Ce matin, en ouvrant les yeux, je serais bien restée dans mon lit, cachée sous la couette. La nuit n'avait pas été très bonne. Je m'étais levée à plusieurs reprises afin de vérifier qu'il n'y avait personne ni dans mon jardin ni dans celui de Lewën. Je n'ai pas cessé de me demander si c'était lui dehors ou bien quelqu'un ou quelque chose d'autre. Et les voix qui avaient recommencé à m'appeler alors que je pensais en être débarrassée pour un petit moment.
- Johana, dépêche-toi ou tu vas être en retard.
- J'arrive tout de suite.
Je me pressai d'enfiler un pull, pris à la va-vite dans un placard, pris mon sac et couru dans l'escalier. Ma mère me tendit mon manteau et un croissant et me souhaita une bonne journée.
Je remontai mon col et mis mon écharpe avant de m'engager avec prudence dans la rue, je ne voulais pas risquer de me retrouver sur les fesses au beau milieu du trottoir, cette fois Lewën ne serait pas là pour me rattraper à temps.
Il avait beaucoup neigé cette nuit. Deux rues plus loin, je croisai Marin arrêté sur le côté.
- Salut Johanna!
- Salut.
- Je t'attendais.
- Tu aurais pu te mettre en retard ! Je ne suis pas vraiment en avance aujourd'hui.
- J'ai pris le risque rigola-t-il. Allons-y !
Nous nous remîmes en marche à une bonne cadence.
La sonnerie sonnait tout juste quand nous arrivâmes. Marin me salua et chacun de nous se dirigea vers sa propre salle. Nous commençâmes par le cours d'art aujourd'hui.
C'était un cours que j'avais toujours aimé, on y travaillait aussi bien le dessin, que la peinture ou même l'art dramatique ou la musique.
Stella me fit signe pour que je me mette à côté d'elle.
- J'ai bien cru que tu n'allais pas venir aujourd'hui ?
- Je serais bien restée sous la couette avec ce froid mais j'ai raté bien assez de cours comme ça et puis...
Je m'interrompis lorsque mon regard se posa sur Lewën en train de pénétrer dans la salle. Lui non plus n'était pas très en avance.
- Il est vraiment trop canon le nouveau !
- Si tu le dis.
- Oh arrête, tu as tourné la tête dès qu'il est entré.
- Tu dis n'importe quoi, c'est juste que je me dis que ça ne doit pas être facile pour lui, d'arriver comme ça. Il ne connait personne ici.
- Ben, il pourrait nous connaitre nous !
- Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée. Mais j'ai à peine le temps de finir ma phrase que Stella lui fait déjà signe à lui aussi.
- Stella! La repris-je.
Trop tard, Lewën se dirigeait déjà vers nous à mon plus grand étonnement. Vu son comportement de la veille, j'avais plutôt l'impression qu'il ne m'aimait pas. Il se planta devant notre table.
- Bonjour. Lui dit mon amie.
- Bonjour! Répond-t-il à son tour avec un sourire en demi-teinte. Bonjour Johanna.
- Salut. Lui dis-je à mon tour.
- Tu connais déjà son prénom s'étonna-t-elle.
- Nous sommes voisins lui révèle-t-il alors.
Stella me lance un regard disant «Petite cachotière, tu as des choses à me dire »
- Ha ok. On se disait avec Jo que ça ne devait pas être facile pour toi de ne connaître personne ici et que tu pourrais peut-être te mettre avec nous.
- C'est sympa mais...
- Oh allez. Insiste-t-elle.
- Ok dit-il simplement avant de s'asseoir.
Les tables étant placées en grandes rangées et Stella étant à la première place, Lewën prit place à côté de moi. Le prof entra et demanda le silence.
Il nous annonça le thème de la semaine. Il nous déposa une assiette de fruits devant chacun et nous demanda de la reproduire au crayon en prenant compte des ombres et lumières. Chacun ouvrit son carton à dessin et en sortit une feuille.
- Tu n'as pas ton carton ? Lui demandai-je doucement.
