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1 avril 2012

Chapitre 5



- Jo ! M'appela ma mère afin que je l'aide à rentrer les courses qu'elle venait de faire.

- J'arrive !

J'enfilai mon bonnet et mon écharpe et sortis l'aider.

- Tu es folle ! Tu vas attraper froid sans manteau.

- Mais non...pas si tu me laisses me dépêcher de prendre les sacs plaisantai-je.

J'attrapai les deux premiers et les rentrai à l'intérieur puis repartis prendre le dernier pendant que ma mère commençait à ranger. Quand je refermai la porte une délicieuse odeur se répandait déjà dans tout le rez-de-chaussée. Je rejoignis ma mère dans la cuisine et l'aidai en rangeant les affaires. Elle avait rangé les aliments allant au frais et commençait à préparer une délicieuse soupe de légumes. C'était ce qui répandait cette délicieuse senteur.

- Ça sera prêt dans une bonne demi-heure.

- Humm chouette.

- Maman ! Repris-je après un court silence me permettant de bien tourner ma question.

- Oui ?

- Tu savais qu'on avait de nouveaux voisins ?

- Un nouveau voisin me reprit-elle. Lewën vit seul dans cette maison. D'ailleurs je l'ai invité à dîner chez nous ce soir.

- Quoi ?

- Pour quelle partie de ce que je viens de te dire as-tu besoin d'une précision ?

- Euh....il vit seul ? Où sont ses parents ?

- C'est un peu compliqué, les parents de Lewën sont morts il y a deux ans. Il a un tuteur qui veille sur son argent et qui s'occupe de régler ses factures.

- Le pauvre ! Heureusement que je t'ai encore...je ne sais pas ce que je deviendrais si tu avais disparu en même temps que Papa.

- Rassure toi chérie je fais ce qu'il faut pour que tu n'aies pas à vivre ça.

Je savais maintenant d'où lui venait cette assurance. La vie n'avait pas été très facile pour lui durant ces dernières années. Je décidai de prendre ma douche et de me changer avant que notre invité n'arrive.
Vers dix-neuf heures trente, ma mère m'appela afin que je vienne mettre la table.

- Tu veux bien aller chercher Lewën ?

- J'y vais.

- Mets ton manteau !

- Oui Maman soufflai-je en obéissant.

Heureusement qu'il habitait juste à côté car la neige commençait à tomber. Je remontai mon col et courais jusqu'à chez lui. Je n'avais pas fait attention que son allée avait gelé. Je mis le pied sur une dalle givrée et glissai. Je fermai les yeux et m'attendais à ressentir une intense douleur en tombant à plat ventre au beau milieu de son chemin mais il n'en fut rien. Au lieu de ça, je me retrouvai dans des bras chauds et musclés.
Je relevai la tête et le vis, Lewën, il avait son regard noir fixé sur moi. Mal à l'aise je me redressai, trop vite et faillis tomber en arrière.
Il m'attrapa simplement par le poignet.

- Merci...doublement merci !

- De rien ! Dit-il froidement.

Je me remis droite, frottai mon manteau histoire de me redonner un peu de contenance et tentai de le regarder.

- Ma mère m'envoie te chercher pour le dîner.

- Tu es la fille de l'agent immobilier ?

- Hé oui dis-je en souriant.

Il alla claquer sa porte et s'élança dans l'allée. Il s'arrêta soudain en voyant que je n'avais toujours pas bougé.

- Tu tiens vraiment à faire le bonhomme de neige devant chez moi ?

- Euh ...non...allons-y.

Il marcha deux pas devant moi avec la même assurance que ce matin et avec une agilité féline. À aucun moment, il ne perdit l'équilibre sur ces dalle ou ne glissa, alors que moi je luttais pour tenir debout et arriver jusqu'au trottoir gravillonné.
Il s'arrêta devant mon portillon, que j'avais laissé ouvert et attendit que je l'invite à me suivre en jugeant des yeux ma maison et son entourage.

- Viens, suis-moi. J'avais pris de l'assurance, sachant que rien ne glissait chez moi.

J'ouvris la porte.

- Maman ! C'est nous.

Ma mère arriva en s'essuyant les mains sur son tablier.

- Bonsoir Lewën, contente de te recevoir ce soir.

- Bonsoir madame. Merci pour votre invitation.

- De rien. Tu es ici comme chez toi.

Il lui fit un grand sourire.
J'en restai sans voix. Il était tout mielleux avec ma mère alors qu'il était si froid avec moi.

- Jo! Je te laisse t'occuper de notre jeune invité, le dîner sera prêt dans cinq minutes.

- Ok ! On va attendre dans le salon. Suis-moi Lewën.

