La page Facebook de mes lectures et écris

Découvrez ma page Facebook

16 avril 2012

Chapitre 7



J'avais beau me tourner et me retourner dans tous les sens, impossible de retrouver le sommeil.
Le réveil indiquait 6:02. Je décidai finalement de me lever.
J'enfilai ma chemise de nuit, pris de quoi m'habiller; un jeans, un tee-shirt noir à manches longues, un pull tunique noir et gris. Je sortis mon bonnet, mon écharpe ainsi que mon blouson fourré à capuche noir et filai sous la douche.
Je restai un long moment sous l'eau ruisselante, tentant de faire disparaitre toutes ces images qui me trottaient dans la tête depuis la veille. Vue la journée de la veille, j'appréhendais d'aller au lycée ce matin. Sûrement la raison de cette très mauvaise nuit. L'effet de la douche n'étant pas suffisant pour m'enlever le visage de Marin prêt à m'embrasser, je finis par sortir et m'habiller.
Histoire de m'occuper l'esprit, j'entrepris de tout ranger dans ma chambre mais une fois fait, le réveil annonçait 6:58. Le temps avançait si doucement.
Je me mis à la fenêtre histoire de voir le temps d'aujourd'hui. La neige était encore beaucoup tombée et recouvrait l'ensemble du paysage visible de ma chambre. Je finis par descendre préparer le petit déjeuner. Ma mère se levant vers huit heures, j'avais largement le temps de préparer quelques crêpes.


Quand ma mère descendit, elle fut surprise de me trouver là. Dans la pièce, une délicieuse odeur de café se rependait.


- Jo, tu es déjà levée !
- Oui dis-je souriante et j'ai fait le petit déj.
- Je vois ça. Me répondit-elle en fixant l'énorme pile de crêpes. Tu en as fait pour un régiment. On pourrait inviter tout le quartier.
- On en aura pour le goûter comme ça.
- Tu pourrais peut-être en amener à notre charmant petit voisin.
- Euh...je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Il dort peut-être encore.
- Johanna...Vous êtes censés partir d'ici vingt minutes. Crois-tu vraiment qu'il dorme encore ?
- Ok, j'y vais.


Alors que j'allais lui en préparer un petit tas dans un papier, ma mère me suggéra d'aller l'inviter à déjeuner avec nous. Je soufflai intérieurement mais obéit. La veille, il s'était montré agréable avec moi et m'avait confié ne pas me détester. Nous avions même passé un moment agréable sur le chemin du retour mais près de lui, je me sentais gênée. Je n'arrivais pas à m'empêcher de le regarder. Il avait toujours une telle présence.
Je montai enfiler mon blouson et sortis. L'air froid me percuta dès que j'eus ouvert la porte. Je pris mille précautions pour me tenir debout dans l'allée verglacée.
Une fois devant sa porte, j'hésitai un instant puis frappai.
Lewën ne répondait pas. Je frappai à nouveau. Il devait bien être chez lui à cette heure. Je me mis à la fenêtre mais les rideaux étant tirés je ne vis rien. J'y toquai quand même. Mais pourquoi n'avait-il pas de sonnette comme tout le monde?
Je n'eus pas plus de réponse. Je fis le tour de sa maison afin de frapper à sa porte de derrière au cas où il serait dans les pièces du fond. Mais en arrivant je le vis dehors. Lewën était face à la forêt. Il tourna la tête vers moi. Il avait dû m'entendre marcher dans la neige.


- Salut ! Je ne te dérange pas ?
- Que fais-tu là ?
- Je...euh...j'ai fait une tonne de crêpes et Maman m'a demandé de t'inviter pour les déguster avec nous.
- Oh ! Tu ...tu veux bien lui dire que j'arrive, j'ai juste une chose à faire avant.
- Je peux peut-être t'attendre !
- Non...oh et puis comme tu veux. Entre, suis-moi.


Nous entrâmes par derrière et arrivâmes dans la cuisine. Visiblement, sa maison était agencée comme la notre mais décorée différemment.


- Waouh ! M'exclamai-je. Ta cuisine est superbe.
- Merci. Tu m'attends là ! Tu veux bien. Je suis en train de tout déballer encore et c'est le bazar, je préfère que tu ne vois pas ça.
- Ok, je ne bouge pas.


