Je m'étais même autorisé un dimanche après-midi avec mes amis. Nous étions allés voir un film et manger au fastfood. Erwan était heureux que je passe à nouveau du temps avec lui. Stella était venue avec Ryan - toujours aussi aimantés l'un à l'autre- et Méloé était venue avec Adrien un ami du journal du lycée. Juste un ami d'après ce qu'elle disait mais bien plus à mon avis vu les regards langoureux que ce dernier lui lançait chaque fois qu'il en avait l'occasion.
Le film était pas mal, un mélange entre l'histoire d'amour, le fantastique et l'action et quel bonheur de dévorer un hamburger de « chez polo ».
Seul petit bémol si je puis dire, les gens qui ne cessaient de me saluer et de me souhaiter toutes leurs condoléances. Comment veulent-ils que Maman et moi continuions de vivre s'ils n'arrêtent pas de nous parler de l'enterrement ? Heureusement j'avais mes amis pour me soutenir et je dois avouer qu'Erwan se montrait très protecteur.
Je sentais bien que notre séparation n'avait en rien gâché son amour pour moi mais de mon côté je n'étais pas à l'aise, ce n'était plus comme avant. Je décidai cependant de nous donner un peu de temps, il suffisait peut-être que je retrouve mes marques. Tout simplement.
- Merci à toi aussi lui dis-je en refermant la porte derrière moi.
Sur le chemin, j'observais tout comme si c'était la première fois que je regardais vraiment. Tout me semblait net comme si pendant ces derniers mois j'avais marché dans un brouillard qui me voilait la beauté de ce qui m'entourait.
- Hé Johanna ! M'interpela-t-on de derrière moi.
- Salut Marin. Je ne savais pas que tu vivais dans ce quartier.
- Oui, ça ne fait pas très longtemps en fait. Nous vivions dans une location de l'autre côté de la ville mais quand mon père a entendu parler d'une maison à vendre dans le coin, il s'est dit que nous serions mieux dans une maison avec jardin. En plus, il y a un accès direct dans les bois qui se trouvent à peine à quelques mètres.
- Les bois...répétai-je anxieuse.
- Oui. On pourra aller s'y balader un jour si ça te tente.
- Non ! Lui répondis-je plus vite et plus fort que je ne l'aurais voulu.
- Bon comme tu voudras. Je ne voulais pas t'inquiéter.
- M'inquiéter ? Répétai-je.
- Ben, à vrai dire tu sembles complètement terrifiée à l'idée de cette balade.
- C'est...c'est que je n'aime pas trop aller dans les bois, j'ai...j'ai toujours peur de m'y perdre.
Pendant que je me parlais à moi-même, je m'aperçus que Marin continuait de me parler.
- Pardon ! Tu disais ?
- Rien, des bêtises.
- Du genre ?
- Je te demandais si tu avais peur du loup ! Mais c'était idiot. Laisse tomber.
Le soleil se reflétait sur ses cheveux blonds, et certaines mèches se révélaient être plus claires que les autres. Sa mâchoire était carrée et son menton bien dessiné. Il avait le nez fin et droit et sa peau ....
- Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai un bouton ou quoi ? Me demanda-t-il soudain.
- Euh...non. Pourquoi ?
- Tu n'arrêtes pas de me regarder depuis tout à l'heure.
- Qui moi ? Mais non. Je regardais juste les maisons qui se trouvent de ton côté, rien de plus. Que vas-tu imaginer !
- Ok ! J'ai rien dis.
En arrivant au lycée, Méloé, Stella, Ryan m'attendaient devant les marches.
- Je vais te laisser, bonne journée !
- Marin ! Tu peux rester si tu veux, je vais te présenter mes amis.
- Je voudrais pas déranger.
Erwan finit par nous rejoindre. Il m'enlaça immédiatement et m'embrassa sans que j'ai eu le temps de réagir. Un sentiment de mal être se fit sentir en moi. J'étais gênée de la démonstration de ses sentiments devant nos amis, pourtant ce n'était pas la première fois.
- On y va dis-je
- Mais ça n’a ....
- J'ai rien dit se rattrapa-t-elle.
***
- Ravie de te recompter parmi nous Johanne.
- Merci.
- Lewën, tu prendras place à côté d'elle, vous serez partenaires pour le reste de l'année.
Il lui fit un signe de tête et traversa la salle avec une assurance incroyable pour quelqu'un qui venait d'arriver et qui ne connaissait personne. Il vint s'asseoir et le cours commença juste après.
- Salut lui dis-je doucement.
- Salut.
Le cours commença. Je fus partagée entre étudier mon voisin de table et écouter la prof. Je finis par l'observer en prêtant l'oreille à ce qui se disait. Il faut dire que Lewën semble plus intéressant que l' œil humain, cours du moment.
Assis, il me dépasse d'une tête. Ses cheveux courts dressés sur sa tête avec du gel, brun foncé et presque aussi noirs que ses yeux.