Il m'emboita le pas. Nous nous assîmes dans canapé en silence.

- Vous êtes bien sages nous lança ma mère en entrant dans la pièce avec trois verres de soda et un petit saladier de chips.

Je lui fis un sourire gêné.

- Ton tuteur m'a dit que tu allais aller au lycée.

- Oui madame, je...

- Appel moi Sarah s'il te plaît.

- Très bien.

- Oui, j'ai commencé aujourd'hui. Je suis dans la même classe que Johanna.

- Oh mais tu ne m'avais rien dit !

- Je n'en ai pas vraiment eu le temps Maman.

- Bon allez ! Je vous laisse grignoter pendant que je vais chercher la soupe.

À peine ma mère était-elle partie que le silence reprit sa place mais souhaitant être une bonne hôte je tentai de relancer la conversation.

- Tu vas te plaire ici ! C'est une petite ville, tout le monde connait tout le monde ici.

- Génial ! Dit-il.

Mais vu son expression, je dirais que c'était ironique.

- Tu n'es pas content d'être ici ?

- Te sens pas obligée de parler, le calme ça me va aussi.

- Mais...je...

Finalement autant me taire.

Le reste du repas se déroula beaucoup mieux. Ma mère, pipelette de nature relançait la conversation à chaque fois que le silence devenait pesant. Sûrement une déformation professionnelle. En tout cas, notre invité semblait se détendre et apprécier cette soirée. J'eus même le droit à quelques réponses à mes questions, je suppose que c'était dû à la présence de ma mère.

- C'est un délice !

- Merci Lewën. Je cuisine depuis peu, avant...enfin je ne suis pas une professionnelle des fourneaux.

Je fis un petit sourire à ma mère pour lui remonter le moral. Je savais parfaitement ce qu'elle allait dire. Avant, c'était mon père le cuisinier de la maison. Il passait des heures à cuisiner et nous surprenait toujours avec de nouvelles recettes de bons petits plats. Il n'y avait que le dimanche où je prenais la relève et cuisinais pour mes parents, j'adorais mettre à profit tout ce que j'apprenais en regardant mon père faire, et même si parfois il y avait quelques loupés, ils dégustaient et me complimentaient toujours. C'était les moments les plus heureux de ma vie, de notre vie de famille.

- Tu es le bienvenu à notre table quand tu le veux Lewën.

- Merci ma...merci Sarah.

- Peut-être qu'un jour, Jo te fera goûter à l'un de ses plats !

- Maman. La repris-je gênée.

- Ben quoi ? Tu cuisines très bien, je suis certaine que tu tiens ça de...de ton père, chérie.

- Je serais ravi de rencontrer votre époux !

- Malheureusement...commença ma mère. Excusez-moi, je reviens.

Elle sortit de table. Je voulus la suivre mais elle me fit signe de rester à table. Un nœud se forma dans ma gorge.

- Ai-je dit quelque chose de mal ? Me demanda Lewën, visiblement très gêné de voir la réaction de ma mère.

- Non dis-je la gorge serrée. Tu ne pouvais pas savoir.

Je sentais les larmes me monter aux yeux mais fis mon possible pour qu'elles ne s'écoulent pas, du moins pas maintenant, pas devant lui.

- Mon père est m...il nous a quitté il y a deux mois.

- Quel idiot je fais ! Je suis vraiment désolé. S'excusa-t-il en me regardant dans les yeux.

Et pour la première fois, je le sentis sincère avec moi. Finalement il n'était peut-être pas si froid et méchant que je le croyais depuis le début de la soirée.

- C'est pas ta faute, tu ne pouvais pas le deviner.

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres mais il s'effaça aussitôt.
Ma mère revint et s'excusa auprès de son jeune invité. Elle avait ramené avec elle le dessert.

- Je l'ai acheté ! Mes talents limités ne me permettent pas encore d'arriver à ce résultat.

- Humm une tarte aux fraises dit-il avec un léger entrain.

- Tu aimes ?

- Oui, c'est même mon dessert favori.

Chez Lewën, toutes les émotions semblaient retenues, comme s'il se cachait et qu'il ne fallait surtout pas que quiconque découvre qu'il était un gars bien, avec une certaine sensibilité. Il se montra avenant, aimable et d'agréable compagnie tout le temps où ma mère était avec nous et d'une froideur incroyable envers moi. Comme s'il avait des reproches à me faire.
Vers vingt et une heures, Lewën remercia ma mère qui me demanda de bien vouloir le raccompagner pendant qu'elle achevait de ranger.
Je lui ouvris la porte, il passa et s'engagea sur le chemin. Alors que j'allais refermer la porte il m'interpela.

