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19 mai 2012

Chapitre 11




Ce matin, quand le réveil sonne, je suis à la fois excitée et inquiète. J'ai passé la plus grande partie de la nuit à écrire ma lettre, les mots ne me semblaient jamais assez forts pour retranscrire mes attentes. Il faut absolument que Lewën parvienne à les convaincre car je ne veux pas laisser ma mère derrière moi, je ne veux pas non plus qu'on m'oublie.
Dans ma lettre, je leur demande, non je les prie de me laisser garder ma mère auprès de moi et de laisser la mémoire à mes amis. Je leur explique que je pourrais simplement dire que nous déménageons et ainsi personne ne m'oublierait. Je sais que ma demande est un peu égoïste, qu'il serait sans doute plus facile pour tout le monde de continuer de vivre sans connaître mon existence mais alors ce serait comme si je n'avais rien fait durant les dix-sept premières années de ma vie. Je ne veux pas de ça.
Lewën l'ignore, mais dans ma lettre je leur demande aussi de m'accorder le droit de sortir avec lui. J'explique que je veux créer le lien avec lui mais qu'il refuse n'ayant pas leur approbation.
L'heure de partir pour le lycée arrivée, je sortis et retrouvai Lewën devant chez moi. Mon cœur battait la chamade. Il se tenait là, devant moi, souriant, me regardant marcher vers lui.



- Salut. Me lança-t-il en me serrant dans ses bras.
- Salut. Répondis-je après avoir inspiré à fond l'odeur de son parfum. Tiens ! Repris-je en lui tendant la lettre.
- Merci. Johanna, je vais faire de mon mieux et j'espère ne pas te décevoir.
- Tu ne me décevras jamais. S'ils refusent, je trouverai une autre solution, et s'ils la refusent encore et bien j'en chercherai de nouvelles. J'ai deux mois pour trouver les bons arguments.
- Tu n'abandonneras pas, n'est-ce pas ?
- Non, jamais.
- Bon, j'y vais. Je passerai te voir à mon retour.
- Il me tarde déjà.



Lewën s'éloigna et se dirigea vers un taxi qui venait d'arriver.



- Attend ! L'interpelai-je.



Il se stoppa, la main sur la portière ouverte, et me regarda.



- Je...je leur parle de nous dedans aussi, je leur demande leur accord.



Il me sourit, entra dans la voiture et me fit un petit signe de la main avant de refermer la porte et de partir.
Seule avec mon stress décuplé, je pris le chemin des cours en me demandant comment j’allais expliquer mon état d'énervement. Comme presque tous les matins, je croisai Marin en chemin. Il me salua et nous nous mîmes en chemin.
Je ne savais pas si je devais toujours aller au bal avec lui. Ma relation avec Lewën progressait doucement et dans le fond c'était avec lui que je voulais y aller. Nous n'en avions pas parlé hier soir et je ne savais pas s'il voulait y aller ou même s'il nous considérait ensemble ou non. Je décidai d'être honnête avec Marin.



- Il faut que je te dise quelque chose lançai-je gênée, sans savoir trop comment aborder le sujet.
- Je t'écoute.
- Je ne...je ne suis pas certaine que ce soit une bonne chose qu'on aille au bal ensemble.
- Pourquoi ça ?
- Parce que je suis plus ou moins avec Lewën maintenant et que ce ne serait pas très juste de te laisser croire des choses.



Le visage de mon ami passa par plusieurs expressions avant qu'il ne reprenne la parole.



- Tu lui as demandé de t'y accompagner ?
- Non.
- Dans ce cas, allons y ensemble...en amis...
- Je ne peux pas te demander une telle chose. Tu devrais te trouver une autre cavalière, ça me semblerait plus juste.
- Mais je n'ai pas envie d'y aller avec quelqu'un d'autre. C'est avec toi que je veux partager cette soirée. Je t'aime Johanna, comment peux-tu ignorer ça.
- Je...
- On s'est presque embrassés et je pensais que tu attendais un peu par rapport à Erwan.
- Je t'aime beaucoup aussi mais...c'est impossible entre nous.
- Pourquoi ? Qu'est-ce que Lewën a de plus que moi ?
- Ce n'est pas une question de qualité en plus ou en moins. C'est juste que toi et moi on ne peut pas être autre chose que des amis. Ce baiser aurait été une erreur.
- Je ne suis pas d'accord avec toi. On serait bien ensemble.
-Marin...



Je me tus, je ne pouvais pas lui dire que j'allai disparaitre et que s'il m'aimait il serait le seul à se souvenir de moi.



- Marin. Repris-je. Tu ne dois pas m'aimer.
- Trop tard. Alors on fait comment ?
- Tu dois m'oublier, je...c'est Lewën que j'aime.
- Il n'est même pas là ! Jamais je ne le vois avoir une attention pour toi, comment peux-tu le choisir lui ?



Jamais je n'avais vu Marin dans une telle colère. Je comprenais qu'il soit déçu et sa colère était justifiée puisqu'il pensait m'aimer mais la seule façon de le protéger, était d'être franche et de lui faire comprendre qu'il ne fallait pas qu'il s'accroche à quoi que ce soit qui nous inclurait ensemble. Si je devais le perdre en tant qu'ami pour le protéger alors je devais le faire.