- Non, pas encore. Je n'ai pas la liste de mes fournitures.
Je lui tendis une feuille. Il sortit un crayon de bois de sa trousse et se mit au travail. Le prof commença à passer dans les rangées pour donner des conseils. Comme nous étions sur la troisième et dernière rangée, nous avions le temps d'avancer. J'observai avec attention mon assiette de fruits pour voir par où commencer. J'avais face à moi, un ananas, deux bananes, deux pommes, une poire et cinq clémentines. Au premier plan, une pomme, vu du dessous, je commençai donc par là.
- Quel est l'intérêt de dessiner des fruits ! S'exclama Stella.
- C'est sympa lui répondis-je doucement pour ne pas attirer l'attention du prof.
- Je ne les mange déjà pas pour la plupart c'est pas pour les dessiner.
- Et bien tu devrais en manger un peu plus plaisantai-je.
Stella était une vraie bavarde, les années précédentes, ça nous avait coûté une interdiction de nous mettre côte à côte. Et cette année, elle avait pris plus l'habitude d'être avec Méloé durant mon absence, cela ne me dérangeait pas d'ailleurs. J'avais décidé d'être sérieuse cette année et d'éviter de ne pas bavarder pendant les cours. Mais notre amie étant absente aujourd'hui, Stella me faisait la conversation.
Je l'entendis continuer à ronchonner mais pris le parti de ne pas lui répondre et de me concentrer sur mon dessin.
- Vous n'utilisez pas le bon crayon jeune homme. Dit le prof en arrivant devant Lewën.
- Désolé monsieur mais on ne m'a pas encore donné la listes des fournitures.
- C'est gênant! S'exclame alors ce dernier. Vous allez être embêté pour le jeu d'ombres.
- Je peux lui en donner un ! M'exclamai-je.
- Ce serait très gentil de votre part Johanna.
Je lui tendis le mien. Ses doigts frôlèrent les miens, et pendant un court instant, une décharge électrique me parcouru. J'ôtai aussitôt ma main.
- Merci.
- De rien !
J'en pris un autre dans ma trousse et me remis au travail. J'attaquai le feuillage de l'ananas lorsque le prof posa ses yeux sur ma feuille.
- Joli travail Johanna. Mais attention à bien garder le même angle pour ta lumière.
- Oui monsieur. Merci.
Il avança sur Stella et un soupir de découragement sortit de sa bouche.
- J'hésite entre l'art personnel ou l'incapacité de vous servir d'un crayon autrement que pour tenir vos cheveux !
- De l'art ! lança Stella avec toutefois une petite hésitation.
- Étonnant, j'aurais choisi l'autre proposition ! Répliqua-t-il. Mettez-vous donc au travail Stella, les trois quarts du cours sont passés et on ne peut pas dire que vous avez représenté une assiette de fruits.
- Oui monsieur.
Le professeur retourna à son bureau.
- Quel vieux rabat-joie ! J'hésite entre l'art perso et l'incapacité répéta-t-elle en imitant les intonations du professeur.
Je jetai un regard à sa feuille.
- Quoi ?
- Rien...enfin...il n'a pas tout à fait tort.
- Elle est très bien ma pomme !
- Ah parce que c'est la pomme ? Je pensais que c'était la poire.
- Très drôle Jo !
- Désolée...
Nous nous remîmes au travail. Mon ananas achevé, je passai aux fruits du second plan.
Quand le son de la sonnerie acheva le cours, j'avais presque terminé.
- Nous poursuivrons la semaine prochaine. Nous annonça le prof. Bonne fin de semaine à tous. Mr...
- Sullivan ! Lui répondit Lewën.
- Approchez donc que je vous donne la liste du matériel nécessaire à mon cours.
- Oui monsieur.
Lewën me regarda alors que je rangeais mes affaires.
- Tiens me lança-t-il en me tendant mon crayon.
- Tu peux le garder !
- J'aurai acheté le mien d'ici le prochain cours.
- Comme tu voudras.
