La page Facebook de mes lectures et écris

Découvrez ma page Facebook

24 mars 2012

Chapitre 4


Ce matin je me réveillai un quart d'heure avant que ne sonne mon réveil, de bonne humeur, de très bonne humeur même. J'avais bien dormi et le directeur avait accepté après avoir appelé ma mère de me reprendre au lycée dès aujourd'hui. Je n'aurais jamais cru que retourner en cours me ferait autant plaisir. Mais je dois avouer que depuis que j'avais décidé de reprendre ma vie en main je me sentais mieux et Maman aussi d'ailleurs. C'était surement de la voir heureuse qui me poussait dans mes efforts.
Je m'étais même autorisé un dimanche après-midi avec mes amis. Nous étions allés voir un film et manger au fastfood. Erwan était heureux que je passe à nouveau du temps avec lui. Stella était venue avec Ryan - toujours aussi aimantés l'un à l'autre- et Méloé était venue avec Adrien un ami du journal du lycée. Juste un ami d'après ce qu'elle disait mais bien plus à mon avis vu les regards langoureux que ce dernier lui lançait chaque fois qu'il en avait l'occasion.
Le film était pas mal, un mélange entre l'histoire d'amour, le fantastique et l'action et quel bonheur de dévorer un hamburger de « chez polo ».
Seul petit bémol si je puis dire, les gens qui ne cessaient de me saluer et de me souhaiter toutes leurs condoléances. Comment veulent-ils que Maman et moi continuions de vivre s'ils n'arrêtent pas de nous parler de l'enterrement ? Heureusement j'avais mes amis pour me soutenir et je dois avouer qu'Erwan se montrait très protecteur.
Je sentais bien que notre séparation n'avait en rien gâché son amour pour moi mais de mon côté je n'étais pas à l'aise, ce n'était plus comme avant. Je décidai cependant de nous donner un peu de temps, il suffisait peut-être que je retrouve mes marques. Tout simplement.

J'avais passé tellement de temps à rêvasser que finalement je descendis pile à l'heure pour boire un café et attraper un croissant que me tendit ma mère en me souhaitant une bonne journée.

- Merci à toi aussi lui dis-je en refermant la porte derrière moi.

J'avais décidé d'aller au lycée à pieds. Même s'il faisait froid ce matin, les rayons du soleil donnaient envie de marcher sous leur effet. En plus il avait neigé cette nuit, et à cette heure matinale, les trottoirs étaient immaculés et d'une telle blancheur qu'il fallait que j'en profite car en fin de journée, avec les passants qui seront passés cette belle neige ne ressemblera plus qu'à de la boue.
Sur le chemin, j'observais tout comme si c'était la première fois que je regardais vraiment. Tout me semblait net comme si pendant ces derniers mois j'avais marché dans un brouillard qui me voilait la beauté de ce qui m'entourait.

- Hé Johanna ! M'interpela-t-on de derrière moi.

Je m'arrêtai et me retournai.

- Salut Marin. Je ne savais pas que tu vivais dans ce quartier.

- Oui, ça ne fait pas très longtemps en fait. Nous vivions dans une location de l'autre côté de la ville mais quand mon père a entendu parler d'une maison à vendre dans le coin, il s'est dit que nous serions mieux dans une maison avec jardin. En plus, il y a un accès direct dans les bois qui se trouvent à peine à quelques mètres.

- Les bois...répétai-je anxieuse.

- Oui. On pourra aller s'y balader un jour si ça te tente.

- Non ! Lui répondis-je plus vite et plus fort que je ne l'aurais voulu.

- Bon comme tu voudras. Je ne voulais pas t'inquiéter.

- M'inquiéter ? Répétai-je.

- Ben, à vrai dire tu sembles complètement terrifiée à l'idée de cette balade.

- C'est...c'est que je n'aime pas trop aller dans les bois, j'ai...j'ai toujours peur de m'y perdre.

Je n'allais quand même pas lui dire qu'on m'avait toujours interdit d'y mettre les pieds, car j'y entendais des voix qui m'appelaient. D'ailleurs maintenant que j'y pensais, je ne les avais pas entendues depuis un moment. C'était plutôt plaisant. Peut-être avaient-elles compris que je ne viendrai jamais.
Pendant que je me parlais à moi-même, je m'aperçus que Marin continuait de me parler.

- Pardon ! Tu disais ?

- Rien, des bêtises.

- Du genre ?

- Je te demandais si tu avais peur du loup ! Mais c'était idiot. Laisse tomber.