- Tu ne le connais pas, tu ne sais rien de notre relation. Marin, je suis vraiment désolée si je t'ai laissé penser qu'il y aurait un nous autre qu'amical.
- Et moi je suis désolé de t'avoir rencontrée. C'est pas juste, tu t'es servie de moi pour l'avoir lui.
- Non...ce...
- Ne viens plus jamais me parler, tu m'entends, jamais plus.



Il accéléra le pas alors que je m'arrêtais blessée par cette dernière phrase. Ça ne faisait pas très longtemps que Lewën était parti mais à ce moment très précis, il me manquait et j'avais besoin qu'il me rassure. Je composai son numéro avant de reprendre ma route tout en espérant qu'il réponde. J'allais couper après une série de sonnerie quand il décrocha surpris de mon appel. Je lui expliquai donc ce qui venait de se passer, les sentiments de Marin, sa réaction, ma confusion...j'aurais voulu qu'il me propose de m'y accompagner mais il n'en fit rien. Cependant, il me rassura, il était convaincu pour deux de la bonne décision que j'avais pris. Lewën parvint presque à me convaincre qu'en deux mois il aurait le temps de m'oublier et qu'ainsi sa mémoire pourrait être effacée. Finalement, être oubliée semblait une bonne idée, le doute s'emparait de moi. Je demandai donc son avis à mon ami qui me conseilla de laisser les choses comme elles devaient se faire, il était persuadé que cela était mieux pour mes amis. Je capitulai et dis à Lewën de passer ce passage, mais j'insistai sur le fait que je voulais ma mère auprès de moi et qu'il parle de nous.



- Je ne sais pas si c'est une bonne idée mais je le ferai si tu le souhaites.
- Je veux qu'on puisse être ensemble.
- Mais on pourrait l'être sans s'unir.
- Et dans deux mois ? Nous serons séparés pour qu'on m'unisse à un autre ! Certainement pas.
- Ok, je leur parlerai de nous et de ta mère.
- Merci.
- De rien.



Avant qu'il ne raccroche, je lui demandai s'il voulait venir avec moi au bal.



- Je suis flatté que tu me le demandes.
- Mais ...
- Il n'y a pas de mais, tu connais mes sentiments.
- À ce soir alors.
- Oui, à ce soir.



Nous coupâmes et j'achevai les derniers mètres qui me séparaient du lycée. J'étais encore sur mon petit nuage, heureuse d'aller à cette soirée avec celui que j'aimais quand en rejoignant mes amis, je croisai le regard assassin de Marin.
Je baissai les yeux et rejoignis Méloé et Stella. Elles discutaient de garçons, de robes et de musique. Du bal devinai-je.



- Ton cavalier à l'air de mauvaise humeur. Me lança Méloé.
- Ex cavalier et c'est ma faute s'il est dans cet état.
- Comment ça ex cavalier ? Me demanda Stella.
- Je lui ai dit que...j'ai invité un autre garçon.
- Qui ça ?
- Vous verrez bien samedi. Mais disons que Marin l'a très mal pris.
- On peut le comprendre, pourquoi en inviter un autre alors que tu lui avais demandé ?
- Parce que j'en aime un autre et que je ne trouvais pas ça juste d'y aller avec lui quand même.
- Qu'a-t-il dit ? Me demanda Stella.
- Qui ?
- Marin évidemment.
- oh. Marin a dit qu'il voulait y aller avec moi, qu'il m'aimait et qu'il ne comprenait pas que je puisse préférer Le...
- C'est avec Lewën que tu y vas ! S'exclama Stella.



Je devrais apprendre à réfléchir avant de parler.



- Allez, réponds-moi. Insista mon amie.
- Oui. T'es contente ?
- Si tu l'es oui. Vous sortez ensemble alors...
- Je ne sais pas, mais il a accepté de m'accompagner au bal c'est déjà ça.
- Je suis contente pour toi. Me dit Méloé en me prenant dans ses bras. Et ne t'en fais pas, Marin s'en remettra, c'est juste son orgueil qui en a pris un coup.
- Et moi. S'écria Stella en nous rejoignant et en nous serrant Mélo et moi contre elle. Méloé a raison, il s'en remettra. Bon alors dis-nous tout sur Lewën et toi !



Gênée, je fus soulagée que la sonnerie annonce le début imminent des cours. Je connaissais Stella et sa grande curiosité. Elle allait vouloir tout savoir, s'il m'avait embrassée, ce qu'il m'avait dit, si nous avions passé du temps ensemble, comment je lui avais demandé de m'accompagner danser...et toute une série de questionnements auxquels je n'aurai pas de réponses suffisamment croustillantes à lui donner.
Les cours se succédèrent sans que je sois à cent pour cent concentrée sur ce que racontaient les profs mais suffisamment pour prendre quelques notes et faire mine de suivre.
Je profitai de la pause déjeuner pour aller voir comme convenu le directeur, au moins, je ne risquerais pas de tomber sur Marin et son regard plein de reproches.
La secrétaire me fit attendre car il y avait déjà quelqu'un dans le bureau. J'hésitai entre revenir plus tard et attendre là. Je choisis de patienter, mauvais choix. Marin entra. Il me jeta un bref regard et se dirigea vers la secrétaire. Je ne pus détacher mon regard de son dos, de son poing crispé qui reposait le long de sa cuisse. Ils parlaient bien trop doucement pour que je parvienne à entendre la conversation.