Son cou et le reste de son allure général est fin mais semble musclé quand même et ses épaules sont larges. Bref un corps parfait, presque trop quand on y ajoute un teint hâlé comme le sien.
- Johanna qu'en penses-tu ?
- Pardon ? Je ne ...je n'ai pas très bien compris le sens de votre question madame.
- Pas compris ou pas entendu du tout car trop absorbée par...disons autre chose ?
Je me sentis rougir atrocement sous l'effet de ses paroles et pris sur moi pour lui formuler ma réponse.
- Pas compris madame.
Elle me la reformula et heureusement pour moi, elle était très simple. Je dus après ça me concentrer sur ce qu'elle disait juste au cas où elle déciderait de m'interroger à nouveau.
Par moments je sentais le regard de Lewën sur moi mais j'avais bien trop honte pour lui faire face.
***
Quand la fin du dernier cours arriva enfin et que le professeur nous libéra, je rassemblai mes affaires dans mon sac, le mis sur mon épaule et sortis attendre les autres dans le couloir. Heureusement pour moi, Lewën ne fut pas installé près de moi à chaque cours.
Stella, Méloé et moi sortîmes attendre les garçons pour aller boire une boisson chaude au café d'Ania.
Je proposai à Marin de nous y accompagner mais après avoir jeté un œil à Erwan il déclina poliment mon invitation.
***
Stella et Ryan d'un côté, Méloé au bout et Erwan et moi en face.
- Je suis vraiment ravie de vous retrouver tous ensemble. s'enthousiasma Ania en venant nous voir à notre table. Cappuccino pour tous ! C'est la maison qui offre !
- Johanna ! Tu es avec nous ? Me demanda alors Stella.
- Désolée...je...j'étais perdue dans mes pensées.
- Pas grave.
- Je peux te raccompagner ? Me demanda Erwan.
- Si tu veux, oui lui répondis-je avec un sourire.
- À demain les filles ! Salut Ryan.
- Bye me répondirent mes amis en chœur.
- Jo !
- Oui ?
- Est-ce que quelque chose ne va pas ?
- Non mentis-je. Pourquoi me demandes-tu ça ?
- Je me tracasse peut-être pour rien...
- Erwan...qu’y a-t-il ?
- On peut aller s'asseoir ?
- Bien sûr.
- Jo, j'ai l'impression que quelque chose cloche entre nous depuis...enfin tu sais.
- Depuis que je suis revenue !
- Peut-être même un peu avant.
- Écoute Erwan, on ne s'est jamais mentis alors je vais pas commencer aujourd'hui, ni me servir de la perte de mon père comme excuse. Tout d'abord, je dois m'excuser de ne pas t'avoir appelé ou même répondu à tes appels durant ces derniers mois. Je voulais être seule, je n'étais plus moi.
- Ce n'est pas grave ça Jo, je peux comprendre, ce n'était pas une phase facile pour toi. Mais ce que je veux savoir, c'est où nous en sommes aujourd'hui.
- Pour être franche, je ne sais pas. Je vois bien que tu m'aimes et je ne veux surtout pas te faire de mal mais je suis incapable de te dire que rien n'a changé. Je t'apprécie toujours...
- M'apprécie...tu ne m'aimes plus ?
- Je ne sais pas, je ne me sens à ma place nulle part pour le moment. J'ai besoin de retrouver un équilibre avant de pouvoir m'investir dans une relation.
- C'est fini alors.
- Je n'peux pas te demander d'attendre dans l'espoir qu'un jour on reprenne notre relation où elle était. Ma vie a changé, j'ai changé.
- On reste amis pas vrai ?
- Bien sûr, j'adorerais ça. J'avais peur que ce ne soit trop te demander.
- Si on ne peut plus être ensemble, je ne veux pas pour autant que tu disparaisses de ma vie. On a été amis pendant des années avant de sortir ensemble l'année dernière. Je pense qu'on peut redevenir amis, il me faudra juste un peu de temps pour m'y habituer.
- Merci Erwan. Lui-dis en le prenant dans mes bras.
Tout était calme, j'entendais uniquement le bruit du vent dans les branche. Le soleil commençant à se cacher, la fraîcheur retomba. Il allait sûrement encore neiger cette nuit. Je fis le tour de la maison pour passer par devant, la porte de la cuisine ne s'ouvrant que de l'intérieur.
En longeant la barrière qui nous séparait de nos voisin je vis Lewën. Il était debout et regardait droit vers les bois. Il dût s'apercevoir que je le fixais car il se tourna, me regarda et rentra dans la maison.
1 commentaire:
J'aime beaucoup cette nouvelle fiction que tu écris, pleine de mystère avec ces voix...
Tu as un imaginaire débordant et on ne sait vraiment pas jusqu'où tu vas nous emporter cette fois encore.
Continue !
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