Je le pris en prenant soin de ne pas le toucher. La sensation de sa peau sur la mienne précédemment perdurait dans mon esprit.
- Merci en tous cas.
- De rien.
Une fois nos affaires réunies, Stella et moi nous rendions aux cours suivants.
- Pourquoi tu ne m'as pas dit que c'était ton voisin ?
- J'ignorais que c'était important!
- Bien sûr que ça l'est. Vous allez pouvoir vous voir souvent.
- Et ?
- Et il est vraiment craquant.
- Et je te rappelle que tu as un petit ami Stella.
- Oui...euh...ça n'empêche qu'il est mignon.
- Si tu le dis. Dis-je désespérée par l'attitude de mon amie.
Les deux cours jusqu'à la pose déjeuner se passèrent tranquillement. Stella avait pris place auprès d'une autre fille avec qui elle savait qu'elle pourrait discuter au lieu d'écouter l'histoire et moi j'avais pris ma place seule près de la fenêtre. J'aimais l'histoire, je trouvais intéressant de découvrir notre passé lointain. Quand aux maths, nous étions tous à des tables seuls donc impossible de discuter, c'était le cours que Stella détestait le plus, justement à cause de ça. On se demandait bien comment, si peu attentive était-elle, elle parvenait à obtenir des notes correctes dans la plupart des matières.
Durant le déjeuner, Marin nous retrouva à table.
- Salut Stella ! Johanna ! Me dit-il en souriant.
- Salut Marin, comment vas-tu ? Lui demanda mon amie.
- Super et toi ?
- Ça va aussi merci, même si ma rabat-joie de copine me fait des cachoteries.
- Comment ça ? Dit-il.
- Pour rien la coupai-je avant qu'elle ne parle une fois de plus du nouveau. Ça a été tes cours ce matin ?
- Oui, oui. Me répondit-il soupçonneux. Et les tiens ?
- Génial !
- Je peux vous laisser aussi si je dérange ?
- Ne dis pas de bêtises Stella.
- Où est Erwan ? Demanda-t-elle alors.
Je pris cette dernière question comme un rappel à l'ordre. Une façon à elle de me dire que moi aussi j'avais déjà un petit ami et que je ferais mieux d'arrêter de monopoliser l'attention de Marin. Mais elle ignorait qu'entre Erwan et moi c'était fini.
- Je ne sais dis-je simplement.
Je ne souhaitais pas aborder le sujet de mon petit ami ou plutôt ex petit ami, devant Marin. Pour une raison que j'ignorais, cela me mettait mal à l'aise.
- La prof de bio l’a retenu. L'informa Marin. Mais il a dit qu'il me rejoindrait.
- Cool !
- Qu'est-ce-qui est cool demanda Rayan en arrivant derrière Stella.
- Que tu sois là dit-elle aussitôt.
- Bien rattrapé jolie brune lui dit-il doucement en l'embrassant.
Rayan s'installa près de sa belle.
- Ça va Johanna ?
- Oui, oui.
- Tant mieux.
- Pourquoi lui demandes-tu si ça va de cette manière ? Lui demanda Stella.
- Ben à cause d'Erwan...J'ai gaffé ?
- Que se passe-t-il avec lui ? Questionna Stella.
- Nous avons rompu annonçais-je brièvement.
- Oh Jo...je suis désolée. Quand est-ce arrivé ?
-Écoute Stella, je n'ai pas très envie de m'étaler sur le sujet. Hier, quand il m'a raccompagnée nous avons discuté et décidé que c'était mieux comme ça.
- Désolé de l'apprendre me lance Marin en posant sa main sur la mienne.
- Merci, mais moi ça va.
- Je vois que je dérange lança Erwan d'un air mauvais.
- Ne dis pas d'idiotie. Dis-je en enlevant ma main de celle de Marin.
- Assied-toi !
- Non, Ryan, je préfère laisser Jo avec son nouveau petit copain. Elle n'a visiblement pas perdu de temps pour me remplacer.
