veux savoir pourquoi je ne t'ai pas ouvert ? C'est bien ça ?
- Oui !
- Et bien c'est simplement parce que je n’étais pas là !
- Tu...
- Je suis parti quelques jours.
- Tu n'aurais pas pu...
- Te prévenir ? Bon maintenant tu veux bien rentrer avant qu'on ne tombe malade ?
- Je...euh...Ok.


Lewën ouvrit la porte et me la tint pendant que j'entrais. Il m'invita ensuite à rejoindre le canapé pendant qu'il allait nous faire du thé et s'installa face à moi en s'asseyant sur sa table basse.

- Je suis désolé Johanna que tu aies pu penser que je ne voulais pas te parler.
- C'est moi qui me suis fait de fausses idées.
- Jamais je ne me permettrais d'être à la maison en te laissant à la porte.
- Tu en aurais le droit si tu étais en colère.
- Même en colère. C'est l'une de nos lois !
- Il y a une loi qui dit que tu n'as pas le droit de laisser une fille sur le pas de ta porte ! Sérieusement ?
- Non rit-il. Il y a une loi qui dit et je cite : « Les protecteurs doivent obéissance à la famille royale ! »
- Lewën...Il n'y a plus de roi depuis longtemps en France. Et qui sont les protecteurs ?

Il me regardait dans les yeux, rivant son regard au mien. Lewën prit le temps de réfléchir avant de reprendre.

- Tu ne connais rien de notre monde n'est-ce pas ?
- De quoi parles-tu ? Tu es vraiment bizarre aujourd'hui.
- Je te parle de ce que nous sommes. De ce que tu es. De nos lois. De ce qu'il y a dans cette forêt.

Était-il en train de devenir fou ? Qu'avait-il fait pendant son absence ? Où était-il ?

- Je suis un protecteur Johanna.
- Ok et c'est quoi ?
- Tu ne me crois pas ?
- Je veux bien croire ce que tu me dis. Mais je ne comprends pas de quoi tu me parles.
- De fées Johanna, je te parle de fées.
- Qu'est-ce qu'il y a dans ton thé ?
- Des plantes mais rien à voir. Je ne suis pas en plein délire.
- Tu te prends pour un petit être féminin avec des ailes dans le dos et des pouvoirs magiques et tu prétends ne pas être dans une crise de paranoïa.

Lewën éclata de rire. Pas d'un rire moqueur. Non, non. D'un rire franc et sincère. Il lui fallut bien cinq bonnes minutes avant qu'il ne se calme et cela commençait à me mettre les nerfs en pelote.

- Contente de t'avoir fait rire ! Dis-je agacée.
- Ce n'est pas toi, je n'ai pas pu m'empêcher d'imaginer un copain en petite robe rose et grandes ailes assorties dans le dos.
- Si tu voulais bien reprendre ton sérieux et répondre sincèrement à mes questions j'apprécierais.
- Ok. Demande, je répondrai.

Je ne m'attendais pas à cette réponse, tant de questions se bousculaient dans ma tête et se disputaient le droit d'être posées en première. Par laquelle devais-je commencer ?



- Que s'est-il passé dans les bois ?
- Vas-tu me croire si je te dis que c'était des lutins?
- Mais bien sûr et puis moi je suis la reine des fées !
- Pas encore, mais bientôt.
- Ce n'est pas drôle !
- Laisse-moi te le prouver alors...
- Vas-y. Dis-je dans un soupir.
- Très bien, ferme les yeux et ne les ouvre que lorsque je te le dirai.
- Et ensuite tu me diras la vérité ?
- C'est déjà ce que je fais! Ferme les yeux.



J'obéis, me sentant idiote de rentrer dans son jeu. J'eus ensuite la sensation que quelque chose d'humide venait de se poser sur le bout de mon nez, je me le frottai du bout du doigt et attendis qu'il me demande de rouvrir les yeux mais très vite cette sensation étrange revint, pas seulement sur mon nez mais sur l'ensemble de mon visage.



- Sans ouvrir les yeux tends les mains devant toi.



J'écoutai ce qu'il me demandait. Je le sentais déposer quelque chose dans mes mains, comme des plumes, ou tout du moins, quelque chose de léger, de très léger et de froid.



