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10 mars 2012

Chapitre 2






Toute la ville était entourée par la forêt et étrangement, depuis ce midi je n'entendais plus une seule voix. Avaient-elles enfin compris? Je l'espérais mais n'osais y croire pour le moment.
Je continuai d'errer sans but au fil des rues m'arrêtant devant les vitrines de certaines boutiques que j'avais coutume de fréquenter avec mes amies. Stella, Méloé et moi adorions nous adonner à de grandes heures de shopping après les cours. Je regardai avec nostalgie l'une d'entre elles en particulier. Celle de « chez Dolores », là où mon père m'avait acheté ma robe pour fêter mes dix-sept ans. Le dernier anniversaire fêté en famille.
Je repris ma marche et m'arrêtai sur les marches de l'église Ste Marie. J'avais coutume d'y aller le dimanche écouter les chants ainsi que la Messe. Les portes étant ouvertes à cette heure, je pris garde de ne pas me mettre au milieu du chemin ce qui n'empêcha pas quelqu'un de me percuter de plein fouet.


- Pardon ! Je ne t'avais pas vue ! Tu vas-bien ? S'enquit une voix.
- Tu ne peux pas faire attention ! M'écriai -je furieuse en levant les yeux sur celui qui venait de littéralement me marcher dessus.
- Je me suis excusé ! Répliqua-t-il.
- Et tu crois vraiment que ça suffit ?
- Et bien je peux te conduire chez un médecin ou même à l'hôpital si tu as mal quelque part.
- Laisse tomber ! Dis-je sans décolérer.

Il allait partir mais à peine avait-il monté deux marches que la voix du Père Cyprien le stoppa net.


- Que se passe-t-il mes enfants ? Oh bonjour Marin, content que tu sois de retour.
- Bonjour mon Père. Je venais justement vous saluer mais je me suis pris les pieds dans...
- Désolée mon Père pour le bruit dis-je en me levant.
- Johanna, quel joie de te voir mon enfant.
- Merci mon Père.
- Vous avez donc fait connaissance ! nous lance le Père en nous regardant tour à tour.
- Pas vraiment dit Marin. Il n'y a jamais personne de ce côté des marches et j'étais si pressé de venir vous voir que je n'ai pas fait attention qu'elle était assise au coin et je l'ai percutée.
- Percutée ! m'exclamai -je hors de moi. Tu m'as marché dessus comme si j'étais un tapis de sol.
- Je me suis excusé.

Je soufflai bruyamment.

- Allons, allons, mes petits. Entrez donc prendre une tasse de thé avec moi et faites donc la paix.
- Merci mon Père le remercie aussitôt mon agresseur.
- C'est gentil Père Cyprien mais...je dois partir.
- Comme tu voudras mon enfant.

Je tournai les talons et descendis les quelques marches qui me séparaient du trottoir.

- Johanna m'interpella le Père.
- Oui ? Dis-je en lui faisant face d'en bas.
- Te verrons-nous à l'office de cette fin de semaine ?
- Je...je ne sais pas mon Père.
- Je comprends. Sache mon enfant que je suis là si tu as besoin de parler.
- Entendu, merci dis-je avant de partir. Le laissant seul avec le garçon.

Comment dire à cet homme d'église que depuis la mort de mon père, j'en voulais à ...enfin bref que ma croyance était mise à rude épreuve et que pour le moment je ne me sentais pas la force d'entrer me recueillir. Je continuai donc mon errance.
C'est le son des cloches qui me rappela l'heure. Il était seize heures. Les cours se terminaient, je décidai de suivre le conseil de ma mère et d'aller voir Stella et Méloé. Elles allaient être folles de joie, enfin je l'espérais. Pourvu qu'elles ne me tiennent pas trop rigueur de mon silence de ces derniers temps.
Je fus rassurée dès qu'elles me sautèrent au cou en me voyant assise comme je le faisais à mon habitude sur le capot de la voiture de Stella.