- Dis pas n'importe quoi Erwan ! Lui lança Marin prenant ma défense.
- Je ne t'ai pas parlé à toi Brintz !
- Erwan, ça suffit. Si tu as quelque chose à me dire on peut aller en parler en privé dehors mais ne mêles pas les autres à notre histoire.
- J'ai plus rien à te dire à toi ! Tu n'es qu'une...
- N'en dis pas plus, tu vas trop loin lui lança Marin en se levant. Se retrouvent face à Erwan.
Erwan posa son plateau sur notre table et fit face à Marin.
- Vous êtes ridicules ! Dis-je en colère.
- C'est toi qui es ridicule ma pauvre fille! Comment ai-je pus t'aimer ?
Je reçus ses paroles en plein cœur. Marin répliqua par quelque chose que je ne compris pas et avant même que je me rende compte de la situation Erwan mit son poing dans la figure de Marin qui y répondit de la même manière. Heureusement avant que la situation ne dégénère plus entre les deux, Rayan attrapa son copain et l'attira non sans mal vers la sortie du réfectoire.
Choquée, je me retournais vers Marin. Lewën le retenait. Je ne l'avait même pas vu arriver. Une fois Erwan sorti, il le lâcha.
- Merci dis-je à Lewën.
- De rien.
Mon regard quitta le visage fermé de Lewën, qui se pencha pour reprendre son sac, pour se poser sur Marin. Il avait la pommette toute rouge et légèrement ouverte. Lewën partit à son tour.
- Désolé. Me dit Marin honteux.
- Ne le sois pas, je suis la seule fautive. C'est moi qui n'ai pas donné de nouvelles pendant près de deux mois et qui l'ai quitté à mon retour.
- Ce n'est pas une raison pour qu'il te parle ainsi.
Tous les yeux étaient braqués sur nous et je me sentis vraiment mal à l'aise en entendant les messes basses qui se faisaient dans notre dos.
- Viens avec moi. Dis-je à Marin.
- On va te chercher un glaçon. Stella on se voit en cours !
- Ok. Me répondit-elle avec surprise.
Nous traversâmes tout le bâtiment avant d'arriver à l'infirmerie. En voyant sa joue, l'infirmière fut surprise.
- Que s'est-il passé ?
- Je me suis cogné. Lui répondit naturellement Marin.
- Et bien ! Tu ne t’es pas loupé mon pauvre.
Elle le soigna et nous pûmes repartir.
- Pas trop mal ?
- Non du tout dit-il en appuyant sur sa pommette qui commençait déjà à virer au bleu, grimaçant légèrement toutefois. Peut-être un peu finalement mais je ne regrette pas.
- C'était gentil de prendre ma défense, mais aussi totalement idiot. Si vous vous étiez fait attraper par le directeur, vous étiez mal.
- Je sais, mais sur le coup je n'y ai pas pensé. Et puis je ne pouvais décemment pas le laisser me frapper sans rien dire.
Je lui souris. Même avec son pansement, il était vraiment mignon et son regard azur ne me laissait pas indifférente. Mais je venais de rompre avec Erwan pour me donner le temps de me retrouver moi même alors tomber amoureuse ne serait vraiment pas à faire.
Nous marchâmes si près l'un de l'autre que nos coudes se touchaient presque. Marin finit par attraper ma main et m'arrêta.
Je fus surprise mais le laissa faire lorsqu'il me mit face à lui. Une chaleur m'envahit et à ce moment précis, j'aurais voulu qu'il m'embrasse alors que deux minutes plus tôt, je me rappelais mes résolutions.
- Johanna. Me dit-il doucement.
Je me perdis dans ses yeux qu'il avait fixés sur moi. Je ne voyais plus que leur bleu intense et seuls ses mots m'atteignaient. Plus rien autour n'avait d'importance.
- Je sais qu'on a mal commencé tous les deux, mais... Je t'aime beaucoup déjà et j'aimerais qu'on fasse un peu plus connaissance. Tu dois trouver ça idiot ?