- C'est bon, ouvre les yeux.



Je fus émerveillée, tout autour de nous, tombaient de magnifiques flocons de neige, il neigeait alors que nous étions dans son salon. Je me redressai mais sans mes béquilles, me tenir en appui sur ma cheville fut difficile et si Lewën ne m'avait pas retenue, je serais tombée. Il avait simplement passé son bras autour de ma taille, mais cette simple proximité faisait papillonner mon cœur. Je levai les mains vers le plafond et tentai d'attraper les cristaux glacés qui tombaient de nulle part. Je n'en revenais pas.



- Tu veux bien croire à la magie maintenant ? Me demanda-t-il tout doucement comme s'il ne voulait pas rompre le côté irréaliste de cet instant.



Je me tournai face à lui et hochai doucement la tête, encore hésitante, mais comment ne pas y croire alors que la neige tombait délicatement au-dessus de nous sans pour autant venir du ciel et sans recouvrir le sol. Entraînée par ce moment incroyable, je me penchai vers lui pour l'embrasser mais me rappelai de sa réaction et me ravisai. Je restai simplement, le regard perdu dans le sien et profitai de la sensation agréable des flocons qui se posaient sur moi avec douceur.
Lewën attendit que je lui pose une autre question pour faire cesser la neige.



- C'était vraiment des lutins ?
- Oui, hélas.
- Sont-ils tout petits avec des chapeaux pointus comme dans les contes de fées?



Lewën esquissa un sourire en coin. J'aimais ce sourire.



- Non. Ils sont effectivement un peu plus petits que la taille moyenne des humains mais ils n'ont rien de mignon comme ceux de Blanche Neige.
- Ce ne sont pas plutôt des nains dans Blanche Neige ?
- Euh, oui. Rigola-t-il. C'était pour le rapprochement avec les contes. En fait, ils n'ont pas grand chose de vraiment humain. Leurs membres sont très minces et leurs doigts se terminent par des griffes épaisses, très pointues et extrêmement coupantes. Leurs vêtements sont sales, recouverts de boue, de mousse, ce qui les aide à passer inaperçus dans les bois pour les gens qui ignorent leur existence. Leur jambes sont continuellement fléchies, un peu comme des vieillards, ils se tiennent d'ailleurs souvent en appui sur leur bâton, c'est de là que vient leur magie. Il ne faut pas te fier à leur allure chétive, ni à leur équilibre fébrile, ils sont très forts et extrêmement rapides.
- Ils ont l'air terrifiant.
- Ne t'en fait pas. Ils ne sortent pas des bois.
- Pourquoi veulent-ils que je les rejoigne ? Qu'attendent-ils de moi ?
- Ils veulent sûrement t'unir à l'un d'eux...
- Pourquoi moi ?
- Parce que tu es amenée à devenir reine dans quelques années et que tu régneras sur ton peuple mais aussi celui de ton époux et vis versa. Ce qui veux dire qu'unie à un lutin, il aura le pouvoir sur tous ceux de notre espèce.
- Jamais je ne ferai ça !



La simple idée de m'unir à un tel monstre me soulevait l'estomac. Comment pourrais-je aimer, embrasser et épouser une telle créature ?



- Quand le moment sera venu Johanna, tu devras te choisir un époux, qu'il soit fée comme nous, elfe, esprit des forêts, des eaux ou même lutin. Quand ton choix sera fait, vous prononcerez vos promesses et vous unirez. Ce n'est qu'à ce moment que tes pouvoirs se manifesteront et lorsque votre union aura été...comment dire...consommée, vous partagerez votre règne sur vos deux peuples.
- Qu'entends-tu par consommée ? Tu ne suggères pas que ...
- Lorsqu'une princesse consomme son mariage pour devenir reine, elle s'offre corps et âme à son époux. Elle ne peut en avoir qu'un tout au long de sa longue existence, c'est pour cela que tu dois être certaine de ton choix. Il n'est pas seulement question d'amour, mais de confiance aussi, tu lui confieras nos vies à tous.
- Et si je ne veux pas de cette responsabilité ?
- Tu ne comprends pas, tu n'as pas le choix. Tout comme ta mère l'a fait, tu devras te plier à cette règle. Et je suis justement là pour y veiller.
- Parce que tu es un protecteur !
- Oui, parce que j'ai juré de te protéger au péril de ma vie.
- N'es-tu pas jeune pour une telle promesse ?
- Nous ne vieillissons pas vraiment comme les humains.
- Comment ça ?
- Un protecteur devient adulte à l'âge de vingt ans, ce qui représente l'âge de seize ans chez les êtres humains.
- Ce qui veut dire que tu as ...
- J'ai dix-neuf ans ici, bientôt vingt, même si je prétends en avoir dix-sept pour pouvoir te protéger. Donc chez nous, je vais fêter mes vingt-quatre ans.