- Merci me lança-t-il à quelques pas du portillon. Merci pour cette soirée.

- De rien dis-je en refermant la porte alors qu'il avait déjà tourné les talons et repris le chemin de chez lui.

Je m'adossai un instant à la porte. Me serais-je trompé sur lui ? Qui pouvait-il bien être ? Et pourquoi ce comportement si lunatique ?
On frappa à la porte, ce qui me fit sursauter. Ça devait être Lewën.

- Tu as oublié quelque chose ? Dis-je en ouvrant.

Mais je fus surprise de voir Erwan.

- Oui, toi ! J'aurais dû me battre, lutter pour pas que tu me quittes, je n'aurais pas dû accepter ton choix aussi facilement. J'y ai repensé toute la soirée Jo, je t'aime, je ne peux pas te laisser nous abandonner comme ça, aussi facilement.

- Erwan, tu as vu l'heure !

- Qui est-ce ? demanda ma mère.

- C'est Erwan Maman.

- Ok ! Me lança-t-elle en retournant dans la cuisine.

- Je sais, je suis désolé me dit-il. Mais...

- Mais rien Erwan. Ne gâche pas tout. Je suis désolée que tu sois mal. Vraiment. Mais j'ai besoin de me tourner vers moi pour le moment.

- Et nous Jo, on était heureux pourtant et tu m'aimais ! Non ?

- Bien sûr que je t'aimais, mais c'est différent aujourd'hui. Je ne dis pas que je ne ressens plus rien pour toi, mais mes sentiments on changé je pense.

- Mais pas les miens ! C'est pour lui c'est ça ?

- Qui ça lui ?

- Je viens de le voir sortir de chez toi !

- Oh, Lewën ...C'est notre nouveau voisin, ma mère l'a convié pour le dîner voilà tout. Il n'y a personne d'autre Erwan. Je ne t'ai pas quitté pour un autre.

- Vraiment ?

- Je te le promets. Il est tard, tu devrais rentrer chez toi. Veux-tu que je demande à ma mère de te raccompagner ?

- Non, ça va aller merci. Tu veux bien avancer un peu avec moi?

- Ok dis-je après une courte hésitation.

Je pris ma veste.

- Maman, je reviens dans une minute.

- Où vas-tu ?

- Je raccompagne Erwan.

- Prends ton manteau !

- Oui dis-je en soufflant. Je l'ai déjà.

Je sortis sur le porche et refermai derrière moi. Nous marchâmes jusqu'à la barrière côte à côte et en silence. Seul le bruit du vent et de nos pas dans la neige fraichement tombée se faisait entendre.

Viens nous voir Johanna ! Viens avec nous...


- Tu as entendu demandai-je à Erwan.

- Non, entendu quoi ?

- Rien, ça devait être le vent.

- Oui, sûrement, il souffle ce soir. Merci de m'avoir accompagné jusqu'ici. Rentre à présent, je ne voudrais pas que tu attrapes froid.

Je lui souris. Il me fit face. Tendit ses mains vers moi et prit mon visage en coupe avant de se pencher vers moi comme pour m'embrasser. J'eus un mouvement de recul. Il se contenta de déposer un bisou, tendrement sur mon front puis se recula et partit sans un mot de plus.



Johanna, viens nous voir, rejoins nous...



Je m'étais habituée à ne plus les entendre durant ces derniers jours, je commençais même à croire que c'en étais fini. Qu'elles avaient abandonné tout comme par le passé. Je fis demi-tour en les ignorant et pris le chemin de chez moi.
Un bruit de neige écrasée se fit entendre sur ma gauche, en direction de la maison de Lewën. Je jetai un regard dans la direction d'où provenait le bruit que j'avais entendu mais ne vis rien d'autre que quelques arbres, bien trop fins pour cacher quelqu'un.
Je risquai un œil en direction de sa maison. Une de ses lumières était allumée, je me demandais bien de quelle pièce il s'agissait. Le vent me fit vite reprendre conscience que je me trouvais dehors et je me pressai de rentrer.



- Je monte Maman !



- Bonne nuit chérie.



- Bonne nuit, à demain.



Je montai dans ma chambre, préparai mes affaires. Après avoir enfilé mon pyjama – un short rayé rose et violet et un tee-shirt assorti- j'allai tirer mes rideaux. Une ombre, attira mon attention. Une silhouette se tenait derrière la maison de Lewën. J'éteignis ma lumière afin d'être moi aussi dans le noir et peut-être y voir un peu mieux, mais en revenant, je m'aperçus qu'il n'y avait plus rien. Avais-je rêvé ? Possible !

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