Je lui souris et nous finîmes le trajet ensemble. Aujourd'hui, il me semblait vraiment gentil et sa présence me paraissait même agréable même si nous nous contentâmes de marcher en silence. Mais le peu de fois où nos regards se croisèrent, je me sentais depuis longtemps à ma place. Je savais qu'à ce moment précis, j'étais là où je devais être. Et quel regard avait-il ! De magnifiques yeux couleur azur. Je me risquais de temps en temps à le regarder discrètement. Les deux premières fois, je n'avais pas vraiment eu le temps de le faire. Je m'étais à peine aperçu qu'il avait un magnifique sourire. Alors aujourd'hui que nous étions là simplement à marcher, j'en profitai.
Le soleil se reflétait sur ses cheveux blonds, et certaines mèches se révélaient être plus claires que les autres. Sa mâchoire était carrée et son menton bien dessiné. Il avait le nez fin et droit et sa peau ....



- Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai un bouton ou quoi ? Me demanda-t-il soudain.



- Euh...non. Pourquoi ?



- Tu n'arrêtes pas de me regarder depuis tout à l'heure.



- Qui moi ? Mais non. Je regardais juste les maisons qui se trouvent de ton côté, rien de plus. Que vas-tu imaginer !



- Ok ! J'ai rien dis.

Je m'en sortais de justesse et décidais de garder les yeux rivés droit devant durant tout le reste du trajet.
En arrivant au lycée, Méloé, Stella, Ryan m'attendaient devant les marches.

- Je vais te laisser, bonne journée !

- Marin ! Tu peux rester si tu veux, je vais te présenter mes amis.

- Je voudrais pas déranger.

Je lui désignai chacun de mes amis en lui donnant leurs noms. Il les salua et l'attente de la première sonnerie se passa de façon détendue et agréable. Marin se mêla bien au groupe et les filles semblaient l'apprécier.
Erwan finit par nous rejoindre. Il m'enlaça immédiatement et m'embrassa sans que j'ai eu le temps de réagir. Un sentiment de mal être se fit sentir en moi. J'étais gênée de la démonstration de ses sentiments devant nos amis, pourtant ce n'était pas la première fois.

- On y va dis-je

- Mais ça n’a ....

Stella fut coupée par la sonnerie.

- J'ai rien dit se rattrapa-t-elle.


***



Nous commencions par le cours de biologie, cours que je partageais avec Méloé et Stella, les garçons n'étant pas dans notre classe. Quand nous entrâmes dans la salle, elles se dirigèrent vers leurs partenaires respectifs me laissant seule. Je pris place à une des deux tables encore vides mais un garçon dont je ne me souvenais même plus du nom me signala gentiment que la table était prise. Je m'installai alors deux tables derrière. Visiblement, je serais seule pour les travaux pratiques. La prof arriva avec quelques minutes de retard et instaura immédiatement le silence dans la salle. Elle fut suivie d'un garçon, qu'elle nous présenta sous le nom de Lewën, un nouveau.



- Ravie de te recompter parmi nous Johanne.



- Merci.



- Lewën, tu prendras place à côté d'elle, vous serez partenaires pour le reste de l'année.



Il lui fit un signe de tête et traversa la salle avec une assurance incroyable pour quelqu'un qui venait d'arriver et qui ne connaissait personne. Il vint s'asseoir et le cours commença juste après.



- Salut lui dis-je doucement.



- Salut.



Le cours commença. Je fus partagée entre étudier mon voisin de table et écouter la prof. Je finis par l'observer en prêtant l'oreille à ce qui se disait. Il faut dire que Lewën semble plus intéressant que l' œil humain, cours du moment.
Assis, il me dépasse d'une tête. Ses cheveux courts dressés sur sa tête avec du gel, brun foncé et presque aussi noirs que ses yeux.
Son cou et le reste de son allure général est fin mais semble musclé quand même et ses épaules sont larges. Bref un corps parfait, presque trop quand on y ajoute un teint hâlé comme le sien.



- Johanna qu'en penses-tu ?



- Pardon ? Je ne ...je n'ai pas très bien compris le sens de votre question madame.



- Pas compris ou pas entendu du tout car trop absorbée par...disons autre chose ?



Je me sentis rougir atrocement sous l'effet de ses paroles et pris sur moi pour lui formuler ma réponse.



- Pas compris madame.



Elle me la reformula et heureusement pour moi, elle était très simple. Je dus après ça me concentrer sur ce qu'elle disait juste au cas où elle déciderait de m'interroger à nouveau.
Par moments je sentais le regard de Lewën sur moi mais j'avais bien trop honte pour lui faire face.




***


La journée fut longue, j'avais vraiment perdu l'habitude de passer mes journées entourée de tant de monde.
Quand la fin du dernier cours arriva enfin et que le professeur nous libéra, je rassemblai mes affaires dans mon sac, le mis sur mon épaule et sortis attendre les autres dans le couloir. Heureusement pour moi, Lewën ne fut pas installé près de moi à chaque cours.
Stella, Méloé et moi sortîmes attendre les garçons pour aller boire une boisson chaude au café d'Ania.
Je proposai à Marin de nous y accompagner mais après avoir jeté un œil à Erwan il déclina poliment mon invitation.