J'ouvris de grands yeux. Tout ce que Lewën me racontait me semblait tellement incroyable.



- Ne soit pas choquée, chez nous, tu vas avoir vingt-deux ans.



Je venais de vieillir de quatre ans en une minute, d’apprendre que des lutins voulaient s'unir à moi, que j'étais une princesse qui allait bientôt être reine. Beaucoup d'informations digne d'un conte !



- Tu ne plaisantais pas alors quand tu m'as dit qu'une princesse ne devait pas faire certaines choses.
- Non. Ce n'est pas ton rôle de prendre soin de moi, c'est le mien.
- Mais je n'ai rien d'une princesse. Regarde-moi !
- Je te regarde justement et je vois la plus belle, la plus douce et la plus merveilleuse des futures reines. Non pas que ta mère, notre reine actuelle ne soit pas belle, loin de là, tu as même ses yeux, mais tout ça pour dire que tu seras parfaite.
- Tu parles de ma mère comme d'une reine, mais que fait-elle au juste ?
- Elle veille sur notre peuple bien sûr.
- Et elle ne m'a rien dit !
- Johanna...comment te dire ça...Ta mère n'est pas...ce n'est pas celle que tu crois ! Elle vit dans notre monde pas ici.
- Ma mère c'est Sarah !
- Je suis désolée de devoir te dire cela, mais Sarah n'est que celle qui t'a élevée. Ton père...
- Tu ne sais rien de mon père alors...
- Il...ok.



Une question me brûlait les lèvres, mais pouvais-je vraiment la poser?



- Je peux vraiment tout te demander ?
- Oui.
- Et tu répondras franchement ?
- Évidemment.



Je pris une grande inspiration et lâchai ma question comme elle venait.
- Ne suis-je pas assez bien pour toi, que tu aies refusé de m'embrasser et mise à la porte ?
- C'est ce que tu penses ?
- Je ne sais pas vraiment quoi penser...
- Je te trouve parfaite et ce n'est pas toi qui n’es pas assez bien pour moi mais l'inverse. Je ne suis pas de sang royal, je ne suis qu'un protecteur.
- Mais...
- Laisse-moi finir s'il te plaît. Si j'ai refusé de t'embrasser c'est parce qu'un simple baiser pour des humains représente bien plus pour notre peuple. Je t'ai demandé de partir car j'avais bien trop peur de céder.
- Que signifierait ce baiser ?
- Que tu me choisis, que c'est moi que tu aimes et que tu me veux auprès de toi pour régner.
- Et si je faisais ce choix !
- Impossible. Je te l'ai dit, je ne suis pas de ton rang, je ne peux prétendre être celui qu'il te faut.
- Mais je suis une princesse non ?
- Content que tu me croies enfin.
- Si je suis princesse, et que tu dois prendre soin de moi, que se passerait-il si je te choisissais ?
- Tu n'en as pas le droit Johanna. Nous ne pouvons être ensemble, c'est ainsi.



Il me déposa un tendre baiser sur le front et me sourit d'un air triste.



- Je ferais mieux d'y aller.
- Je suis désolé Johanna.
- Alors ma vie va se résumer à ça ? Ma vie est toute tracée, je n'ai le choix de rien ?
- Au contraire, tu as le choix pour tout. C'est toi qui devras faire les choix les plus importants pour notre peuple.
- Mais pas de choisir celui que je veux.
- Si, mais simplement tu devras le faire parmi ceux de ton sang.



Vexée, je remis mon manteau et partis sans me retourner. C'était décidé, je choisirai du tournant de ma vie, personne ne déciderait à ma place, ni lutin, ni protecteur, ni reine mère inconnue. Personne.

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