- Johanna ! cria Stella la première.
- J'en reviens pas me lance Méloé. C'est vraiment toi ?
- Oui, les filles, c'est vraiment moi ! Leur affirmai-je une fois qu'elles m'eurent lâchée.


Les filles s'éloignèrent et me regardèrent longuement. Elles me dévisageaient de la tête aux pieds comme si j'étais une bête curieuse.

- Qu’y a-t-il ?
- Tu sembles si ....Commença Méloé sans savoir comment finir sa phrase.
- Si... distante dit alors Stella.

J'étais surprise de leurs réactions et en même temps, je devais avouer que j'avais – même si j'étais contente de les voir – montré beaucoup moins d'enthousiasme qu'elles. Autrefois, même après une semaine sans se voir, nous nous sautions dans les bras, faisions les folles et criions, rigolions. J'avais effectivement, en y repensant, montré peu de joie.

- Mais non, les filles, c'est juste que tout ça me semble tellement étrange.
- T'es de retour parmi nous alors ?
- On dirait bien dis-je en tentant un sourire.
- Génial !

Les filles me conduisirent dans le parc de la Mairie, parc qui me sembla beaucoup plus grand que dans mes souvenirs, après plusieurs semaines sans y être venue. Comme nous en avions l'habitude, nous nous arrêtâmes prendre trois cafés à emporter et trois beignets au sucre au stand itinérant et nous baladâmes en suivant l'allée principale tout en parlant. Les filles eurent la délicatesse de ne pas me parler ni de mon père, ni même de moi. Stella et Méloé me racontèrent ce qu'elles avaient fait durant ces deux derniers mois. Stella avait rencontré son prince charmant, un garçon arrivé quelques jours après que j'ai quitté le lycée. Il avait visiblement été changé de bahut pour des raisons sportives. Il avait directement intégré notre équipe de football. Un sportif, grand, parfaitement musclé comme il fallait, de magnifiques yeux, un sourire à se damner. Gentil et intelligent, bref tellement parfait qu'il était difficile de le croire réel mais Méloé m'avait confirmé son existence même si elle émettait toutefois une réserve sur le grand nombre de ses soi-disant qualités. Elle affirma toutefois, qu'il avait bien un physique à en faire pâlir plus d'un et rendre pas mal de filles jalouses de Stella, ce qui n'était pas nouveau. Nous faisions partie Stella et moi des filles les plus convoitées. Méloé, plus timide et donc réservée que nous, avait du succès mais préférait se tenir à distance et mettait un point d'honneur à être studieuse plutôt que populaire.
Avant qu'on ne se sépare, les filles me demandèrent si je comptais revenir en cours le lendemain.

- Pas demain, mais bientôt. Leur dis-je. J'ai raté pas mal de cours, je devrais me remettre un peu dans le bain avant.
- On pourrait passer tous les soirs de cette semaine te faire bosser un peu.
- oui comme ça la semaine prochaine tu pourrais revenir.
- je ne sais pas trop...
- Oh allez !
- Dis oui Jo....
- Ok pour que vous veniez mais pour ce qui est de retourner en cours, on verra selon comment on bosse.
- On va être sérieuses me dit alors Méloé.
- Avec toi j'en doute pas me surpris-je moi même à plaisanter.
- Mais ...
- Elle a pas tort ! reprit Stella. Avec toi y a que le boulot qui compte.
- Oui, peut-être, mais n'empêche que tu serais bien contente toi aussi si on parvenait à la faire revenir dès lundi prochain. Je me trompe ?
- Non lui répondit Stella à contre cœur.

Je sentais déjà l'effet positif que les filles avaient sur moi. Leur bonheur était communicatif et je me surpris à plusieurs reprises à avoir envie de sourire et même de rire à leurs âneries mais il était encore bien trop tôt pour que j'y parvienne réellement, elles devraient être patientes et se contenter de quelques sourires timides.



                                                ***

Il était presque dix-huit heures quand je rentrai à la maison. Maman était déjà rentrée. Notre dispute de ce midi me revenait en tête et j'étais peinée d'avoir réagi de la sorte. Je savais que je n'avais pas été juste avec elle. J'ôtai mon surplus de vêtements, les accrochai à la patère puis rejoignis ma mère dans la cuisine d'où une délicieuse odeur d'herbes de Provence et poulet rôti se dégageait.

- Bonsoir dis-je en entrant.
- Ah te voilà, tu as passé une bonne journée ?
- Oui mais je ...je suis désolée pour ce midi. Je m'en veux de ce que je t'ai dit.
- C'est déjà oublié me dit-elle avec légèreté. Bon alors raconte-moi un peu ce que tu as fait de beau. Tu sais que j'ai croisé le Père Cyprien en rentrant. Il m'a dit t'avoir vue un court instant.
- Oui, je me suis promenée un peu en ville, j'ai regardé les vitrines et puis je me suis arrêtée un instant sur les marches de l'église histoire de regarder un peu ce qu’il se passait dans la rue mais un crétin m'a marché dessus.
- T'a marché dessus ?
- Oui, il est arrivé en courant, ne regardait pas où il allait et paf il a marché sur ma main et en m'entendant crier, il a bien failli me tomber dessus. Le ton est monté et le Père Cyprien est sorti, il nous a proposé de discuter calmement devant un thé mais...
- Que s'est-il passé ?
- Je devais aller chercher Stella et Méloé mentis-je.
- Je voulais dire que s'est-il vraiment passé Jo ?

Zut, elle avait une fois de plus deviné que je mentais. Mais comment faisait-elle ça ?

- Maman ?
- Oui chérie ?
- Tu crois qu'on peut perdre la foi ?
- Je ne sais pas Johanna, notre foi est parfois mise à rude épreuve mais c'est ce que tu penses au fond de toi qui te guide.
- Je crois...pour le moment je ne me sens pas prête à retourner voir le Père Cyprien.
- Ce n'est pas grave mon ange, je pense qu'il comprendra et quand tu seras prête, le Père Cyprien t'accueillera sûrement les bras grands ouverts.
- Je l'espère...dis-je pensive.

Je mis la table et nous dînâmes tout comme la veille devant les informations. Ensuite, nous nous installâmes sur le sofa avec un chocolat chaud aux guimauves et discutâmes.

- Ça te dérange, si les filles viennent travailler à la maison après les cours ?
- Non, bien sûr que non chérie, ça va mettre un peu d'ambiance dans cette maison qui en a bien besoin.
- Elles se sont mis dans la tête que je reprendrai les cours lundi prochain.
- C'est une bonne nouvelle !
- Je leur ai répondu que je le ferais si j'ai rattrapé mon retard. J'ai toujours été bonne élève, il est hors de question que je rame pour suivre les autres.
- Je comprends. Le principal c'est que tu ais de nouveau un but. Vas-tu reprendre ton poste de capitaine de l'équipe de gymnastique aussi ?
- Je n'en sais rien encore. Il a dû être donné à Jeanna, mais je peux peut-être reprendre ma place dans l'équipe tout simplement.
- Elle t'a peut-être remplacée durant ton absence, mais je suis certaine que le coach Martines te redonnera ton poste.
- Nous verrons bien, c'est pas le plus important. Il fera au mieux pour le groupe.

Ma mère ma raconta aussi sa journée puis nous montâmes nous coucher.
Une fois dans ma chambre, je me remémorai ma journée. Je me revis devant l'église du Père Cyprien incapable d'y entrer. Et ma rencontre avec cet idiot. Pour finir je revis la joie de mes amies lors de nos retrouvailles, je me surpris même à en sourire toute seule sur mon lit. Je crois que j'étais vraiment heureuse de les retrouver même si je ne l'avais pas montré avec autant d'enthousiasme qu'elles.




1 commentaire:

Sandrine a dit…

salut alors là génial. qui peut bien être ce garçon? allons nous le revoir? vivement la suite.