***


Nous nous installâmes à une table libre près de la vitrine.
Stella et Ryan d'un côté, Méloé au bout et Erwan et moi en face.

- Je suis vraiment ravie de vous retrouver tous ensemble. s'enthousiasma Ania en venant nous voir à notre table. Cappuccino pour tous ! C'est la maison qui offre !

Je suis contente d'être avec mes amis mais la proximité d'avec Erwan me met mal à l'aise. Je pense que j'ai besoin de reprendre mes habitudes avec lui, de me ressentir à ma place dans ses bras. Je sais et sens bien qu'il m'aime toujours autant mais à ce jour, je suis un peu perdue en ce qui concerne mes sentiments pour lui.

- Johanna ! Tu es avec nous ? Me demanda alors Stella.

- Désolée...je...j'étais perdue dans mes pensées.

- Pas grave.

Nous bûmes nos cafés et discutâmes un bon moment puis j'eus envie de rentrer chez moi et de me mettre au calme.

- Je peux te raccompagner ? Me demanda Erwan.

- Si tu veux, oui lui répondis-je avec un sourire.

- À demain les filles ! Salut Ryan.

- Bye me répondirent mes amis en chœur.


En sortant, Erwan me prit la main et nous marchâmes en direction de chez moi. Un silence pesant s'installa. Ce n'est qu'en arrivant devant mon portillon qu'il prit la parole.

- Jo !

- Oui ?

- Est-ce que quelque chose ne va pas ?

- Non mentis-je. Pourquoi me demandes-tu ça ?

- Je me tracasse peut-être pour rien...

- Erwan...qu’y a-t-il ?

- On peut aller s'asseoir ?

- Bien sûr.

Nous nous installâmes sur la balancelle de la terrasse de derrière. D'être face à la forêt ne me dérangea pas trop du fait qu'Erwan était avec moi, mais j'appréhendais que les voix reprennent.

- Jo, j'ai l'impression que quelque chose cloche entre nous depuis...enfin tu sais.

- Depuis que je suis revenue !

- Peut-être même un peu avant.

- Écoute Erwan, on ne s'est jamais mentis alors je vais pas commencer aujourd'hui, ni me servir de la perte de mon père comme excuse. Tout d'abord, je dois m'excuser de ne pas t'avoir appelé ou même répondu à tes appels durant ces derniers mois. Je voulais être seule, je n'étais plus moi.

- Ce n'est pas grave ça Jo, je peux comprendre, ce n'était pas une phase facile pour toi. Mais ce que je veux savoir, c'est où nous en sommes aujourd'hui.

- Pour être franche, je ne sais pas. Je vois bien que tu m'aimes et je ne veux surtout pas te faire de mal mais je suis incapable de te dire que rien n'a changé. Je t'apprécie toujours...

- M'apprécie...tu ne m'aimes plus ?

- Je ne sais pas, je ne me sens à ma place nulle part pour le moment. J'ai besoin de retrouver un équilibre avant de pouvoir m'investir dans une relation.

- C'est fini alors.

- Je n'peux pas te demander d'attendre dans l'espoir qu'un jour on reprenne notre relation où elle était. Ma vie a changé, j'ai changé.

- On reste amis pas vrai ?

- Bien sûr, j'adorerais ça. J'avais peur que ce ne soit trop te demander.

- Si on ne peut plus être ensemble, je ne veux pas pour autant que tu disparaisses de ma vie. On a été amis pendant des années avant de sortir ensemble l'année dernière. Je pense qu'on peut redevenir amis, il me faudra juste un peu de temps pour m'y habituer.

- Merci Erwan. Lui-dis en le prenant dans mes bras.

Il me serra un instant puis me salua et s'en alla. Je restai un moment assise seule sure la terrasse à me balancer.
Tout était calme, j'entendais uniquement le bruit du vent dans les branche. Le soleil commençant à se cacher, la fraîcheur retomba. Il allait sûrement encore neiger cette nuit. Je fis le tour de la maison pour passer par devant, la porte de la cuisine ne s'ouvrant que de l'intérieur.
En longeant la barrière qui nous séparait de nos voisin je vis Lewën. Il était debout et regardait droit vers les bois. Il dût s'apercevoir que je le fixais car il se tourna, me regarda et rentra dans la maison.






1 commentaire:

La Comtesse a dit…

J'aime beaucoup cette nouvelle fiction que tu écris, pleine de mystère avec ces voix...
Tu as un imaginaire débordant et on ne sait vraiment pas jusqu'où tu vas nous emporter cette fois encore.
Continue !