Je m'assis sur l'un des tabourets installés devant le grand plan de travail de sa cuisine aménagée. Que peut bien faire un garçon aussi jeune avec une aussi grande cuisine ? Tout était moderne et équipé dernier cri. Les meubles noirs laqués étaient parfaitement brillants et on ne voyait aucune trace de poussière. Soit il est maniaque, soit quelqu'un passe faire le ménage pendant qu'il est en cours. Papa disait souvent qu'on en apprenait beaucoup sur les gens en voyant leur cuisine et leur frigo. À ce souvenir je me sentis soudainement mélancolique et je le revis dans notre maison, cuisiner pendant des heures pour faire mijoter de succulents petits plats.


- Je suis prêt !
- Ok. Dis-je un peu désorientée. Tu cuisines beaucoup ?
- Un peu, j'aime beaucoup ça, mais le faire pour moi tout seul ça n'a pas beaucoup d'intérêt.
- Oh.
- Si tu veux, un jour je t'inviterai à venir diner.
- Moi ?
- Oui, enfin tu pourras venir avec ta mère si tu veux.
- Super ! Bon, allons goûter mes crêpes maintenant, avant d'être en retard.


                                                                             ***




- Lewën ? Dis-je, alors que nous prenions la direction du lycée après un copieux petit déjeuner.
- Oui ?
- Que faisais-tu tout seul comme ça au milieu de ton jardin à regarder les bois ?
- Ça ne te regarde pas ! Me lança-t-il sans que je m'y attende.
- Désolée. M'excusai-je en baissant la tête. Je ne voulais pas être indiscrète.
- Non, c'est moi. Désolé d'être si bourru parfois. Je te l'ai dit, j'ai pas l'habitude qu'on se préoccupe de ce que je fais. En fait, ça va te paraître idiot mais...j'avais cru entendre quelque chose alors je suis sorti.
- Un animal ? Demandai-je.




Peut-être entendait-il lui aussi les voix. Bien que je n'avais rien entendu moi, ce matin.


- Non, je ne pense pas que c'était un animal.
- Quoi alors ?
- Aucune idée...finit-il par dire.


En chemin, nous croisâmes Marin qui m'attendait. Ça devenait une habitude. Une charmante attention en tous cas.


- Je vais vous laisser. Annonça Lewën.
- Non! Dis-je peux être un peu trop vite et attirant les regards des deux garçons. Enfin...je veux dire...tu ne déranges pas, tu peux faire la route avec nous.
- Si tu es sûre ?


Je lui fis signe que oui. Marin sembla gêné par la présence de Lewën et l'atmosphère était lourde subitement.


- Marin ? Tu ne connais pas Lewën.
- Non, enfin on s'est croisés dans le réfectoire hier. D'ailleurs merci d'être intervenu.
- Pas de quoi. J'voulais pas que les surveillants s'en mêlent.
- Merci quand même.
- Lewën est mon nouveau voisin dis-je en regardant Marin qui se tenait à ma droite. Il vient d'emménager et nous sommes dans la même classe.
- Sympa me répondit-il sans grand enthousiasme.


Et le silence reprit sa place. Il faut dire que la situation était des plus gênantes, car entre Lewën qui avait assisté à la scène entre moi et Marin, qui pensait que nous étions ensemble alors qu'il n'en était rien. Et Marin qui visiblement comptait qu'on reparle de cette même situation alors que ça ne faisait pas partie de mes intentions. Il y avait vraiment de quoi plomber l'ambiance.
Je ne savais pas quel sujet lancer pour détendre tout le monde, et mon choix ne fut peut-être pas le plus judicieux.


- J'ai vu Erwan hier, en quittant le lycée. Annonçai-je à Marin.


Lewën me regarda. Je sentis sont regard me fixer alors je tournai la tête à mon tour et lui souris.


- Il ne t'a pas embêtée encore une fois j'espère ?
- Non, non. Le rassurai-je en le regardant à son tour. Il s'est excusé et m'a demandé de lui pardonner son comportement.
- Vraiment !
- Oui.
- Que lui as-tu dis ?
- Que j'y penserai s'il te présentait des excuses également.
- Tu crois vraiment que c'était une bonne idée ? me demanda-t-il en fixant son regard azur dans le mien.
- Je pense qu'il te doit des excuses pour t'avoir frappé.
- Tu comptes lui pardonner ?
- Je ne sais pas, je pense. Il est malheureux, au fond c'est un garçon gentil !


La conversation s'arrêta là, et nous continuâmes de marcher en silence. Tour à tour je regardai Lewën et Marin. Ils étaient presque de la même taille, et me dépassaient d'une tête. À ma droite Lewën et son regard sombre et intense et à ma gauche, les abîmes bleus de Marin. Tous deux avaient la mâchoire carrée mais le visage de Lewën était plus fin. Ils étaient tous les deux vraiment différents et pourtant chacun m'attirait d'une certaine manière. Je ne résistais à l'attrait des lèvres de Marin et d'étranges sensations me parcouraient lorsque j'étais en contact avec Lewën. Alors que mes yeux détaillaient ce dernier, il se tourna et me regarda. Nous restâmes un long moment ainsi, les yeux dans les yeux. Jusqu'à ce que Marin, nous remarquant se gratte bruyamment la gorge. Je me tournai alors vers lui et lui souris. Pas évident de me retrouver entre eux de bon matin, mais plutôt flatteur tout de même.


                                                                                 ***


- Veuillez rejoindre les vestiaires, et me rejoindre près du bassin.


Dès le matin, deux heures de piscine ce n'était franchement pas du pur plaisir. Surtout avec un temps pareil dehors. On avait plus envie d'être en pyjama sous la couette qu'en maillot de bain à faire des longueurs et des exercices d'apnée. De plus, vu le peu que j'avais mangé dernièrement, j'avais perdu beaucoup de poids et me trouvais bien trop mince pour cette tenue. De toute façon, je n'avais pas le choix.
Je sortis mon sac et commençai à me déshabiller. J'avais passé mon maillot ce matin à la place de mes sous vêtements afin de gagner du temps et de ne pas avoir à me changer avec les autres filles.


- Waouh Johanna, quelle ligne ! S'exclama une des filles de ma classe, dont le nom m'échappa totalement. Tu as minci, tu es superbe.


Superbe ? Nous n'avions vraiment pas les mêmes critères de beauté. Mais bon, au moins, les filles ne me feraient aucune réflexion puisqu'elles me trouvaient bien. Me trouvaient-elles trop grosse avant ?


- Mesdemoiselles, on se dépêche.
- Oui monsieur répondirent-elles d'une même voix.


Je passai ma serviette autour de moi afin de dévoiler le moins de ma personne. La plupart des garçons étaient prêts déjà. Lewën y compris. Il s'était assis un peu à part des autres, sur les gradins, alors que les autres garçons commentaient les filles en maillot. Je m'approchai discrètement de lui, pour passer inaperçue auprès des autres.


- Hey! Je peux m'asseoir avec toi ?
- Oui, bien sûr.


Les filles de notre classe, sortirent, certaines plus à l'aise que d'autres. Stella était parfaitement à l'aise elle, elle exhibait des courbes parfaites. Les garçons la sifflèrent. Ils me faisaient penser à des hommes de Neandertal. Mais Stella semblait flattée. Elle fit un tour sur elle-même avant de venir nous rejoindre. Génial, moi qui voulais passer inaperçue.

- Stella ! Lui cria l'un de nos camarades. Ça te dirait un ciné un soir ?
- Demande à Ryan !
- T'es pas obligée de lui en parler !


Je vis mon amie hésiter mais décliner quand même l'invitation. Je fus d'ailleurs étonnée car Stella n'était pas vraiment du genre à rester très longtemps avec un garçon et que Ryan commençait à durer.


- Rassemblez-vous tous devant moi ! Nous lança le prof.


Tout le groupe se rassembla.


- Johanna, tu ne vas peut-être pas nager avec ta serviette !
- Non, monsieur.
- Alors vas donc la poser sur les gradins s'il te plaît.


Certains rigolèrent. C'est à contre cœur que j'obéis et revins auprès du groupe.


- Ne t'en fais pas Jo. Me rassura Stella qui se doutait de ce qui me gênait. Tu es très belle.
- Tu parles ! On dirait un squelette.
- Mais non.


Je soufflai un grand coup et tentai de me focaliser sur les instructions du professeur.
Nous commençâmes par des longueurs. Les premiers prirent place et plongèrent au coup de sifflet.
Alors que je me préparais à être la suivante, une voix vint chuchoter à mon oreille.


- Ton amie à raison, tu es magnifique.


Je me retournai et vis Lewën me sourire.


- Johanna, c'est quand tu veux ! Tu auras le temps de te perdre dans les jolis yeux du nouveau lors de la pause déjeuner. Pour le moment tu suis le cours s'il te plaît.
- Oui monsieur. Dis-je honteuse en me plaçant sur le numéro trois pour plonger.


Je partis au coup de sifflet et fis une première longueur et ressortis à l'autre bout de la piscine en observant ceux qui nageaient.
Lewën s'apprêtait à plonger à son tour. Au coup de départ, il plongea avec grâce, resta un moment sous l'eau avant de réapparaître à la surface et nager. Il avançait vite et prit de l'avance sur les autres. C'était incroyable. Une fois à l'autre bout, il prit appui sur ses avant bras et sortit avec aisance. Il était à tomber, super sexy dans son boxer de bain noir. Je m'étais arrêtée, et le regardais s'essuyer le visage avec sa serviette. Il avait une musculature parfaite et ses abdominaux était superbement dessinés. Il reposa sa serviette et entreprit de longer le bassin pour son second passage. Je me remis vite en marche et me pris les pieds dans une serviette qui traînait.
Je me sentis tomber et une horrible douleur me prit.
Toute la classe se massa autour de moi. Lewën se pencha sur moi le visage tiraillé par l'inquiétude.


- Johanna, tu vas bien ?
- Oui dis-je en essayant de sourire.


Il me tendit la main pour m'aider à me relever. Je la pris et tentai de me mettre debout mais la douleur fut telle en posant le pied au sol que j'en perdis l'équilibre. Lewën me rattrapa et me serra contre lui.


- J'en suis pas si sûr !
- J'ai...c'est ma cheville.
- Poussez-vous. Demanda le professeur en écartant tout le monde pour nous atteindre.


Lewën m'aida à me tourner face au professeur qui s'agenouilla pour observer ma cheville. Mais il l'avait à peine touchée que mon visage se tordit de douleur.


- Peux-tu l'accompagner à l'infirmerie ? Demanda-t-il à Lewën. Je pense que c'est une belle entorse.
- Oui.


Lewën me prit par le bras et m'aida à marcher. Chaque pression sur ma cheville m'élançait comme si on m'y plantait des aiguilles. Il eut pitié de moi et me prit dans ses bras. Il me conduisit dans les vestiaires des filles pour que je me change.
Tant pis pour la douche, je la prendrai en rentrant.


- Je te laisse te changer ! Appelle quand tu es prête, je serai derrière la porte.
- Merci.


Je me pressai d'enlever mon maillot de bain et d'enfiler mes vêtements, attachai à la va-vite mes cheveux mouillés avec un élastique et appelai Lewën.


- La cheville ?
- Douloureuse.


Lewën prit mon sac et le mit sur son épaule avant même que j'ai le temps de réagir. Taux de réaction proche de zéro.
Lewën m'attrapa sous les jambes et derrière les épaules, et me porta. J'aurais voulu protester, mais j'étais soulagée de ne pas avoir à marcher. Je me blottis tout contre son torse. Lorsqu'on arriva dehors, je me mis à frissonner au contact du froid mais cela ne dura pas car Lewën se mit à courir pour traverser la cour avec autant de facilité que s'il portait une plume. Une fois dans le bâtiment principal, il me serra un peu plus contre lui.


- Tu tiens le coup ?
- Oui, merci de ce que tu fais pour moi.
- De rien, c'est normal quand on est amis non ?
- Amis...


Une fois dans l'infirmerie, mademoiselle Li-yang prit le relai et demanda à Lewën de bien vouloir attendre dans le couloir. Elle me donna de quoi calmer la douleur, mais cela ne fonctionna pas vraiment, et mit une poche de glace sur ma cheville.
Elle appela ma mère afin de savoir si elle pouvait venir me prendre.
Il lui fallut à peine vingt minutes pour arriver.
Nous allâmes chez le médecin qui nous dirigea vers l'hôpital pour une radio. Résultat, une belle entorse. On me donna un traitement contre la douleur et l'inflammation et ma mère me ramena à la maison.


- Je dois repartir chérie. On se revoie pour déjeuner.
- Ok.
- Tu ne souffres pas trop ?
- Un peu.


Elle partit, me laissant sur le canapé, la cheville posée sur un coussin.

1 commentaire:

Sandrine a dit…

salut, génial comme toujours tellement de possibilité.vivement la suite. à bientôt.