Ses mots étaient une caresse, qui glissait tout en douceur sur moi. Je ne pouvais détacher mon regard de lui, de ses yeux, de sa mâchoire carrée ni de ses lèvres que j'aurais voulu goûter. Tout chez lui m'attirait et j'avais peine à garder mon sang-froid. Je pris une grande inspiration et lui répondit.
- Ça n'a rien d'idiot. J'aimerais beaucoup moi aussi que tu m'embrasses.
Oh mon dieu. Que venais-je de dire? Je me sentis virer au rouge pivoine.
- Euh désolée, je voulais dire que j'aimerais beaucoup qu'on apprenne à se connaitre mieux. Tentai-je de me rattraper.
Il me sourit et eut la délicatesse de ne pas relever. Cependant ses yeux restèrent rivés aux miens un long moment avant de s'attarder sur mes lèvres. Son visage se rapprocha du mien mais en entendant la sonnerie nous revînmes à la réalité. Il déposa un tendre baiser sur mon front.
- Nous ferions mieux de rejoindre nos cours.
- oui, tu as raison. Lui répondis-je le souffle encore court.
Durant toute l'après midi, mes pensées vagabondèrent entre l'incident du repas et ce moment étrange dans le couloir juste avant la reprise.
Allait-il m'embrasser ? Je n'en revenais pas de lui avoir dit que je voulais qu'il m'embrasse. Où avais-je la tête ? Pas sur les épaules en tous cas.
Je secouai la tête pour chasser toutes ces idées et me re-concentrer sur le cours.
- Bon retour parmi nous me chuchota Lewën.
- Hein ? Quoi ?
Il eut un petit rire discret.
J'avais tellement la tête ailleurs, que j'avais oublié que j'étais en cours de biologie avec Lewën comme binôme.
La prof acheva sa phrase puis nous distribua diverses plaquettes qu'elle nous demanda d'identifier.
- Observez, notez et racontez-moi ce qui se trouve dans vos échantillons.
Lewën installa la plaquette de verre, sur la lampe afin qu'on observe mieux les détails de l'échantillon et me demanda mon avis.
Nos mains se touchèrent à nouveau, lorsque l'on eu l'idée de baisser un peu la luminosité en même temps, et une douce chaleur m'enveloppa à nouveau comme dans la matinée. Que m'arrivait-il ?
- C'est fin, presque transparent...une feuille ?
- Pas sûr. Me répondit-il.
Je regardai à nouveau.
- Merci pour ce midi. Dis-je tout en cherchant ce que pouvait cacher notre échantillon.
- De rien.
- C'était sympa d'aider Ryan à les séparer.
- Je ne l'ai pas fait pour eux.
Je quittai l'appareil des yeux et fixai mon regard sur mon binôme.
- Aucun garçon ne devrait un jour parler ainsi à une fille. Si ton petit ami n'était pas intervenu, je l’aurais fait.
- Vraiment ?
- Oui. Il te manquait de respect, il devait être remis à sa place.
- Moi qui pensais que tu me détestais !
- Qu'est-ce qui t'a fait penser ça ?
Je me remémorai son attitude depuis notre première rencontre ici même.
- On ne peut pas dire que tu ais été des plus chaleureux depuis que tu es arrivé.
- Je suis comme ça avec tout le monde. Je...je suis plutôt quelqu'un de solitaire.
- Oh ! Contente d'apprendre que tu ne me hais pas alors.
Lewën me fit un sourire. Peut-être le plus franc jusqu'à maintenant, il ne semblait cacher aucun sous-entendu cette fois-ci.
- Et juste pour rétablir les choses, Marin n'est pas mon petit ami ! C'est juste un copain.
- Ok, si tu le dis.
- Non, je t'assure que c'est vrai !
- Je n'en ai pas eu l'impression en vous voyant avant les cours dans le couloir, mais je veux bien te croire.
- Tu...tu nous as vus ?
- Pas de panique ! Je m'en suis vite remis je t'assure plaisanta-t-il.