- Bonjour Johanna, entre. Me lança le directeur en me voyant assise.



Je passai près de Marin, la tête basse, honteuse de la situation mais persuadée que j'avais fait le bon choix pour lui.



- Assieds-toi.



J'obéis.



- Que me vaut cette visite ?



Comme s'il ne le savait pas.



- Je viens m'excuser d'être partie sans prévenir hier.
- C'est une initiative très positive mais pourquoi être partie de la sorte ?



Je lui ressortis la même excuse qu'à ma mère. Si elle n'avait pas décelé le mensonge il en serait incapable également.
Ce fut le cas, il me retint quelques minutes afin de discuter un peu avec moi, il essaya de lancer le sujet sur mon père mais je l'esquivai prétextant l'imminente fin de la pause. Il m'excusa pour mon erreur de la veille et me laissa repartir.
J'allais prendre un sandwich et le manger en salle d'études. Je ne voulais ni croiser Marin, ni affronter les questions des filles.
L'après-midi se déroula tout comme la matinée, sous le stress et l'inquiétude. Je me demandais si Lewën était arrivé à destination, s'il leur avait parlé. Que lui avaient-ils répondu ? Étaient-ils d'accord pour que ma mère vienne avec moi ? Acceptaient-ils notre union ? Tant de questions qui allaient devoir attendre ce soir, qu'il soit de retour.
En sortant du lycée, après le dernier cours, je consultai mon portable des fois qu'il ait laissé un message pour me tenir au courant. Rien. Stella et Méloé me retrouvèrent et nous allâmes comme prévu à la boutique afin de nous trouver une robe pour le lendemain. Nous nous y prenions tard mais nous étions confiantes, avec le planning que nous avions tous eu nous ne serions sûrement pas les dernières à trouver notre robe.



- Que penses-tu de celle-ci ? Me demanda Méloé dans une jolie petite robe de couleur pêche.
- Oui, je suis pas certaine que ce soit vraiment une couleur pour toi.
- Ok. Me répondit-elle en se dirigeant vers une petite robe courte en satin blanc et à la large ceinture noire.



Stella sortit au même moment dans une superbe robe bustier, la jupe constituée de volants en organza et tulle, le tout de couleur bleu ciel.



- Elle est magnifique, tu es magnifique dans cette robe.
- Sûre ?
- Oui.
- Bon, je la garde. Et toi alors, laquelle tu choisis ?
- Je ne sais pas encore, j'attendais que l'une de vous ait fini.
- Allons voir où est ta robe...



Nous écumâmes plusieurs rayons avant de tomber sur une magnifique petite robe pailletée de couleur violette. Je la pris et allai la passer.
Elle était parfaitement à ma taille, une fois les fines bretelles réglées. Une fois sortie, Stella noua la ceinture satinée sous ma poitrine.



- Tu es superbe Jo. S'exclama Méloé.
- Elle a raison, tu devrais garder celle là.



Ce fut ce que je fis.
Nos emplettes terminées, je rentrai donc chez moi pour attendre Lewën. À ma montre, dix-huit heures, je me demandais vers quelle heure il serait de retour. J'avais largement le temps de faire mes devoirs, je m'allongeai donc à plat ventre sur mon lit, mon manuel et mon cahier face à moi. Crayon en main, je me mis au boulot. Je sortais de temps en temps mon nez de mes livres pour consulter l'heure, mais cette dernière avait décidé de me rendre folle ou bien était-ce le temps qui refusait de passer ?
Mes leçons revues, mes exercices faits, je commençai à tourner en rond alors que ma montre m'indiquait qu'une petite heure était passée. Ma mère allait bientôt arriver et j'espérais que Lewën serait là lui aussi pour le dîner. Je descendis mettre la table et préparai le dîner histoire de m'occuper. Je mis de l'eau à bouillir avec un peu de sel et plaçai les assiettes sur la table du salon. Devais-je mettre deux ou trois assiettes ? Je décidai de compter Lewën et de lui mettre une assiette et des couverts.
L'heure du dîner arriva, ma mère et moi nous mîmes à table. Visiblement Lewën ne serait pas des nôtres pour le dîner. Quand l'horloge du salon indiqua vingt et une heures, je quittai ma mère et montai dans ma chambre.



- Tout va bien chérie ? Me demanda-t-elle avant que je ne quitte la pièce.
- Oui. Lui répondis-je sans enthousiasme.
- Tu es déçue que Lewën ne soit pas venu dîner ?
- Il a dû être retardé.
- Sûrement oui, tu le verras demain en cours.



Je lui souris et montai.

1 commentaire:

Sandrine a dit…

olala alors tu nous tiens en haleine. vivement la suite.
à plus