De le voir si joyeux était contagieux, et une délicieuse sensation de bien-être s'empara de moi. Je me sentais bien, vivante, pour la première fois depuis longtemps. Je n'eus même pas besoin de faire semblant pour lui sourire à mon tour.
- C'était une erreur. Me sentis-je obligée de me justifier tout de même. J'ai quitté Erwan il y a peu pour pouvoir faire le point sur moi même et sur ce que je veux vraiment. J'ai vécu des moments difficiles, et j'ai besoin de me retrouver.
- Inutile de te justifier Johanna. On a tous nos petits secrets. C'est légitime. Évite juste que ton ex vous croise trop souvent !
- Mais puisque je te dis...
- Je plaisante.
Je poussai un soupir de contrariété mais devant son visage amusé, je me repris et reportai mon attention sur la plaquette.
- Si ce n'est pas une feuille alors...C'est une aile ?
- Exact ! Je dirais même une aile de mouche. Regarde, on voit même des..
- Des poils finis-je sa phrase.
- Encore exact !
Je lui souris. Visiblement, nous venions de passer un cap tous les deux. Peut-être allions nous devenir amis. Nous notâmes nos observations et les donnâmes au prof en sortant.
Lewën et moi sortîmes ensemble du lycée. Stella avait rendez-vous avec Ryan ce soir.
En arrivant à la grille, nous tombâmes sur Erwan. Il s'avança vers nous la tête baissée.
- Tu veux que je vous laisse. Me demanda Lewën lorsqu'Erwan fut à notre hauteur.
- Oui tu peux partir ! Lui lança Erwan.
- Tu comptes recommencer avec lui aussi maintenant ? Lui demandais-je mauvaise.
- Non me répondit-il. Je t'attendais...je voulais qu'on discute seul à seule. Désolé...lança-t-il en regardant Lewën.
Ce dernier lui fit un signe de tête. Mais garda sur lui un regard des plus froids.
- Johanna ? Me redemanda Lewën.
- Tu veux bien nous laisser un instant ?
- Ok ! Dit-il en s'éloignant.
- Lewën !
- Oui ?
- Tu veux bien m'attendre ?
Il me fit signe qui oui de la tête et s'éloigna un peu pour nous laisser en toute intimité. Je restai silencieuse, attendant d'entendre ce qu'avait Erwan à me dire.
- Je suis désolé Jo. Je n'aurais jamais dû te dire des choses aussi horribles et je les regrette.
Je ne répondis pas. Je jugeai ses excuses un peu trop légères.
- Je suis sincère.
Il semblait l'être oui.
- Tu veux bien me pardonner ? Essaya-t-il à nouveau.
- Je sais Erwan que je t'ai blessé, mais je n'y peux rien, tu comprends ? J'aurais dû répondre à tes nombreux appels, j'aurais du te donner des nouvelles...
- Non, c'est....
- Laisse-moi finir, s'il te plaît. Je sais que je t'ai fait du mal, mais je ne peux rien y changer. Je ne t'ai pas quitté pour un autre, j'ai fait ce choix car ces deux derniers mois nous ont séparés. À mon retour, je n'étais plus la même. Je ne suis plus la même, je ne suis plus la Johanna que tu as connue. Ce n'est pas comme si tu ne représentais plus rien pour moi mais je ne suis plus amoureuse. Et même si ce n'est pas d'actualité...Tôt ou tard, je rencontrerai quelqu'un d'autre, un garçon que j'aimerai et ce jour là, tu...
- Je ne pourrai rien y faire !
Je hochai la tête de haut en bas.
- Johanna, je te le répète, je suis désolé et ça ne se reproduira pas. Si je peux t'avoir comme amie et bien je m'en contenterais. Tu me pardonnes pas vrai ?
- À une condition !
- Laquelle ?
- Tu dois faire des excuses à Marin!
- À Brintz !
- Marin.
- Johanna, tu ne peux pas...Ok. Je le ferai.
Je le serrai dans mes bras.
- À demain ! Lui dis-je en rejoignant Lewën.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire